Tout le long de la randonnée vous verrez ces gros blocs de pierre...
Le site du Malpasset se trouve à une demi-heure de chez nous en empruntant l’autoroute qui relie Cannes à Fréjus. Juste après le péage (50 mètres), le panneau indique «le Malpasset». Il faut emprunter cette route qui se termine en sens issue.
Les blocs de pierre de la voute du barrage et la feraille
On se gare avant le pont de l’autoroute, et avec soso j'emprunte le chemin qui mène au site. Cette randonnée s’est transformée en un espèce de pèlerinage tant les vestiges de cette catastrophe demeurent impressionnants tout au long du parcours.
Quand on voit ces blocs de plusieurs milliers de tonnes qui ont été roulés sur plus d’un kilomètre de distance comme de simples fétus de paille, comment ne pas penser à ces 423 victimes qui ont du croire que la fin du monde était arrivée. Sans doute, ont-ils pensé que le ciel leur tombait sur la tête car les 50 millions de mètres cube d’eau ont crée une vague de 40 mètres de hauteur qui a plus de 70 km/h a déferlé dans le vallon du Reyran, ravageant tout sur son passage et mettant seulement 20mn pour atteindre Fréjus et la mer.
des buissons ont même poussé dans le béton..
Si vous voulez avoir un aperçu du barrage en hauteur, il faut prendre le sentier balisé en jaune. Attention à cet endroit en été, la chaleur est caniculaire et dépasse la plupart du temps les 40°, il faut donc prévoir des bouteilles d’eau... On se croirait volontiers sur le continent Africain, mais ce n’est pas une galéjade provençale de dire cela… A cet endroit, il y a des milliers d’années, les deux continents se rejoignaient et c’est à partir d’ici que ce détacha la Corse et la Sardaigne.
Bloc de béton échoué sur les bords du Reyran
Après avoir marché sur trois kilomètres d’un sentier parsemé de caillasse et au milieu d'une végétation aride ( Il n'a pas plus ni en Janvier, ni en Février 2020), j’aperçois enfin la vue sur le barrage en contre bas.
On s'approche du barrage
En 1952, on construisit à cet endroit, un barrage qui fut nommé « Le Malpasset » ce qui s’avéra, malheureusement, prédestiné. Sa rupture le 2 décembre 1959, cinq ans après sa mise en service, est la plus grosse catastrophe civile de ce genre jamais survenue en France au XXe siècle, faisant quatre cent vingt-trois morts et disparus.
50 millions de mètres cubes d'eau déferlent sur Frejus
C'est un barrage de type voûte, sa mise en eau se fait en 1954. Le but de ce barrage était d'irriguer la plaine proche de Frejus en retenant les eaux du Reyran, torrent qui ne coule qu'en hiver à l'image d'un oued d'Afrique du Nord. Son principal objet est de constituer un réservoir d'eau permettant d'irriguer les cultures dans une région où les pluies sont rares.
Pourtant en 1959, la Provence reçoit des pluies diluviennes et tropicales, le niveau de l'eau monte très rapidement, trop rapidement pour permettre un contrôle convenable des réactions du barrage. D'autant qu'il est impossible, à ce moment, de lâcher de l'eau : la construction de l'autoroute juste en aval du barrage interdit d'ouvrir les vannes.
Le barrage est donc rempli à ras bord. Le 2 décembre 1959 le barrage se fissure et à 21 h 13, il cède. Une vague de quarante mètres de haut (soit cinquante millions de mètres cubes d'eau) déferle sur la vallée à soixante-dix kilomètres à l'heure, dévastant campagnes et fermes. Elle atteindra la ville de Frejus 20 minutes plus tard, avant de se jeter dans la mer.
Des blocs de pierre pesant jusqu'à six cents tonnes dévalent la colline et détruisent le quartier de Malpasset. Le bruit du craquement de sa voûte alerte en premier le gardien de l'ouvrage, qui se réfugie en haut de sa maison, à 2 km et demi en aval.
la vanne papillon
Il ne s'agissait pas d'un barrage hydroélectrique et EDF n'était pas impliquée dans sa construction. Durant les années qui précèdent le sinistre, il ne fut pas possible de remplir le barrage en raison du manque de pluies et de problèmes d'expropriation. En revanche, fin 1959, les pluies sont diluviennes sur le département du Var. Il pleut sans discontinuer pendant un mois.
Au moment où les responsables ouvrent les vannes du barrage, il est déjà trop tard, ce dernier a bougé. Le plan ORSEC (plan d'organisation des secours) est immédiatement déclenché. Les militaires des camps locaux comme celui du 21e RIMA actuel ainsi que des hélicoptères de l'armée américaine basés dans les environs s'occupent de porter secours aux survivants, mais aussi de dégager les corps des victimes.
Parois du barrage
Grace aux hélicoptères des Américains on sauve la vie à des milliers de gens. Le général de Gaulle, président de la République, venu sur place quelques jours plus tard, découvre une zone totalement sinistrée. Il aura cette phrase peu approprié auprès des familles endeuillées : « Que Frejus renaisse ! ». Confirmant le peu de tact de ce chef d’état (1de +).
La rupture du barrage est imputée à la résistance insuffisante de la roche sur laquelle il s'appuyait, et non à la structure du barrage lui-même, mais aussi à la surveillance insuffisante d'un ouvrage resté pratiquement inutilisé depuis sa construction. La voûte elle-même est entièrement hors de cause.
Le barrage éventré
Mais ce type d'ouvrage doit s'appuyer solidement sur le rocher, ce qui n'était apparemment pas le cas à Malpasset. Deux rapports sont remis aux autorités judiciaires, qui cherchent à déterminer les responsabilités du drame. Ils écartent l'hypothèse d'un ébranlement dû à un séisme (phénomène fréquent dans la région) ou à des explosifs utilisés pour la construction de l'autoroute.
dur dur pour Soso la montée
Presque 4 ans plus tard une autre catastrophe, intervenue à Vajont*, dans les Alpes italiennes, le 9 octobre 1963 confirme à nouveau que ces édifices réalisés par les hommes sont très dangereux (au même titre que les centrales nucléaires). Ce jour-là, un pan entier de la montagne tomba brutalement dans le lac de retenue. Les gerbes d'eau s'élevèrent à 150 m de haut et une vague de 100 m passa par-dessus le barrage pour ravager la vallée et noyer 2 600 personnes.
Un film avec Michel Serrault et Daniel Auteuil est inspiré des faits réels survenus en 1963 dans la vallée des Dolomites en Italie. Le titre : La folie des hommes*. Aujourd'hui, nous avons le barrage de Saint Cassien, Situé plus au nord que le barrage de Malpasset, et construit après sa rupture tragique. Le barrage retient 60 millions de m³ d'eau. Avec 430 ha de superficie, c'est le plus vaste plan d'eau de l'Esterel dont j'ai consacré un article.
Au fait, en consultant certains sites, j’ai appris que le nom de Malpasset venait bien de ce lieu « mal placé » où tout se « passait mal » car le légendaire brigand Gaspard de Besse espèce de Robin des Bois provençal ou de Lalin Fulconis niçois (Lalin était un résistant) y détroussait les diligences. Alors, faut-il pour autant voir dans ce nom de Malpasset, le signe d’un mauvais présage : un barrage « mal placé » où tout s’est « mal passé » ?
Malgré les panneaux d'interdictions des inconscients descendent sur la voute du barrage
Une autre hypothèse avait alimenté les journaux de l’époque. Selon les services secrets d'Allemagne de l'Ouest, la rupture du barrage de Malpasset aurait été provoquée par un attentat du FLN. Sur des archives des services secrets allemands, de la RFA et de la Stasi, des activistes algériens du Front de libération nationale seraient à l'origine de cet accident, un attentat, donc.
Mais cet hypothèse viendrait de l’entourage du général de Gaulle qui aurait propager la rumeur pour se disculper de l’incompétence de son ministère des Travaux Publics et des Transports. Beaucoup de Français se demandent encore comment peut on encore aujourd'hui glorifier ce général ?
Le lit du Reyran
* Le film se regarde d'un trait car il est mené tambour battant sans temps mort, On s'attache dès le début aux personnages et comme eux, on se prend au jeu des imbroglios qui naissent au fil des mois dans ce chantier grandiose.
Il nous montre aussi que les intérêts économiques, et politiques priment avant tout, au détriment des enjeux sociaux et environnemental. La bande son interprété par Filippa Giordano et Andrea Bocelli est remarquable. A l’heure ou la TV nous passe et repasse toujours les mêmes films souvent débiles, pourquoi ne passe t’on pas ce film grandiose ?
La compétence et la conscience de l’architecte (décédé six mois après le drame …. assassinat ?), ainsi que celle du géologue, seront mises hors de cause. De Gaulle se rendra sur les lieux 2 semaines plus tard pour une catastrophe qui a tué 135 enfants. Et dire que l’on honore encore la mémoire de cet individu.
Photo internet du barrage et du lac avant qu'il ne cède.. (en dessous le diaporama un extrait du film).
DIAPORAMA MALPASSET
Extrait du film, cliquez sur la vidéo.
