C'est parti pour une rando caillouteuse (départ de la source de la Sainte Baume)

C’est une balade bucolique et sans doute l'une des plus belles que l'on peut faire en Méditerranée occidentale. Le Massif de l'Esterel est à cheval sur deux départements. Celui du Var et celui des Alpes Maritimes. Il est la frontière naturelle qui séparait autrefois la Gaule de la Ligurie. Paradis de roc et de verdure, le massif dore ses cimes au soleil, les pieds plongés dans la Méditerranée. Ce bastion de porphyre des temps jadis flamboie d’une lumineuse couleur rouge-orangé, teintée ici ou là de vert, de bleu, de violet. Des rochers rouges qui tombent dans le bleu turquoise de la mer Méditerranée. Le panorama est un véritable festival pour les yeux. On y découvre un paysage sublime comparable aux grands parcs nationaux de l’ouest américain sans les indiens.

Nous sommes au mois de janvier et à l'ubac, il fait un peu froid...

C’est de cet endroit que la Corse se détacha du continent. Le Massif s'étend sur 320 km/2 dont 130 km/2 sont protégés. De nombreux sentiers de randonnées permettent de faire de multiples balades pour les amateurs avertis…

Le massif de l'Esterel 320km2 et une centaine de km de randonnée sauvage

La région est exceptionnelle, avec une diversité de paysages hors du commun (mer, montagnes, lacs, canyons, rivières, iles, sommets majestueux, faune et flore abondante, climat polaire ou subtropical, elle est à l’image de la variété d’un mini continent) on peut marcher en toutes saisons et on ne se lasse jamais de la voir toujours sous une nouvelle facette.

L'Esterel, c'est l'Arizona de la Cote d'Azur

Donjons de roches rouges ponctué d'une végétation au vert très soutenu, le Massif de l'Esterel plonge dans le bleu turquoise de la Marenostrum la mer des grandes civilisations et s'y reflète dans une féerie de couleurs.

Mais avec la mer en plus .....

Le massif demeure encore très sauvage et seuls les randonneurs peuvent y pénétrer (véhicule à moteur interdit) de 6h à 21h. Jadis, il était encore plus impénétrable, seuls les forestiers et les bandits y trouvaient leur bonheur. C'est au cœur de ces rochers que le célèbre Gaspard de Besse trouvait refuge et terrain d'activité en compagnie de ses hommes de main.

Le matin on arrive avec le soleil qui se lève à l'est (en face de nous Ajaccio... et aussi Rome qui est à 800 km par la route)

Trahi, le Robin des Bois provençal fut capturé et exécuté en 1781 à l'âge de 24 ans. De nombreuses grottes et cachettes portent ses traces dans le massif. Le massif est veiné d'une myriade de sentiers et de pistes qui offrent des kilomètres et des kilomètres de balade dans une nature sauvage mais extrêmement fragile (fermé en été pour risque d'incendie).

On continue de monter la sente qui est trés rocailleuse à travers le maquis

Le point culminant du massif est le Mont Vinaigre (alt. 614m). Mais d'autres sommets sont plus remarquables pour leur point de vue et leur morphologie comme le pic du Cap Roux que nous franchissons dans cet article, ou encore celui des Suvières, du Pic de l'Ours et le Rastel d’Agay si cher à Saint-Exupéry.

On approche du rocher de Saint Barthélémy 

Ici, trois couleurs dominent: le rouge des roches, le vert profond de la végétation et le bleu du ciel et de la mer. Le massif recèle nombre de curiosités comme la Grotte de la Sainte Baume ou vécut Saint Honorât en ermite. L'effet des couleurs est tout aussi spectaculaire que celle que vous pouvez voir aux états unis dans des parcs comme Monument Valley, Bryce canyon ou le Grand Canyon.

L'ocre, le vert , le bleu pour un mois de Janvier magnifique

Les magmas acides ont donné des laves riches en gaz et très fluides: ce sont les rhyolites amarantes d’origine volcanique datant de 250 millions d’années qui ont donné cette couleur rouge si caractéristique de l’Esterel. Avec les mouvements tectoniques et l’érosion, il ne reste que des ruines de ce volcanisme: cheminées, culots et coulées dégagées par l’érosion au fil du temps.

Le rocher du guetteur 

Seules les roches les plus résistantes sont visibles. La randonnée du Pic du Cap Roux dans les rochers rouges de l'Esterel avec en toile de fond le bleu de la mer est le mariage réussi de la montagne et de la mer...

A partir du parking de la Sainte Baume, compter 2 h 40 environ pour parcourir la distance de 5,5 km (11km A.R) avec un dénivelé de 450 mètres (compter de nombreux arrêts contemplation si l'on est sensible à la beauté de la nature).

sur le promontoire de Saint Barthélemy à couper le souffle

Comme toujours en randonnée, un départ en matinée est souhaitable, justifié encore ici par l'exposition des pentes plein est (lumière solaire sur le site provenant de la mer). Il est souhaitable d'avoir de bonnes chaussures de randonnée à semelle épaisse. Réservée aux sportifs (certains s’entrainent ici pour l’Iron Man) habitués à la randonnée en moyenne altitude, ce site reste exceptionnel.

Le sentier se dirige au sud-ouest vers le Col du Saint-Pilon, un second tourne à 180° et se dirige vers le Col du Cap Roux dominé par la belle tour rocheuse du Pilon. Il faut prendre le sentier du Col du Cap Roux et vers l’est arriver sous le Pic du Cap Roux.

Le panorama est tout simplement ahurissant .... les rochers du bas sont des monolithes de plus de 100m de hauteur

Une sente monte au sommet occupé par une table d’orientation qui vous fera découvrir les merveilles de la Cote d’Azur du plus haut sommet des Alpes Maritimes à 3200m aux iles de Lerins et à la Baie des Anges. Cette partie de la montée s’effectue sur un terrain aride, le long d’amas de roche rouge. Seuls quelques arbustes subsistent et supportent les fortes chaleurs de l’été.

On aperçoit le Dramont, l'endroit ou il y a eu le débarquement de Provence

Le dénivelé se ferait sans trop de mal si le sentier ne serait pas si caillouteux et inégal. Il est chahuté par des pierres et des racines en travers...  Plus on se rapproche du col du Cap Roux, plus le paysage se dégage sur l’ensemble des sommets de l’Esterel. L’arrivée au col est un point fort.

On ne s'en lasse pas...

De là, vous aurez un premier aperçu sur le bleu de la mer qui contraste avec la couleur de la roche. Le Pilon apporte également un intérêt particulier à l’endroit. Nous poursuivons ensuite en direction du Cap Roux et nous franchissons les 100 derniers mètres de dénivelé pour arriver au sommet.

La lumière de Janvier n'est pas négligeable !

Au dessus, une table d’orientation indique tous les sommets qui nous entourent. Ils s’étendent du massif de l’Esterel aux plus hautes montagnes des Alpes du Sud. En direction de la mer, vous pourrez apprécier le paysage qui s’étend de la côte varoise jusqu’à la côte d’Azur des Alpes Maritimes, et par jour de Mistral, vous aurez une chance de deviner les sommets des montagnes Corses. 

Au bord de la falaise un endroit spectaculaire.... (pour venir ici vous devez faire 490m de dénivelé dans la pierre)

En chemin, je remarque un gros rocher, c'est un affleurement de rhyolite ignimbritique. Cette roche est une lave très riche en gaz qui s'est épanchée très rapidement à la manière d'une bouteille de Champagne. L'importance de cette rhyolite est considérable dans le massif de l'Esterel.

En bas le village d'Agay: Le grand pilote et écrivain Antoine de Saint Exupéry est resté avec sa sœur Gabrielle d'Agay au château d'Agay. Il s'y est marié en 1932 avec Consuelo Suncin

On observe une roche lie de vin contenant des cristaux roses craquelés de sanidine à éclat nacré et des cristaux gris pouvant être hexagonaux à éclat gras de quartz. On observe en outre des fragments de cette même roche à contours plus ou moins anguleux au sein de la coulée: ce sont des morceaux de lave déjà partiellement figés qui ont été pris dans la coulée.

C'est repartit pour le pic du cap Roux et toujours la rocaille, Célia en mode trekking... et bien sur, je commence à lui dire « chi va piano va sano e va lontano » 

C'est un panorama à couper le souffle, verticalité et puissance minérale. Encore un petit effort et j'arrive au sommet. Le panorama est largement à la hauteur de l'effort. La montagne Sainte Victoire, le massif des Maures, le Mercantour, les îles de Lérins, la Côte d'Azur jusque l'Italie, c'est à couper le souffle, mais je me répète !

Sur ce belvédère on est face à Cannes et les iles de Lèrins (le masque de fer)

Sur la droite le rocher Cabrier et celui de Saint Barthelemy se dresse en pics acérés, pareils à des lances qui éperonnent le ciel. J'admire les rochers que l’érosion capricieuse de l’eau et de l’air, retaille depuis des millénaires.

Le pic du cap Roux et en face de nous, le pic de l'Ours

Je suis perché sur un des plus beaux promontoires de la Côte. Sans doute une des plus belles randonnées qu'il soit donné de faire dans ce superbe massif, incroyablement coloré, et proche de la mer.

Panorama sur la Corniche d'or, le cap d'Antibes et au loin Nice et le Mercantour enneigé 

Le pique nique sur la Pointe de l'Observatoire est très joyeux. Est-ce ce mois de Janvier si doux ou l’apéro ? Au-dessus de nous, se déroule l’azur du ciel. En contrebas, se déploie l’outremer de l’eau. Entre les deux, c’est un mélange de rouge et de vert. Les teintes des rochers sont hallucinantes. Elles vont du rouge brique, à la rouille, en passant par le rose et l’ocre.

Au pied de la falaise du cap Roux (j'ai bien sur donné les consignes de sécurité, ce qu'il faut faire et ne pas faire)

Elles contrastent avec les verts des végétaux pour une parfaite harmonie des couleurs. Le pic du Cap-Roux est le vestige du volcan qui émit les coulées de porphyre rouge et qui donne cette couleur particulière au massif, une terre creusée de profonds ravins, des falaises qui dressent leurs murailles dans les nuages, des rochers qui bravent le mistral.

Avec un parapente on se retrouverait en 3mn dans les calanques ci dessous..

Le rocher Saint-Barthélemy réserve un final assez vertigineux. Le retour se fait par le même sentier. Cette randonnée vous fait découvrir un panorama unique sur le littoral et sur le village côtier d’Agay, la, ou Antoine de Saint Exupery épouse le 23 Avril 1931 dans l’église d’Agay Consuelo Suncin, après s’être marié à la mairie de Nice. L'Esterel, un endroit mythique, une région sans égal…..

3mn je vous l'avais dit !

Arche naturelle dans la calanque de Maupas...

                                                                DIAPORAMA CAP ROUX

La cascade de Sillans

Sillans est une « pitchin » commune provençale située dans le Haut Var, à 80 kilomètres de Grasse en passant par Draguignan la sous-préfecture du département du Var. La ville se nomme ainsi à la suite d’une légende concernant un dragon qui à l’époque infestait les lieux de sa terreur.

La légende commence à partir des iles de Lérins dans l’archipel cannois. Honorât et sa soeur Marguerite débarquent sur l’île de Lérins. Car oui, à cette époque, il n’y en avait qu’une seule !

Une chute d'eau de 44m

Sur ce bout de terre réside un dragon. Les deux futurs saints joignent leurs forces, se battent et réussissent à vaincre le monstre. Ce dernier, de colère, tape l’île avec sa queue avant de s’envoler. L’île est alors divisée en deux.

Le dragon est tout de même mortellement blessé et va mourir dans les collines de l’arrière pays, sur le lieu de la cité aujourd’hui dénommée Draguignan. Voila pour la légende ! En attendant, je pars avec mon Harley Davidson, une légende bien réelle cette fois ci pour redécouvrir les cascades de Sillans, dont l’une d’entre elle fait 44 mètres de haut.

Il fut une époque ou le lieu n’était pas trop fréquenté, car le Parc Naturel régional du Verdon et le lac de Sainte Croix se trouve tout proche et les touristes partaient toujours dans cette direction plus renommée. De nos jours, le bouche à oreille a fonctionné à plein temps et en été, c’est devenu moins calme.

Le cadre est somptueux, la cascade impressionnante et la couleur de l'eau à ses pieds, envoûtante. C’est un des lieux incontournables du Haut Var si vous êtes de passage dans le sud est de la France. Il s’agit des plus hautes chutes du Var (le département et pas le fleuve) !

Une végétation luxuriante 

Pour les plus curieux, c’est la rivière de la Bresque qui se jette des falaises, et cette beauté de la nature fait à présent partie des sites protégés. Sillans ne s'offre pas au premier venu. Il faut connaître les lieux pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Le site est assez avare en indications et seuls les initiés ou les plus fouineurs sauront en découvrir tous ses secrets.

Dans un lagon presque tropical !

C'est un beau voyage à l'autre bout du monde que le lieu nous propose avec sa végétation digne d'une forêt tropicale et ses airs de paradis perdu. Un véritable joyau qu'il faut savoir appréhender pour ne pas passer à côté.

Une fois sur place, deux possibilités s’offrent à nous pour admirer la chute à seulement quelques mètres grâce à un belvédère aménagé assez récemment, ou alors descendre le long de la rivière par un chemin à pied, à la sortie du village. Par contre à l’époque ou j’étais venu pour la première fois, les parkings étaient gratuits pour les voitures.

Riviere la Bresque

Maintenant on paye (pour la moto, pas de problème). Comme ce doit être la seule possibilité de faire rentrer un peu d’argent dans les caisses de la commune, la municipalité n’a pas du hésiter à prendre quelques royalties, car le village en lui même présente peu d’intérêt !

Partout le long de la rivière on trouvera des vasques

Bon, le belvédère est tout proche, mais la toute petite randonnée par le sentier ne vous prendra que 20mn, un peu plus si vous décidez d’aller à la seconde cascade évidemment moins connu et moins fréquenté que la première. En suivant le sentier qui longe la rivière pendant une vingtaine de minutes et après deux passages un peu plus abruptes, on accéde à un extraordinaire sanctuaire.

et de petites chutes d'eau

Là, au cœur d'une jungle immaculée, trône fièrement une cascade d'une douzaine de mètres au dessus d'un somptueux bassin. Au mois de Février il y a « degun » comme on dit chez nous…. c’est à dire personne ! Attention tout de même, car pour la seconde cascade, vous allez passer par une propriété qui est en principe privée.

Bien que ce ne soit pas une sortie très sportive, il y aura néanmoins quelques endroits pentu à monter puis à descendre. C’est un sentier calme, au milieu des champs et des arbres centenaires qui longe la rivière. D’énormes racines de troncs d’arbres noyée dans ces petites gorges sauvages couleur émeraude, donnent l’envie de pousser la promenade à aller toujours plus loin !

C’est à ce moment là que l’on entend un bruit d’eau qui tombe en cascade. Cette cascade est peut être encore plus belle que la première bien que beaucoup moins haute. Le lagon qui s’en échappe créent un décor magique. La encore, c’est un endroit qui se visite hors période estivale. Même si nous sommes dans le haut Var, le mois de Février,  n’est pas la Sibérie du grand nord hexagonal.

Voici la seconde chute de 12m

Au mois de juillet et au mois d’août, ce n’est pas forcément agréable aussi, car il y aura beaucoup de monde, puis il y fait très chaud. Le top bien sur, c’est les mois de mai, juin (pour la flore), septembre et octobre ou l’on peut se baigner plus tranquillement. Puis, on arrive mieux à s’imprégner des lieux et à en profiter !

La aussi la grande vasque est tres belle..

Bref, les fans d'Indiana Jones, d’Allan Quatermain et autres Lara Croft devraient trouver ici un décor digne des plus grandes aventures de leurs héros favoris. Les mots pouvant difficilement exprimer la beauté des lieux, je vous laisse jeter un œil à mes différentes photos qui illustrent mon article !

Une dernière petite légende sur le lieu. Je sais que vous en êtes friand ! On prétendait selon une légende (j’aime beaucoup les légendes), qu’un trésor serait caché. Des résistants auraient envoyés au fond de l’eau des objets précieux pendant la guerre pour que les allemands ne puissent pas faire main basse sur ce trésor.

On est dans une véritable jungle naturelle

Des plongeurs ont néanmoins essayé d’atteindre le fond sans grand succès, puisque celui-ci serait recouvert de nombreuses branches d’arbres tombés de la falaise et qu’il serait impossible de dégager. Etant un amoureux de la nature et de la montagne en particulier, je ne terminerai pas mon article sans vous faire un petit avertissement bien compréhensible.

Les lieux les plus enchanteurs sont souvent les plus vulnérables. L'affluence du tourisme pouvant fragiliser encore plus les lieux, veillez à en prendre soin et à ne laisser aucune trace de votre passage. Évitez de faire du bruit pour protéger la faune locale, ne cueillez pas les plantes (bien qu’elle soit inexistante en hiver), restez sur les sentiers balisés et surtout, ramenez vos poubelles avec vous et ne jetez pas vos mégots de cigarettes.

On est pas dans un parc d'attraction, mais dans de l'authentique ...

Soyez vigilants et attentifs à tous ces petits gestes pour que ces petits paradis le reste encore de nombreuses années et que les personnes qui passeront derrière vous en profitent tout autant et puissent toujours être aussi émerveillé par dame nature.

*Si vous voulez continuer sur votre lancé des cascades, non loin de Sillans, à une vingtaine de kilomètres et 25 minutes de trajet se dresse la fastueuse cascade du Grand Baou sur la route de Carces au Val offrant une grande vasque turquoise que j’avais decouverte grâce à ma fille ainée et à mon gendre. L’article est ICI

Derrière, il y a une grotte mais difficile d'accès à moins d'y aller à la nage, mais gla gla gla au mois de Fevrier

                                                             DIAPORAMA CASCADES

Tout le long de la randonnée vous verrez ces gros blocs de pierre...

Le site du Malpasset se trouve à une demi-heure de chez nous en  empruntant l’autoroute qui relie Cannes à Fréjus. Juste après le péage (50 mètres), le panneau indique «le Malpasset». Il faut emprunter cette route qui se termine en sens issue.

Les blocs de pierre de la voute du barrage et la feraille

On se gare avant le pont de l’autoroute, et avec soso j'emprunte le chemin qui mène au site.  Cette randonnée s’est transformée en un espèce de pèlerinage tant les vestiges de cette catastrophe demeurent impressionnants tout au long du parcours.

Quand on voit ces blocs de plusieurs milliers de tonnes qui ont été roulés sur plus d’un kilomètre de distance comme de simples fétus de paille, comment ne pas penser à ces 423 victimes qui ont du croire que la fin du monde était arrivée. Sans doute, ont-ils pensé que le ciel leur tombait sur la tête car les 50 millions de mètres cube d’eau ont crée une vague de 40 mètres de hauteur qui a plus de 70 km/h a déferlé dans le vallon du Reyran, ravageant tout sur son passage et mettant seulement 20mn pour atteindre Fréjus et la mer.

des buissons ont même poussé dans le béton..

Si vous voulez avoir un aperçu du barrage en hauteur, il faut prendre  le sentier balisé en jaune. Attention à cet endroit en été, la chaleur est caniculaire et dépasse la plupart du temps les 40°, il faut donc prévoir des bouteilles d’eau... On se croirait volontiers sur le continent Africain, mais ce n’est pas une galéjade provençale de dire cela… A cet endroit, il y a des milliers d’années, les deux continents se rejoignaient et c’est à partir d’ici que ce détacha la Corse et la Sardaigne.

Bloc de béton échoué sur les bords du Reyran

Après avoir marché sur trois kilomètres d’un sentier parsemé de caillasse et au milieu d'une végétation aride ( Il n'a pas plus ni en Janvier, ni en Février 2020), j’aperçois enfin la vue sur le barrage en contre bas.

On s'approche du barrage

En 1952, on construisit à cet endroit, un barrage qui fut nommé « Le Malpasset » ce qui s’avéra, malheureusement, prédestiné. Sa rupture le 2 décembre 1959, cinq ans après sa mise en service, est la plus grosse catastrophe civile de ce genre jamais survenue en France au XXe siècle, faisant quatre cent vingt-trois morts et disparus.

50 millions de mètres cubes d'eau déferlent sur Frejus

C'est un barrage de type voûte, sa mise en eau se fait en 1954. Le but de ce barrage était d'irriguer la plaine proche de Frejus en retenant les eaux du Reyran, torrent qui ne coule qu'en hiver à l'image d'un oued d'Afrique du Nord. Son principal objet est de constituer un réservoir d'eau permettant d'irriguer les cultures dans une région où les pluies sont rares.

Pourtant en 1959, la Provence reçoit des pluies diluviennes et tropicales, le niveau de l'eau monte très rapidement, trop rapidement pour permettre un contrôle convenable des réactions du barrage. D'autant qu'il est impossible, à ce moment, de lâcher de l'eau : la construction de l'autoroute juste en aval du barrage interdit d'ouvrir les vannes.

Le barrage est donc rempli à ras bord. Le 2 décembre 1959 le barrage se fissure et à 21 h 13, il cède. Une vague de quarante mètres de haut (soit cinquante millions de mètres cubes d'eau) déferle sur la vallée à soixante-dix kilomètres à l'heure, dévastant campagnes et fermes. Elle atteindra la ville de Frejus 20 minutes plus tard, avant de se jeter dans la mer.

Des blocs de pierre pesant jusqu'à six cents tonnes dévalent la colline et détruisent le quartier de Malpasset. Le bruit du craquement de sa voûte alerte en premier le gardien de l'ouvrage, qui se réfugie en haut de sa maison, à 2 km et demi en aval. 

la vanne papillon

Il ne s'agissait pas d'un barrage hydroélectrique et EDF n'était pas impliquée dans sa construction. Durant les années qui précèdent le sinistre, il ne fut pas possible de remplir le barrage en raison du manque de pluies et de problèmes d'expropriation. En revanche, fin 1959, les pluies sont diluviennes sur le département du Var. Il pleut sans discontinuer pendant un mois.

Au moment où les responsables ouvrent les vannes du barrage, il est déjà trop tard, ce dernier a bougé. Le plan ORSEC (plan d'organisation des secours) est immédiatement déclenché. Les militaires des camps locaux comme celui du 21e RIMA actuel ainsi que des hélicoptères de l'armée américaine basés dans les environs s'occupent de porter secours aux survivants, mais aussi de dégager les corps des victimes.

Parois du barrage

Grace aux hélicoptères des Américains on sauve la vie à des milliers de gens. Le général de Gaulle, président de la République, venu sur place quelques jours plus tard, découvre une zone totalement sinistrée. Il aura cette phrase peu approprié auprès des familles endeuillées : « Que Frejus renaisse ! ». Confirmant le peu de tact de ce chef d’état (1de +).

La rupture du barrage est imputée à la résistance insuffisante de la roche sur laquelle il s'appuyait, et non à la structure du barrage lui-même, mais aussi à la surveillance insuffisante d'un ouvrage resté pratiquement inutilisé depuis sa construction. La voûte elle-même est entièrement hors de cause.

Le barrage éventré

Mais ce type d'ouvrage doit s'appuyer solidement sur le rocher, ce qui n'était apparemment pas le cas à Malpasset. Deux rapports sont remis aux autorités judiciaires, qui cherchent à déterminer les responsabilités du drame. Ils écartent l'hypothèse d'un ébranlement dû à un séisme (phénomène fréquent dans la région) ou à des explosifs utilisés pour la construction de l'autoroute.

dur dur pour Soso la montée 

Presque 4 ans plus tard une autre catastrophe, intervenue à Vajont*, dans les Alpes italiennes, le 9 octobre 1963 confirme à nouveau que ces édifices réalisés par les hommes sont très dangereux (au même titre que les centrales nucléaires). Ce jour-là, un pan entier de la montagne tomba brutalement dans le lac de retenue. Les gerbes d'eau s'élevèrent à 150 m de haut et une vague de 100 m passa par-dessus le barrage pour ravager la vallée et noyer 2 600 personnes.

Un film avec Michel Serrault et Daniel Auteuil est inspiré des faits réels survenus en 1963 dans la vallée des Dolomites en Italie. Le titre : La folie des hommes*. Aujourd'hui, nous avons le barrage de Saint Cassien, Situé plus au nord que le barrage de Malpasset, et construit après sa rupture tragique. Le barrage retient 60 millions de m³ d'eau. Avec 430 ha de superficie, c'est le plus vaste plan d'eau de l'Esterel dont j'ai consacré un article.

Au fait, en consultant certains sites, j’ai appris que le nom de Malpasset venait bien de ce lieu « mal placé » où tout se « passait mal » car le légendaire brigand Gaspard de Besse espèce de Robin des Bois provençal ou de Lalin Fulconis niçois (Lalin était un résistant) y détroussait les diligences. Alors, faut-il pour autant voir dans ce nom de Malpasset, le signe d’un mauvais présage : un barrage « mal placé » où tout s’est  « mal passé » ?

Malgré les panneaux d'interdictions des inconscients descendent sur la voute du barrage

Une autre hypothèse avait alimenté les journaux de l’époque. Selon les services secrets d'Allemagne de l'Ouest, la rupture du barrage de Malpasset aurait été provoquée par un attentat du FLN. Sur des archives des services secrets allemands, de la RFA et de la Stasi, des activistes algériens du Front de libération nationale seraient à l'origine de cet accident, un attentat, donc.

Mais cet hypothèse viendrait de l’entourage du général de Gaulle qui aurait propager la rumeur pour se disculper de l’incompétence de son ministère des Travaux Publics et des Transports. Beaucoup de Français se demandent encore comment peut on encore aujourd'hui glorifier ce général ?

Le lit du Reyran

* Le film se regarde d'un trait car il est mené tambour battant sans temps mort,  On s'attache dès le début aux personnages et comme eux, on se prend au jeu des imbroglios qui naissent au fil des mois dans ce chantier grandiose.

Il nous montre aussi que les intérêts économiques, et politiques priment avant tout, au détriment des enjeux sociaux et environnemental. La bande son interprété par Filippa Giordano et Andrea Bocelli est remarquable. A l’heure ou la TV nous passe et repasse toujours les mêmes films souvent débiles, pourquoi ne passe t’on pas ce film grandiose ?

La compétence et la conscience de l’architecte (décédé six mois après le drame …. assassinat ?), ainsi que celle du géologue, seront mises hors de cause. De Gaulle se rendra sur les lieux 2 semaines plus tard pour une catastrophe qui a tué 135 enfants. Et dire que l’on honore encore la mémoire de cet individu.

Photo internet du barrage et du lac avant qu'il ne cède.. (en dessous le diaporama un extrait du film).

                                                    DIAPORAMA MALPASSET

Extrait du film, cliquez sur la vidéo.

Au mois d'Aout on met le blouson ici pour rouler en moto ! il fait froid

Le restaurant se trouve au carrefour de trois départements. Il est situé dans les Alpes Maritimes à la frontière des départements du Var et des Alpes de Haute Provence sur la route Napoleon qui mène aux gorges du Verdon.

Les rochers de l'Adrech de Besson

Du parking du restaurant le Grand Saule, il est même possible de mettre un pied dans le Var, un autre dans les Alpes Maritimes tout en jetant un caillou sur celui des Alpes de Haute Provence d'une main.

Petite chapelle templiere sur la Route Napoleon à Seranon Alpes Maritimes

Cela me fait penser immédiatement à un lieu des Etats Unis ou je suis passé en Harley Davidson en 2010: les Four Corners. C’est l’unique quadripoint du territoire des USA ou quatre états convergent: Arizona, Colorado, Nouveau Mexique, Utah.

Sur la terrasse du Grand Saule avec des amis bretons, la soeur à Soso et son mari

Vous pouvez ainsi avoir un bras dans l’Arizona, l’autre dans le Nouveau Mexique, une jambe dans l’Utah et l’autre dans le Colorado... et dire que vous avez traversé ces 4 états en moins de 3 secondes… Rien de bien spectaculaire, mais c’est marrant, c’est Américain ! Sauf qu’ici, c’est juste 3 départements Français. Mais attention, c’est un endroit de légende ou l’histoire rejoint la réalité.

Nos plats: la planche de charcuterie, salade, terrine, le wok de gambas, les raviolis aux morilles, le poulet au miel

C’est ici même que l’empereur Napoleon bivouaqua le 02 Mars 1815. Et l’histoire dit que c’est vers 20 heures que Napoléon arrive, avec sa suite, pour la plupart des fantassins mal chaussés, portant capote, fusil à baïonnette et lourd barda qui, dans le froid glacial, ont réussi l’exploit de parcourir 63 kilomètres dans la journée !

Pour moi la panna cotta

Napoléon s’installe en face du restaurant le Grand Saule au château de Taulane. Il dort tout habillé sur un fauteuil, accoudé sur une petite table. Ce fauteuil et cette table sont toujours dans un petit musée de Séranon. À Séranon, Napoléon est accueilli à la bastide du Brondet, ferme du très royaliste marquis de Lombard, maire de Grasse, qui avait refusé de le recevoir dans la cité des parfums.

Le golf de Taulane en face du Grand Saule

Pour l’anecdote, l’Empereur oublia un flacon d’eau de Cologne, ce qui à ce jour a donné une eau de lavande intitulée « Oubli de Napoléon » à Grasse. Dans mon récit, j’en vois déjà quelques un qui sont étonnés qu’il puisse faire froid sur la Cote d’Azur au mois de Mars. Sachez qu’entre Golfe Juan ou Napoleon débarqua et Séranon petite commune des Alpes Maritimes, il peut y avoir un écart de 25°.

Le château de Taulane

Il peut faire 20° à Cannes  et -5 à Séranon qui se trouve à 30km à vol d’oiseau. A Partir de Grasse, on attaque la montagne tout de suite et la, c’est une autre histoire, un autre monde.. La Riviera est déjà très loin ! Quand on emprunte la route Napoleon il faut évidemment se rappeler de l’Histoire avec un grand H. Elle inaugure la chevauchée fantastique des Cent-Jours, le parcours historique de l’Empereur au retour de l’Ile d’Elbe en 1815.

L’itinéraire nous fait découvrir le pays de Grasse puis emprunte la Nationale 85 à travers les Alpes jusqu’à Digne et Grenoble. Tout le long de la route mythique, des relais d’information-service rappellent les principales étapes à travers des paysages superbes : Cannes, Grasse, Saint-Vallier-de-Thiey, Escragnolles, Séranon, Le Logis du Pin, Castellane… les Portes du Verdon.

Je n’ai pas de mal à rejoindre la Route Napoleon puisqu’a Grasse, j’habite sur son passage. A quelques mètre de ma Bastide, un panneau signale la route mythique, l’une des plus belles au monde. Avec Soso, nous allons rejoindre au Logis du Pin nos amis bretons, la soeur à Soso et son mari.

Ils sont déjà installés au restaurant. Faut dire qu’en partant le matin, nous avons déjà parcouru 200 km en Harley Davidson pour se balader sur la rive gauche du Verdon (balade que je vous ai montré dans mon précédent article). Le restaurant est une merveille dans la nature au centre d’une vallée aussi verte que les plaines de Normandie.

La cuisine est traditionnelle et authentique. Les plats de viandes sont (boeuf, agneau) préparés avec une sélection de produits du terroir. Le chef propose une excellente entrecôte aux morilles fraîches, cueillies dans les bois environnants en saison ou bien les raviolis aux morilles qui sont succulents. Ici, c’est le paradis des  cueilleurs de champignons….Cèpes, girolles, chanterelles, sanguins, mousserons, vesse de loup, petits gris, coulemelles..

Les associations mycologiques sont nombreuses dans le département du Var et des Alpes Maritimes. C’est dans ces 2 départements qu’il a été déclaré le plus grand nombre de variété de champignons y compris la mythique truffe noire.

La chapelle du château de Taulane

En ce qui concerne le restaurant, vous avez le choix entre 3 menus variés, établis en fonction du marché. Desserts maison. Le couple d'Halluin a possédé quelques bonnes tables sur la côte, notamment à Cannes (Brouette de Grand-Mère) et à Mouans-Sartoux (Relais de la Pinède) avant de s'établir dans ce coin de montagne magnifique et paisible. Il fait bon y faire une halte, on y est chaleureusement accueillis.

Ce restaurant me réconcilie avec se style de cuisine simple qui n’est pas semi gastronomique après cet épouvantable restaurant qui s’appelle le Saint Charles à Mandelieu. Quand c’est bon, on le dit mais quand c'est mauvais, il faut aussi le signaler. Le Saint Charles est un piège à touriste, cher, mauvais, congelé, avec des portions ridicules qui rendrait Obelix furieux ainsi qu’un napolitain de passage en voyant des pizzas aussi mauvaises que chez pizza Hut ou Domino Pizza et leur fromage analogue…..A éviter absolument à Mandelieu la Napoule.

L'espace Spa et bien être du chateau

Nous traversons maintenant la route pour aller prendre un café sur la terrasse du château de Taulane. Autre lieu mythique de la région. C’est une splendide demeure du XVIII, installée au cœur d’une nature préservée, au pied des montagnes du Verdon, de ses Gorges, à mi chemin de la cité grassoise et du Lac de Sainte Croix.

Les trois golfeuses: le fer, le bois le putter

Le Château de Taulane est de ces lieux enchanteurs, tel un coin de paradis, qui invite à la quiétude et à la sérénité. Le Seigneur de Taulane de Garon et de Séranon dit le « marquis de Lyle-Taulanne est né à Grasse le 28 Juillet 1716 et mort dans cette même ville. Il est le fils de Suzanne de Grasse elle-même fille d’Alexandre de Grasse, seigneur et Baron de Mouans Sartoux et de Jeanne de Lisle.

Rafraîchissements et cafés à la trattoria da Mario du château de Taulane

Le château actuel fut édifié avec les bois de l’arsenal du roi, montés de Toulon par les forçats dont l’amiral de Grasse avait le commandement. C’est une longue bâtisse à deux étages, percés de onze fenêtres dont la façade est à peine marquée par des décrochements de trois avant-corps.

Détente sur la terrasse du restaurant la Marquise de Lisle

Le premier étage de l’avant corps central, trois grandes baies en plein cintre dominent sur un balcon orné d’une grille en fer forgé du XVIII°  siècle. Récemment restauré, ce remarquable château de style louis XVI est aujourd’hui transformé en hôtel 4 étoiles dans un domaine de 340 hectares dominant l’un des plus beaux golfs de la Cote d’Azur..

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Les pénitents des Mées

Au départ du village des Mées, il existe un sentier de randonnée qui permet la découverte de curieuses formations géologiques. Le panorama sur la Durance est à couper le souffle. Il est donc fortement conseillé de s’y rendre sans capuche ! Le sentier des pénitents des Mées vient d’être sécurisé, balisé et mis en valeur.

C'est le résultat d’un projet franco-italien financé à 85 % par l'Europe. Il est désormais possible de parcourir en sécurité ce paysage vertigineux, à couper le souffle. Ce site est classé au titre des espaces naturels sensibles. Lorsque l’on emprunte l’autoroute ou la route entre Sisteron et Manosque, ces rochers sont parfaitement visibles sur la droite.

On aperçoit l'arche naturelle de la route

Ils forment une longue barrière (1Km) depuis le village des Mées. Ces tours sont issues d’une falaise de poudingue (associé avec du calcaire, elle forme un grés trés dur). L’érosion a fait le reste : l’eau en s’infiltrant a creusé des sillons puis des petits canyons.

La montée est raide...pauvre Soso ! On est garé tout en bas.

Progressivement les "Pénitents" se sont formés. ils représenteraient les moines de la Montagne de Lure qui ont été pétrifiés par Saint Donat au temps des invasions sarrasines pour s’être épris de belles jeunes femmes mauresques. Mais qui sont ces pénitents pétrifiés ?

Point de vue sur le village

Jean Giono écrivait que leur «légende cristallisée en rocher […] murmure étrangement avec le vent». Rien n’est plus vrai. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, un amas de roches sédimentaires a fait naitre des légendes. Entre Sisteron et Manosque, près du beau village des Mées, en plein terroir de l’olive AOP Haute Provence, se dresse un impressionnant massif de pierre dont l’apparence évoque en effet une procession de pénitents encapuchonnés.

Ca continue à monter encore longtemps Patrick ?

Sculpté par l’érosion, cimenté par les millénaires, ce fragile amas de roches sédimentaires que les scientifiques nomment poudingue s’élève à cent mètres de haut et domine la Durance sur plus deux kilomètres. Comme souvent, des bizarreries de la géologie naissent les meilleures légendes…

Un beau panorama plongeant sur le village (en bas à gauche, le premier belvédère) 

Ainsi, celle des pénitents des Mées trouva son origine vers l’an 800, époque où le comte Raimbaud, victorieux contre les Sarrasins, rapporta des croisades sept de leurs plus belles femmes afin de les conduire en son château et pouvoir en abuser… Menacé d’excommunication pour son comportement, le comte dut se résoudre à relâcher ses affriolantes prisonnières.

Je n'en peux plus ! Tu ne m'y reprendras pas une seconde fois...

Je vous raconte la legende qui m’a été donné par un ancien du village: "Cela se passait au temps où les Sarrasins avaient envahi la région provençale. Ils s'étaient installés dans les collines à Peirempi entre Buech et Jabron et faisaient régner la terreur dans les villages environnants.

Au milieu à gauche, la Durance

Quelques seigneurs du voisinage dont Bevons de Noyer et Rimbaud des Mées décidèrent d'attaquer le camp des Sarrasins. Ce qui fut fait par une nuit sans lune. La surprise et la détermination des seigneurs eurent raison des envahisseurs après une lutte courte mais très intense. Au matin, après avoir nettoyé la place, et chassé ou bien passé au fil de l'épée leurs ennemis, ils entrèrent dans le château.

Quel ne fut pas leur étonnement lorsqu'ils trouvèrent dans une grande chambre, sept belles mauresques terrorisées, qui demandaient grâce... Il n'était point question de les tuer, les chevaliers ne tuent pas les dames. Ils se consultèrent et il fut décidé que ce serait Rimbaud des Mées qui se chargerait de les expédier par radeau sur la Durance jusqu'au pays d'Arles où là-bas les autorités décideraient de leur sort en temps et heure.

L'arche coté sentier

Rimbaud avec ses gens et ses sept captives prirent donc le chemin des Mées. Cependant durant le périple, le sang bouillant et exalté du beau et fringant guerrier aviva en lui des sentiments bien humains. Les grands yeux noirs et tristes des belles mauresques firent le reste.

Au ras des falaises..

Il prit prétexte que la Durance était un peu grosse et qu'il était dangereux de s'embarquer pour retarder le départ de quelques jours et il enferma les prisonnières dans sa vaste demeure entre Dabisse et Oraison. Ce qui s'est passé dans cette maison, personne ne le sut jamais au juste mais on pouvait facilement le deviner.

C'est tres impressionnant...nous sommes sur les crêtes des rochers

Rimbaud, qui d'habitude partait toujours à la chasse ou bien était à parcourir ses terres ne quittait plus la demeure. Le long des chemins, à la fontaine, au four comme au lavoir, on ne parlait que du seigneur Rimbaud enfermé avec ses sarrasines. Ce scandale commençait à faire grand bruit dans le pays.

Fantastique ! il n'y a pas de mots pour décrire cet incroyable endroit ... la Durance dans l'arche.

Le prieur de l'abbaye de Paillerols décida d'aller parler à Rimbaud. Ce dernier ne voulut rien savoir ni entendre et renvoya le prieur sans aucun ménagement ni égard pour sa personne. On pensa alors que ce pauvre Rimbaud avait été envoûté par ces femmes orientales à la beauté incomparable et qu'elles lui avaient fait perdre la tête par quelque sortilège dont elles avaient le secret.

Rimbaud commençait à avoir toute la gent féminine de la noblesse du voisinage contre lui. Ces nobles dames et damoiselles ne comprenaient pas ce qu'il pouvait bien trouver à ces femmes à la peau presque noire. C'était inconcevable !

A 10 cm du vide

Il décida une nuit de ramener ses mauresques en cachette de tous dans son château des Mées. Il fut ainsi tranquille pendant quelques jours, le temps que ses gens s'aperçoivent du changement, ce qui ne tarda pas à se produire bien entendu. La situation devint très grave. Les femmes ne passaient plus devant le château sans se signer de peur d'attirer sur elles le malheur.

C'est sûr, le seigneur était victime d'un maléfice pour héberger ces femmes sous son toit. Le prieur de Paillerols revint à la charge un nouvelle fois accompagné de son collègue, le prieur de Saint- Michel. Rimbaud exaspéré et hors de lui leur répondit qu'ils feraient mieux d'aller chanter les vêpres et les matines plutôt que de s'occuper des affaires du château.

On monte encore sur un belvedere

Alors là, pour le coup le prieur de Paillerols faillit s'étouffer de colère et de rage contre Rimbaud. Le menacer de cette façon, c'était outrageant pour lui et il brandit l'arme de l'excommunication. Rimbaud eût bien envie d'envoyer les deux religieux dans la Durance, mais il se ravisa à temps.

Rien que de penser aux sarrasines, j'ai de l'effet ! Mais, je ne suis pas moine, je ne risque pas d'être pétrifié !

Il comprit que là il s'attaquait à plus forte partie de lui et qu'il n'arriverait plus à contrôler ses vassaux s'il continuait dans cette voie. Malgré sa peine, car il s'était attaché à ses belles mauresques, il ne put que céder.

Alors le prieur, dans le but d'humilier Rimbaud décida d'un stratagème: prendre à témoin toute la population du pays. Il décida donc que le dimanche à venir, les sarrasines seraient conduites à pied jusqu'à la Durance devant tout le pays rassemblé le long de ses rives. Le jour convenu arriva, tout le monde était en bordure du chemin et faisait une haie pour les laisser passer.

Les moines de Paillerols et de Saint-Michel étaient un peu plus haut sur la colline. Les lourdes portes du château s'ouvrirent et les sept mauresques apparurent. Tout le monde était sous le choc, on entendit même comme de profonds murmures d'admiration. Les hommes étaient comme hypnotisés.

Décidément, qu'elles étaient belles ! Admirables ! Les rumeurs étaient bien fondées ! Les moines portaient de vastes capuchons rabattus sur leur visage, histoire de ne pas succomber au désir… Mais la légende soutient que le diable fit souffler un tel mistral que les capuchons se soulevèrent au passage des belles Sarrasines, offrant l’occasion aux moines de se délecter du spectacle.

Les coeurs des moines se mirent à battre sous les scapulaires, leurs yeux étincelèrent. Mais de l'autre côté de la Durance, le Grand Saint-Donat l'ermite de Lure surveillait ses ouailles et comprît ce qui allait se passer. Il fallait agir vite pour préserver les moines du péché.

Aussitôt, le châtiment fut exemplaire : le tonnerre frappa les religieux. C’est alors qu'il les pétrifia tous sur place dans leur robe de bure. Même le prieur de Paillerols a conservé sur la poitrine sa croix de bois que l'on peut voir encore aujourd'hui accrochée au rocher…

Même les moines n'ont pu résister aux charmes des belles Maures...

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