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Hormis le fait que nous sommes peut être les seuls en Europe à commémorer le passage d’un dictateur, il faut bien avouer que l’organisation de cette fête « Renaissance » à Villeneuve-Loubet est une belle réussite. Nous sommes très loin de l’incompétence des organisateurs du « Grasse Médiéval ».
Farandola Nissarda
A Villeneuve-Loubet, on a compris que pendant la canicule estivale, il était préférable de commencer les festivités à partir de 18h. Le public fut au RDV (infos & affiches bien relayées) et la commémoration historique a été superbe et magnifique. Bravo à la municipalité et à son association « Villeneuve Renaissance ». Nous pouvons donc commencer à faire le rappel historique des faits…
Le grand Empereur Charles Quint à Nice qui est alors une "Ville Sainte" puisqu'elle possede le linceul du Christ (le Saint Suaire)
Le Congrès de Nice en juin 1538* avait rétabli la paix entre François 1er et Charles-Quint, grâce à la médiation du pape Paul III. Le premier consent à s'engager contre les Turcs moyennant le Milanais que le second feint de vouloir céder. Or, en octobre 1540, l'empereur investit son fils Philippe de Lombardie (Philippe II roi d'Espagne de Sicile et de Naples). Ce congrés s’appela exactement « la trêve de Nice ». Mais il fut rompu par François 1er ! Tout commença ainsi...
La cour de Charles Quint par l'association Cadanza Renaissance Belgique
François Ier, avec une escorte de 1600 chevaux et 6 000 fantassins, demeure au château de Villeneuve-Loubet tandis que L’Empereur Charles-Quint s'installe à Villefranche sur Mer (villafranca) sur une galère. A tour de rôle, les souverains se rendent auprès du Pape et signent, enfin, la trêve de Nice, prometteuse de paix.
Gruppo Sbandieratori “Torre dei Germani” Busnago entre Milan et Bergame prés de Monza en Lombardie
Mais, François 1er** le parjure, renoue son alliance avec Soliman II qui s'empare de la Hongrie en 1542 et envoie une flotte de 110 galères à Marseille où elles relâchent à la mi-juillet 1543. François de Bourbon, qui commande l'armée française, l'accueille avec tous les honneurs.
Comtesse d'Oneglia Casa di Savoia
Donc, dés 1543, les hostilités reprennent. Allié au sultan turc, Soliman le Magnifique, François Ier (20 000 hommes) décide d'attaquer la place forte de Nice qui se trouve assiégée, les uns par terre, les autres par mer, Français et Turcs prennent la direction de Nice où depuis deux mois on renforce fortifications et garnisons car on sentait le vent venir.
Dès le 16 juin, les troupes françaises, s'approchent du Var (le fleuve). Le 5 août, la flotte turque, composée de plus de trois cents galères, occupant la baie des Anges, s'empare de Villefranche. Pendant ce temps, les Turcs, attendant l'arrivée du gros de l'armée française, débarquent des soldats, établissent des batteries sur les collines, pillent les fermes isolées.
Piéce de theatre à la Renaissance
Le siège commence avec des bombardements sévères et des assauts, mais la ville résiste bien. Le 15 août, au matin, cent vingt galères turques et françaises, sortant de Villefranche, viennent bombarder Nice, tandis que les batteries françaises accentuent leurs tirs. Les Franco-Turcs se lancent à l'assaut des murailles que toute la population, hommes et femmes, essaie de défendre. On repousse une première attaque. Bientôt, une autre est lancée. Niçois, Savoyards et Piémontais qui, un instant faiblissent puis, se reprenant, réussissent à repousser, une fois de plus, les assaillants.
Charles Quint élu Empereur du Saint-Empire romain germanique, au grand dam de François 1er, qui en convoitait le titre.
C'est alors que se distingue Catherine Ségurane, une intrépide fille du peuple. Elle aurait abattu un enseigne turc alors que celui-ci s'employait à planter l'étendard du Croissant au sommet du bastion Sincaire. Un nouvel assaut n'eut pas plus de succès. Du 16 au 21, pendant que des détachements turcs et français font des razzias, des viols et des crimes dans l'arrière-pays et que les assiégés se démènent pour réparer les remparts, les tirs reprennent.
Bling Bling et la Reine Eleonore de Habsbourg
Tandis que les Franco-Turcs préparent l'assaut final, les canons bombardent violemment la forteresse. L'arrivée des troupes de Charles-Quint est annoncée. Les renforts du Piémont arrivent le 9 septembre, les Franco-Turcs abandonnent Nice après un pillage en règle. L'armée Franco Turque est battue, les nissarts héroïques délivreront tous le comté de l'envahisseur Français.
C’est une lavandière Catherine Ségurane qui galvanise les défenseurs niçois par sa bravoure, assommant des assaillants à coups de battoir. Elle était grande, forte, portait une longue chevelure d'un noir corbeau. Par sa présence et ses cris de furie elle rallia les fuyards. Armée d'un battoir, elle s'élança vers le parapet le plus proche. Là, elle attaqua un enseigne turc, s'empara de son étendard.
Le Pape Paul III
De voir le drapeau orné du croissant de l'Islam aux mains de l'ennemi freina l'offensive ottomane. Le combat s'équilibrait. Au plus fort de la bataille, elle se jucha sur un merlon de créneau, baissa son pantalon et montra aux assaillants la partie la plus charnue de son anatomie, suprême humiliation pour des musulmans, montré ses arrières ! Ils prirent peur et s'enfuirent. Leur échec incita Barberousse, à lever l'ancre. Les morts étaient innombrables, tout était dévasté, mais la ville était sauvée.
Anne Lascaris de Tende (2e en partant de la droite)
Catarina Ségurana n'apparaît dans la littérature locale qu'une trentaine d'années plus tard. Au début du XVIIème siècle un petit monument avec buste est élevé à une héroïne anonyme du siège. La légende s'en empare: description physique, généalogie, prouesses variées et parfois savoureuses !
Issue du culte de l'idéal féminin exalté par l'épopée de Jeanne d'Arc et l'art courtois du XVème siècle, Catarina Ségurana reste le symbole émouvant du courage des Niçoises lors de ce siège dramatique et barbare, comme celui de la "Jeanne Hachette" (1592), de Suzanne de Villeneuve au château de Mouans la même année, voire de Mère-Royaume et sa marmite à Genève (1602) procèdent du même esprit.
Catarina Ségurana a été célébrée dans toutes les formes de l'art. Divers genres littéraires (poèmes, épopées, romans, théâtre dramatique et lyrique) l'ont chantée, de nombreux tableaux et jusqu'à l'ancien rideau de l'Opéra, lui ont été dédiés de même que des morceaux de musique, une imagerie populaire abondante et plusieurs moments dont le dernier en date (1923) en rassemble la population chaque 25 novembre, maire et édiles en tête, musiques et groupes folkloriques se produisant.
A travers Catarina Ségurana, Nice salue le courage légendaire de ses femmes (Catarina Ribauda, Anita Garibaldi, Agathe Sasserno, Ana Maria Lanteri, Eugenie Sampo, Alba Astegiani, Maria Cristini) ce n'est pas si courant en France ! Le siège de Nice est le symbole de la lutte pour la liberté et la démocratie, contre la dictature et la barbarie.
Vous avez vu le regard de la Reine ! François 1er a du souci je crois.
L'obstination des assiégés, et le courage héroïque de cette niçoise légendaire portant haut et fort les couleurs de la Liberté, du patriotisme et de tout ce qui est cher au caractère du pays Niçois en fait un symbole de résistance désespérée…. Une lavandière qui a battu les armées Françaises de François 1er et celle de Soliman le Magnifique qui terrorisaient toute l’Europe.
*Le Saint-Suaire, autrement dit le linceul du Christ: La relique restera six ans dans la ville de Nice de 1536 jusqu’en 1543. Nice est alors ville Sainte. De nos jours le Linceul du Christ se trouve à Turin.
**Après les défaites des années précédentes, les rêves italiens de François 1er sont compromis. Le 24 février 1525, Francois 1er est fait prisonnier en tentant d'assiéger Pavie, au sud de Milan. François 1er reste plus d'un an prisonnier de Charles Quint. Pour le prix de sa liberté, il devra se résoudre à signer le traité de Madrid. Mais sitôt libéré, il renie le traité et reprend la lutte contre Charles Quint, n'hésitant pas à s'allier avec les protestants allemands, les Turcs et le corsaire Barberousse. Ce roi que les Français continuent encore d’honorer aujourd’hui était un véritable despote.
DIAPORAMA DE LA SOIREE