Son rayonnement international n’est nullement usurpé. Connu et reconnu aux quatre coins du monde comme l’un des trois plus grands, il tisse aussi des liens très étroits avec d’autres carnavals dans le monde, comme ceux de Laval au Québec, la Nouvelle-Orléans aux USA, Pasto en Colombie, ou encore Kobé au Japon...
Mais le lien le plus prestigieux est celui qui existe avec Rio de Janeiro, en 2009, année de la France au Brésil, Nice et son Carnaval y a même été représenté par un char ! En phase avec son temps, un nouvel élan a été insufflé à cette manifestation afin de produire un spectacle actuel de qualité, particulièrement impressionnant dans sa version nocturne qui devient un véritable spectacle son et lumière.
Modernité et tradition sont, plus que jamais, les maîtres mots d’un carnaval du troisième millénaire. Modernité avec son cortège d’innovation et de créativité, tout en restant attentif à la sauvegarde de l’environnement au cœur de toute action dans la ville. Tradition, avec le maintien des symboles forts liés à l’histoire du Carnaval de Nice.
Cette période offre une merveilleuse opportunité pour découvrir Nice en Hiver : la douceur du climat, la luminosité du ciel et l’art de vivre sur la Côte d’Azur. Afin de mieux profiter de ses sites, son riche patrimoine culturel et artistique, sa gastronomie....
Du 13 février au 1er mars 2015, Nice a fêté la 131e édition de son Carnaval de l’ère moderne, c’est-à- dire dans sa forme actuelle qui a vu apparaître, en 1873, les corsi, les tribunes, en résumé, se transformer en un véritable spectacle. Cette année, Sa Majesté « Roi de la Musique » explore avec ironie toutes les facettes de cet art commun à toutes les cultures et civilisations, restant fidèle à sa vocation d’universalité.
Ce thème ouvre toutes les perspectives à l’imagination quel qu’en soit le rythme... Car «Sans la musique, la vie serait une erreur» nous enseigna Friedrich Nietzsche. Une partition qui s’écrit d’ores et déjà…
Le carnaval est le grand héritier des fêtes païennes du solstice d’hiver et des célébrations du renouveau, l’église s’étant approprié cet événement pour transformer toutes ces coutumes en temps forts du calendrier chrétien. L’origine du mot « carnaval » provient, sans doute, de la contraction de « carne levare » : enlève la chair, au Moyen âge.
A Nice, la première mention retrouvée de ces réjouissances carnavalesque remonte à 1294, lorsque Charles d’Anjou, Comte de Provence, évoque son passage dans la cité pour « les jours joyeux de Carnaval ». Ce qui en fait le plus vieux Carnaval au monde connu.
A la veille d’entrer en Carême, des bals, mascarades, farandoles et autres animations sont de mise avec en toile de fond la transgression. Se moquer de tout, de tous aux dépens de chacun devient la règle, la permissivité est aidée par le masque et le travestissement. Des mesures de contrôle ont été instaurées selon les périodes…
La Belle Epoque va attirer peu à peu tout le gotha international et la fête va se structurer en véritable spectacle... Les bases de l’ère moderne sont ainsi posées. En 1873, avec la création du Comité des Fêtes, le Carnaval de Nice prend de l’ampleur, les cortèges de chars, les ymagiers, les tribunes payantes, la mise en scène structurée,... font leur apparition.
Un étonnant particularisme d’actualité, grotesque et fabuleux…Trois ans après, sont créées les batailles de fleurs. A l’origine, simples échanges de fleurs, elles sont devenues le versant poétique et élégant du Carnaval et la vitrine d’une production locale, aujourd’hui encore présente sur les chars. Un spectacle unique au monde.
Les Chars de Carnaval sont l’emblème de la manifestation. Ils sont le fruit de diverses influences. L’illustrateur impulse l’idée, le carnavalier, artisan-artiste, crée le char et les éléments d’animation et enfin le coordinateur artistique veille au passage en 3 D et aux respects des exigences d’une telle fête. Si l’aspect carton pâte demeure, les matériaux et techniques, eux, sont pleinement du 21e siècle. L’inventivité y est présente !
La bataille de fleurs conjugue des chars entièrement renouvelés et modulaires, pour un spectacle à 360°; des fleuristes, pendant 72 h, réalisent le piquage des fleurs fraîches qui s’effectue dans un univers de couleurs, de senteurs digne d’une ruche. Les costumes sont créés dans un atelier éphémère dédié au Carnaval par des costumières du monde du spectacle qui jonglent avec les tissus et matériaux originaux et laissent libre cours à l’imaginaire.
Les arts de rue sont la marque de fabrique du Carnaval nouveau. La BAT (Brigade d’agitateurs de Tribunes) créée pour la manifestation, est une troupe de 60 danseurs, acrobates ou circassiens en charge de l’animation des cortèges. Elle est sélectionné parmi plus de 500 candidatures à travers la France et on sélectionne vraiment les meilleurs.
En parallèle, une vingtaine de groupes d’artistes, de musiciens, professionnels ou amateurs venant du monde entier, impulsent rythmes et couleurs à chaque corso carnavalesque et bataille de fleurs. Dans le prochain épisode de mon Carnaval niçois je vous présenterai le thème des 18 chars de 12 m de long sur 3 de large et 8 à 17 m de haut.
Les 3 chars de tête sont bien sur le Roi, la Reine et Carnavalon, leur fils. 20 tonnes de confetti sont au coeur des corsi et batailles de fleurs. 4 à 5 tonnes de déchets et autres reliefs sont récoltés par le service de nettoiement en 1 h 30 après la bataille de fleurs et 2 h après le corso.
Les porteurs effectuent, sur la durée d’un carnaval, l’équivalent d’un marathon. Ceux qui animent la version traditionnelle dépensent une énergie évaluée à un mégajoule pendant la durée de la manifestation….Et le Carnaval dure 20 jours.
DIAPORAMA DU CORSO