Volti n’est pas un musée comme les autres. Blotti au fond des casemates de la Citadelle de Villefranche-sur-Mer, tout un peuple de femmes de bronze, de cuivre et de terre cuite étalent leurs courbes voluptueuses dans un écrin de pierres brutes : la Donation Volti bénéficie d’un décor et d’une présentation tout à fait exceptionnelles, qui en fait un ensemble artistique unique.
Les grandes sculptures féminines s’intègrent à une architecture militaire dont la rigueur exalte le côté charnel de l’œuvre de l’artiste. Volti qui n’acquiert sa véritable personnalité qu’après la guerre s’inscrit dans la lignée des Rodin, Maillol, Bourdelle.
Les critiques d’art la rapprochent souvent de celle de Maillol. Cependant l’artiste réfute la comparaison. " Maillol est un charnel. Moi, je suis un architecte de la sensualité. Amoureux de la femme, toute son œuvre forme un chant à la gloire du corps féminin, courbes et rondeurs sont pour lui les images même de l’art et de la vie.
Jamais de mièvrerie dans les sculptures de Volti qui traite le corps de la femme en recherchant davantage force et vérité que grâce facile et élégance légère. Formes généreuses, cuisses charnues, ventre rond, seins lourds, cette silhouette alanguie célèbre la plénitude du corps source de vie, féminité épanouie chez Volti.
Héritier de 2000 ans de traditions, ayant assimilé toutes ces influences, y ayant incorporé sa sensibilité propre, Volti a trouvé son style dans lequel on reconnaît les données constantes de la statuaire de la Méditerranée.
Antoniucci Volti, dit Volti, naît le 1er janvier à Albano (Italie). Sa famille s'installe à Villefranche-sur-Mer en 1905. Son père, d'origine italienne (pérousse) est tailleur de pierre. Volti entre à l'Ecole des Arts décoratifs de Nice. En 1932, il obtient deux médailles d'or à la Foire de Marseille pour deux bas-reliefs polychromes.
Cette même année, il vient à Paris et s'inscrit aux Beaux-Arts dans l'atelier de Jean Boucher, où il est reçu élève temporaire à la fin de l’année. Il obtient le premier second Grand prix de Rome. Pendant toute cette période, il travaille tous les après-midi pour vivre, faisant des moulages, de la peinture en bâtiment, des décorations diverses, etc.
Par ailleurs, il obtient différents prix de l'Ecole et de l'Institut (prix Roux, Prix Lemaire-Bridau, etc). Appelé sous les drapeaux en mars 1939, il est fait prisonnier au moment de l’armistice, le 22 juin 1940, après avoir reçu la croix de guerre.
Après avoir été malade, Volti est rapatrié. Il retrouve son atelier au 5 de la rue Jean Ferrandi qui est détruit par une bombe le 2 Septembre. Ses réflexions au cours de sa captavité et ce sinistre ont détruit tout son passé artistique et les influences diverses qu'il a reçues de ses maîtres.
Antoniucci Volti commence véritablement sa carrière de sculpteur et signe désormais ses oeuvres « volti ». En 1947 l'artiste réalise une statue pour l'église Notre-Dame-du-Veau à Paris, et le monument de Coutance. En 1948, Volti réalise un buste de Léonard qui sera acquis par les Musées de la ville de Paris et "Groupe de baigneuses" en terre cuite pour celui du Chateau Cambrésis.
Volti expose au salon de Mai, des tuileries et d’Automne. En 1952, Volti réalise "Harmonie" qui entrera au Musée national d'Art moderne ainsi que le "Buste de Pierre" pour la ville de Paris. il exécute une décoration pour le sanatorium d'Abreschviller en Moselle; il fait une exposition particulière au Centre des relations internationales.
Les réalisations pour des villes du monde entier s’enchainent: Paris, Lausanne, New York, Shanghai…. On trouve ses sculptures dans les espaces publics de plusieurs villes françaises ( Nice, Menton, Angers, Le Havre, Bayonne, Albi, Strasbourg etc.) ainsi que dans des collections privées (Alain Delon).
Euphrosyne, Aglae et Thalie, les Trois grâces de Volti sont présentes depuis 1961 dans le jardin Albert 1er à Nice, et reçoivent des milliers de visiteurs depuis que la ville a aménagé en centre ville un parc de 12 hectares, la promenade du Paillon. En 1981, Création de la Fondation Musée Volti à Villefranche-sur-Mer.
En voyant mes photos, vous avez compris que l’un des thèmes majeurs de l’inspiration de Volti est celui de la maternité. La femme chez Volti ne sert pas uniquement de prétexte à un jeu purement géométrique, à une plastique déshumanisée. La femme est le plus souvent chez lui l’incarnation de l’ivresse de vivre, de la beauté, elle est l’exaltation sensuelle, la vie même.
Puis, il y a la brisure, en 1985, le mal le prive de l’usage de son bras gauche. Volti est mort à la sculpture. Le talent de Volti est transcendé par la douleur et la souffrance. L’artiste produit des dessins tragiques torturés à l’image de ce qu’est désormais sa vie. Cet homme au physique puissant, animé d’une force quasi-tellurique, subit en novembre 1985 une première attaque cérébrale qui l’éloigne à jamais de son métier de sculpteur.
Gardant l’usage d’une main, il se remet après quelques mois à tracer sur de grandes feuilles des dessins, souvent proches de l’abstraction, qui sont autant de témoignages du dialogue douloureux qu’il noue avec la figure du Christ . Volti meurt le 14 Décembre 1989 à Paris. Mais il restera à jamais l’enfant de Villefranche….
DIAPORAMA DU MUSEE