Crèche de 15 metres de long qui reconstitue le village de Luceram
Guirlandes multicolores, forêt de sapins et santons se nichent dans les endroits les plus inattendus de Luceram. Ici rien n'est artificiel, c'est le village médiéval qui sert de cadre aux festivités du 01 décembre au 11 janvier 2015 inclus.
Porches, voûtes, caves, escaliers, fontaines, lavoirs, écuries et four communal deviennent des lieux d'expression artistique. Les rubans aux fenêtres, les branchages qui garnissent les portes, la forêt de sapins qui envahit les places et les placettes sont dans un cadre typique et préservé.
Créche dans une cave souterraine du village
Les santons sont traditionnellement représentés en argile ou en terre cuite. A Lucéram, on les découvre en bois, tissu, fer forgé, pâte à sel, craie, cire, pinces à linge, en laine et même en bouchons ! Alors dans ce décor naturel et authentique, l'esprit de Noël souffle naturellement, pur, mystique et festif. Bref une ballade dans ce village, c'est un vrai retour aux sources du Noël en Comté niçois d’autrefois.
Creche au four à pain
Mais d’abord, un peu d’histoire. À la fin du XIVème, le rattachement du Comté de Nice jusque la indépendante, au Duché de Savoie va accélérer le développement de Lucéram (situé à 27 km au nord de Nice, et peuplé de nos jours par environ mille habitants) ancienne étape sur la route du sel. Une bonne partie du trafic marchand vers la haute mer, vers les rivages Azuréens, italiens et espagnols, passait par Lucéram pour arriver aux ports de Villefranche devenu port franc.
Le Comte gouverneur de Nice autorise en 1395 la construction de protections. Cela fut fait en traçant du coté nord (le seul possible en raison du relief), une nouvelle ligne de protection, un puissant rempart comportant une très belle tour de flanquement ouverte à la gorge et haute de quinze mètres.
Dix mois de travail pour cette créche
Cette tour est ouverte vers l'intérieur du village, ce qui permettait de le protéger aussi bien vers l'extérieur que vers l'intérieur est de deux étages en plancher permettant d'accéder jusqu'au niveau supérieur, l'ensemble communicant par des échelles. On pourrait croire que cette tour est en partie démolie mais il n’en est rien.
Dés l’origine, elle fut construite en forme de fer à cheval, ouvert sur le village. Si par malheur l’assaillant s’en rendait maitre, il ne pouvait s’en servir contre la place. Cette tour jouait aussi un rôle de guet de surveillance de tous les environs.
Le sel, destiné à alimenter le Piémont, les plaines du Pô et les terres du duc de Savoie arrivait par mer, et abordait Villefranche, Monaco et Nice par l’anse des Ponchettes. Du cours Saleya, (qui tire son nom des entrepôts de la Gabelle ou Douane) le sel, une fois contrôlé, partait en direction des sommets alpins à dos de mulets et en direction de Turin la capitale en passant par Luceram. Plus tard la route passera par la Vallée de la Roya, Le Roi de Sardaigne estimant que l'ancienne route etait trop prét de la France.
Creche faite avec des noix
Le village médiéval de Lucéram réputé pour son patrimoine historique et culturel remarquable organise chaque année le circuit des crèches. C’est la visite incontournable de l’arrière pays niçois en saison hivernale. Vous parcourrez des ruelles métamorphosées en des centaines de crèches.
Les villageois ont créé un musée de la crèche unique dans toute la région. De la plus humble à la plus sophistiquée, plus de 150 œuvres y sont exposées. Vous y découvrirez, entre autres : les crèches du monde. Les plus petites présentées dans une authentique armoire, le mur des « cougourdons », la plus ancienne crèche datant de 1948, les contemporaines, des santons de toutes tailles et de différents matériaux : bien évidemment, en terre cuite, en verre, en porcelaine, en allumettes, en bois, en laine, en tissus, en fil de fer, en pinces à linge ou en chocolat.
L'une des ruelles de Luceram des plus pittoresques (photo de droite)
En quelques années Luceram est devenu la capitale incontestée de la crèche. Les Noëls du comté de Nice respectent généralement la même trame narrative, celle de la Pastorale et du Presepi nissart (La Crèche niçoise).
Perché sur son éperon rocheux dans un décor naturel de sapins et de verdure, ce petit village donne l'impression d'une véritable crèche. De six mille visiteurs, la première année en 1998 aux cinquante mille de l'an dernier le succès est chaque fois renouvelée et amplifié. On y vient d’Europe entière voire même de plus loin.
La grande joie des visiteurs qui parcourent en tout sens ruelles et placettes est de découvrir le moindre santon qui a colonisé le village et qui squatte les moindres coins et recoins de ce remarquable village medieval.
À l’extérieur sous les porches ou sur le bord des fenêtres, dans les vitrines des commerçants où sur un tas de bois, à l'intérieur du four à pain, puis au moulin à huile, au musée des vieux outils, à l'église Santa Margarita et jusqu'a à la Station de Peira Cava première station des Alpes Maritimes ouverte en 1900 par le Chevalier de Cessole (pierre creuse en Nissart), on découvre partout des crèches.
De la plus grande qui mesure 15 m de long, à la plus petite dans une demi-coquille de noix… partout, il y a des crèches partout.
Les visiteurs, munis d’un plan « partent à la découverte des crèches », toutes aussi différentes, insolites, classiques, émouvantes, surprenantes. Voici par exemple les caractéristiques de la plus grande crèche. Dimension totale de la crèche : 15 m de long - 3m50 de large- 3m de haut (dix mois de travail). C’est la maquette du village de Luceram.
L'histoire du village se confond avec celle du Comté de Nice. Isolé dans sa vallée du Paillon, Lucéram a subi tous les contre-coups des changements de domination et des guerres qui ont ravagé la région.
Les Ligures sont les premiers à nous avoir laissé des témoignages de leur présence aux alentours du V ème siècle avant J.C. Autour de Lucéram on retrouve encore les traces de leur présence sous forme d’enceintes. Ensuite Les romains étendent leur domination. Après les années de la "Pax Romana", la région va voir déferler les hordes de barbares: Wisigoths, Burgondes, Ostrogoths, Lombards, Saxons et enfin les Francs.
Nice fera même partie du royaume des Lombards sous Pépin Le Bref, enfin de la Lotharingie au partage de 843. Vers 877, début de la féodalité. Le pays de Nice est maintenu dans le Saint Empire Germanique. Lucéram continuera à suivre le sort de Nice au fil des guerres et des dominations par la Savoie et la France jusqu'en 1860, date de son annexion. Luceram est un livre ouvert sur le passé glorieux du Comté de Nice.
Vive les créches !
DIAPORAMA DES CRECHES