Rappelez vous le passage d'Alan Quatermain et les mines du roi Salomon ..et bien, c'est la meme chose !
Avant de continuer notre balade, je vous rappelle un peu l’historique de l’article précédent et de la première partie de la randonnée. Nous arrivons enfin dans le secteur de la chambre du roi, étroit goulet protecteur, son jardin secret et son banc de pierre.
Le passage est impressionnant, il faut vraiment voir cela physiquement.. Regardez Yvette comme elle est toute petite.
Un roi ? non, selon la légende, plutôt un grand seigneur. C’était du temps où les Sarrasins écumaient la Basse-Provence et le Pays de Nice. Un jour, un seigneur chrétien, accompagné de sa douce princesse et de quelques vassaux, poursuivi par une horde d’infidèles, demanda asile au seigneur de Sigummana, Hermérincus.
Il se vit octroyer une grotte à l’entrée d’un cirque rocheux naturel, dont l’étroit passage permet, au moyen de branches et de roches, de le dissimuler aux envahisseurs. Nos hôtes vécurent ainsi quelques temps, avant qu’un traître ne vînt dévoiler la cachette à quelque émissaire hérétique.
Si vous étes claustrophobe, ne passer pas par ici !
Le lendemain, les infidèles découvrirent le royal repaire et mirent à mort le prince, sa tendre compagne et toute leur Cour. Ils n’eurent que le temps d’achever leur forfait, qu’ils s’éparpillèrent dans Sigummana, pour y pourfendre les malheureux habitants. C’est alors que la peste se déclara dans les rangs des Sarrasins; ceux d’entre eux qui n’étaient pas encore atteints se seraient enfuis avant de mettre leur projet à exécution.
Notre randonnée a demarré tout en bas
C’est par les nuits de pleine lune que l’âme du serviteur félon vient, par punition de Dieu, errer dans les ruines et les rochers de la montagne, jetant aux échos de lourds sanglots de repentir et de remords. L’étrange vision lumineuse disparaît au lever du jour.
Dans le rocher, le visage du roi
Autour de la chambre du Roi, ce ne sont que blocs de grès très hauts, qui se penchent les uns contre les autres, formant des arches ou des failles comblées de petits blocs rocheux. On se demande comment ils se maintiennent. Les assemblages hasardeux rivalisent entre eux. Impressionnant !
De quoi avoir le vertige ! Attention si la testa vous tourne...la chute sera de plus de 350m
A la formation des Alpes, l’ensemble a été fracturé et déformé ce qui lui donne cet aspect pittoresque. En continuant le chemin on arrive au balcon du roi qui serait l’endroit ou on aurait précipité le seigneur avec sa dulcinée. Immédiatement dans la falaise apparait comme par magie la tête sculptée du roi, un peu comme les têtes des 4 présidents américains au Mont Rushmore. Sauf qu’ici, celle ci a été réalisé par mère nature.
Comme au Mont Rushmore avec les tétes des présidents americains, sauf qu'ici, c'est naturel !
Nous apercevons des voies d’escalade sur ces rochers. Si certaines semblent assez accessibles, d’autres présentent des inclinaisons impressionnants... Pas étonnant que ce site soit un lieu réputé pour la grimpette. Nous atteignons une faille horizontale qui offre un abri troglodyte.
Un passage aérien et vertigineux
Le sentier se poursuit par plusieurs passages dans des roches délitées dans des combes. Puis, le sentier s’élève en forêt et on se trouve rapidement dans une ambiance très particulière du style foret de Broceliande, sauf qu’ici encore une fois, nous sommes dans la réalité.
Habitation troglodityque photo du haut
Au milieu de gros blocs de grès qui émergent ça et là, spectaculaire chaos, parfois aux formes étranges, façonnés par l’érosion, parmi des châtaigniers centenaires, l’imagination devient fertile. Les arbres mort deviennent des animaux de la foret: sangliers, squelette de dinosaure, personnages de dessins animés de notre enfance.
50 nuances de grés sous la falaise
Ce magnifique circuit à l’ombre des châtaigniers entre d’imposantes parois de grès lisses, et des couloirs étroits où le soleil pénètre discrètement est vraiment enchanteur. Nous passons de nouveau un passage vertigineux. Le sentier est très bon mais à vue d’œil le vide avoisine les 100 mètres d’à-pic avec une superbe vue sur les vallées avoisinantes, mais qui peut être impressionnante. Vigilance donc.
Je m'engage sur ce promontoire, résultat lui aussi de l’érosion des blocs de grès. et c'est sans encombre que j' atteint le bout de la vire qui débouche sur le déversoir du torrent magnifique. Nous atteignons ce que l’on nomme la dalle de bèire. Une immense formation rocheuse plate mais en pente. L’ascension est un peu raide, mais la récompense est à la hauteur de la peine.
Un panorama majestueux, le site de la dalle de la Beïte
Ces formations gréseuses turbiditiques, de plus de 1000 mètres d'épaisseur, sont déposées avant la translation du bloc corso-sarde. Vers le milieu de l'Oligocène, les Alpes se forment entraînant l'apparition de la Méditerranée. Les roches se retrouvent à 1000 mètres d'altitude et vont se plisser un peu.
Le baiser du roi au passage par les portettes
À la fin de la dernière glaciation, la falaise, fragilisée par la fonte des glaces, libère de gros blocs qui vont glisser sur les marnes. Au fil du temps, la forêt s'installe et stabilise les blocs de grès qui n'ont plus bougé depuis des millénaires.
Dans cette dernière montée, on débouche si l’on peut dire, face aux Portettes, c’est à dire deux blocs aériens de grès qui se joignent dans un baiser minéral plus que langoureux. Selon l’heure à laquelle on y accède, par les rais de lumière couleur or dans l’ouverture qui contrastent avec la teinte grise mêlée de beige de la roche laissée dans l’ombre, les photos seront bien différentes.
Comme j'aimerai encore faire cela...à la force des bras !
Après ce passage marquant dans lequel les voix résonnent comme dans une église, nous descendons sur un sentier un peu glissant et fort pentu dans une forêt de châtaigniers. C’est le sentier signalé en rouge sur le plan de la randonnée. Il nous faudra trois heures de descente périlleuse pour rejoindre le village d’Annot.
L'eau ruisselle de la roche, derriere celle-ci, une source !
Nous arrivons par le chemin de croix ou les pèlerins se rendaient à la chapelle de Notre Dame de Vers la Ville pour se retrouver au quartier de Sardaigne. Ici, l’histoire rejoint le Comté de Nice et le Royaume de Piémont Sardaigne. Ce petit quartier encore bien rural fut habité de 1860 à la guerre de 1914 par des familles de réfugiés sardes, lors du rattachement du Comté de Nice à la France.
Il y avait un dessin animé avec un arbre qui parlait. Je ne me souviens plus si c'etait chez Disney ?
Les vétérans de la guerre de 1870 allaient prendre le dernier soleil en hiver à « à la Sardegno », devant la tuilière. De partout dans notre région alpine l’histoire de ce que fut la « Maison de Savoie » est présente et personne ne pourra nous l’enlever. C’est l’histoire de nos ancêtres. C'est l'histoire de notre pays....
Chapelle Notre Dame de Vers-la-Ville en arrivant à Annot au bout du chemin de randonnée
Nous rejoignons la petite gare du train des Pignes qui arrive de Nice à ce moment là pour aller sur Digne les Bains son terminus. Nous faisons le chemin inverse pour rejoindre la capitale de la Cote d’Azur…
Ferme troglodityque dans le rocher
DIAPORAMA DE LA BALADE
