La route des Grandes Alpes dans le comté de Nice
Soit en passant par Menton ou en venant de l'Escaréne par le célèbre col du Turini chers au rallie de Monte Carlo, vous emprunterez ce que l’on appelle "la route des grandes Alpes". Sur ce parcours se découvre plusieurs vestiges de fortifications qui ont vu des combats acharnés de tout temps.
Vestige de ruines de camp militaire
Aujourd’hui, l’endroit est plus paisible et les vacheries de l’Authion fournissent aux randonneurs la fameuse tomme du Mercantour ou encore le brous et la brousse. Peu importe de quel coté on se trouvait, Français, Italiens, Niçois, Sardes, Autrichiens, Piémontés, Allemands ont combattus et sont mort pour défendre ce qui leur semblait juste.
Ruines d'un camp fortifié construit de 1877 à 1940
L'Authion fait parti des plus grandes batailles de l'histoire de notre région car les combats furent acharnés, rudes, impitoyables, mais aussi très difficile à cause de son relief torturé. Les sommets dépassent les 2000m d’altitude dans les Alpes Maritimes, voire atteignent même les 3000m pour plus de 5 sommets de notre département..
Le char Stuart M5A1 du 1er RFM
Les fortifications dans l'arrière pays niçois témoignent de l'histoire chaotique de notre comté et des stratégies mise en place pour préserver et conquérir des territoires importants car les Alpes furent la porte d’entrée à la péninsule italienne et à bien d’autres pays ou l’appétit féroce de Napoleon était sans limite.
Le char d'assaut américain fut le seul char capable de monter à une altitude de 2000m à l'époque
Il fut un temps ou le Conseil départemental des Alpes Maritimes éditait un fascicule sur l’ensemble des fortifications de la ligne Maginot dans les Alpes Maritimes. J’aimerai bien y remettre la main dessus car celui ci a été épuisé et non renouvelé.
La ligne Maginot dans le comté de Nice (le mot comté a un sens administratif et non féodal) se trouve à plus de 2000m d'altitude constituée de fortifications, de blocs souterrains, bâtie durant l’entre-deux-guerres et destinée à la défense des troupes alpines tout au long des frontières avec l'Italie.
La Vacherie des Cabanes Vieilles
Encore plus ancien, vous y verrez un dispositif bâti à partir de 1874 et jusqu’au début de la Première Guerre mondiale composé d’ouvrages d’interdiction, de protection et de surveillance, destiné à adapter les anciens sites fortifiés aux nouvelles techniques de combat et aux progrès de l’artillerie.
Un panorama à 360 degrés...le pays de Nice. Les Alpes Maritimes 70% de montagne.
Dressées sur leur promontoire naturel ou adossées au relief, on les appelle « sentinelles » , mais elles ne sont pas muettes : une douzaine de fortifications édifiées dans le comté de Nice du 16e au 20e siècle, pour une large part à proximité de la frontière franco-italienne, racontent le passé de notre département qui fut de tout temps convoité par la France et les pays voisins.
Le camps des Mille Fourches
Mosaïque de royaumes, de principautés, de duchés, de marquisats, de comtés, notre région fut le théâtre de conflits et de luttes d'influence. Maitriser les Alpes, accéder à la royauté, s'étendre vers la Méditerranée et la péninsule italienne, telles ont toujours été les ambitions de la Maison de Savoie.
Une cloche guetteur et fusil-mitrailleur
Le comté de Nice occupait une position stratégique, puisque le port de Villefranche constituera le seul débouché maritime pour les états de Savoie, avant qu'ils n’obtiennent le port de Gênes à partir de 1815 .... Et le lieu de tous ces combats s'appelait l’Authion.
Cloche GFM type B
Le Massif de l'Authion est un lieu chargé d'histoire. Culminant à plus de 2000m d'altitude, il domine par des pentes vertigineuses les vallées de la Vésubia, de la Bévéra et de la Roya, véritable forteresse naturelle, l’Authion fait face au col de Tenda qui, tout au long de l'époque moderne est le passage obligé de la "route du sel" entre Nice et la capitale Piémontaise, Turin.
Le camp de la Forca
La proximité du col de Tenda et le relief tourmenté du site donne à l'Authion une grande importance stratégique. Une puissante ligne de défense a été organisée autour de l'Authion: redoutes, tranchées, abritent plus de 14000 hommes et de nombreuses pièces d'artillerie.
Bien décides à s'ouvrir la porte du Piémont, les Français déclenchent une offensive générale contre l'Authion. Du 8 au 12 juin 1793, près de 20 000 hommes sont engagés pour déloger les Piémontais-Sardes de leurs positions. Mais tous les assauts Français sont repoussés, les pertes sont considérables : en quelques jours, plus de 2000 hommes sont mis hors de combat.
Sentier de randonnée de l'Authion par la Cime du Diable au refuge des Merveilles..dénivelé 950m, altitude 2900.
Au printemps 1794, une nouvelle offensive est lancée. Toutes les attaques frontales ayant échoué, l'état-major français décide de contourner l'Authion par l'est en traversant illégalement le territoire neutre de la République de Gênes alors hors du conflit. Le commandement de l'artillerie est confié à Bonaparte, l'exécution de la manœuvre au General Masséna.
La réussite est totale: les Français s'emparent de Saorge (Saorgio) le 29 avril 1794 et de la vallée de la Roya. Pris à revers, menacés d'encerclement, les Sardes évacuent l'Authion. Désormais les Français occupent la totalité du Comte de Nice.
Le fort de la Redoute
En 1815, Napoléon est battu à Waterloo et la France doit renoncer à ses conquêtes: le Comté de Nice est rendu au royaume de Piémont-Sardaigne. Mais on sait que ce n’est que parti remise car l’appétit féroce des français pour conquérir les territoires des autres est sans limite… Mais pour le respect de ses chasses royales, Victor Emmanuel II, roi du Piémont, conserve quelques territoires sur le versant français jusqu'en 1947 et l'arrivée d'un autre dictateur général.
La redoute des 3 communes
La Haute-Roya restant sous influence piémontaise, la nouvelle frontière entre la France et le jeune état italien suit la crête de la cime du Diable. L'Authion devient un massif frontalier. Dans les années 1870, les relations franco-italiennes se dégradent: pour l'état-major français, il est nécessaire de réorganiser la défense de la frontière des Alpes.
On voit les impacts de balle
De vastes travaux de fortification sont engages pour rendre toute tentative de percée italienne impossible. Considéré comme la clef de voûte de la défense des Alpes-Maritimes, l'Authion reçoit une attention particulière. Une fois l'accès au massif facilité par l'ouverture de plusieurs routes stratégiques, le Génie entreprend la construction de plusieurs forts.
La partie souterraine est bien sur 10 fois plus importante
Le débarquement allié en Afrique du Nord de novembre 1942 entraîne l'invasion de la zone libre : l'Authion est occupé par l'armée italienne, Mussolini considère que ces territoires sont naturellement italiens. Il a dans un sens raison, mais le Duce est un dictateur qui s'est allié avec le diable. Puis, à partir de septembre 1943 les Allemands occupent les montagnes alpines.
Suite au débarquement en Provence le 15 août 1944, les hostilités reprennent dans notre région. Harcelés par les alliés, les allemands abandonnent le littoral et se replient sur l'arrière-pays afin de constituer une position de résistance efficace. Les allemands transforment l'Authion en camp retranché.
Abris de campagne, champs de mines, nids de mitrailleuses viennent compléter les anciennes fortifications. La défense du massif est assurée par les soldats aguerris du 107eme Grenadier régiment qui ont longtemps combattu sur le front Russe. Le 12 avril, le fort de l’Authion est pris d'assaut par un char soutenu par cinq soldats volontaires.
Au terme d'une ascension périlleuse, le caporal Césaire Le Mercier, un breton appartenant au 1er BIMP, pénètre seul dans l'ouvrage et en ressort avec 38 prisonniers. L’ensemble du front allemand s’effondre le 24 avril 1945. Plusieurs centaines de soldats des deux camps ont laissé leur vie dans cette bataille, l’une des dernières sur le territoire du comté de Nice.
Cabane de berger
*Vaches, chèvres et brebis, lait et fromages, constituent les piliers des fromages du Mercantour. De la tomme traditionnelle qui dissimule sous sa croûte toute une culture en passant par les pâtes molles, du Baumugnes aux Tarentines, jusqu’aux pâtes cuites, le Pastre Mage, fromage de garde; sans oublier les Petits Diables, les lactiques frais qui allient douceur et acidité…
Vacherie de l'Authion altitude 1850m
Au printemps revient le Bleu d’Azur, en été les Tommes d’alpage de Longon très fruitées, suivi en automne par la Tomme au foin qui fera place en hiver à la Tomme aux truffes. Faisselles fermières, Fromage blanc, Petits suisses, sans oublier les Laits de lune. Enfin, il y a le brous (ou cachetti) un fromage fort, et aussi la brousse à ne pas confondre.
De nombreuses "vacheries" accueillent, pendant la période estivale, les bovins des vallées environnantes. Ce sont des bâtiments qui regroupent l'habitat des bergers, la fromagerie, l'étable et la cave pour l'affinage du fromage "de montagne" fabriqué sur place.
DIAPORAMA AUTHION