QUE NE FERAIT T’ON PAS AU NOM DE DIEU ! (partie 2)

Une jeunesse belle et saine du pays niçois... celle qui se trouve dans nos montagnes et qui est attachée aux traditions

Cette fête célèbre la présence réelle de Jesus Christ dans le sacrement de l’Eucharistie, c’est-à-dire sous les espèces (apparences sensibles) du pain et du vin consacrés au cours du sacrifice eucharistique. Les origines de la fête du Corps et du Sang du Christ remontent au XIIIe siècle.

Ces traditions viennent bien sur de l'Italie voisine

Je vous l’ai souvent dit, il y a un gouffre culturel dans les Alpes Maritimes, si vous habitez, soit la montagne ou soit le littoral. Mais comme le département est constitué à 70% de montagne, celle ci l’emporte largement. L'arrière pays niçois conserve sont authenticité trés catholique.

Les sapeurs pompiers de Tourrette-Levens

Le paradoxe de ce département, c’est qu'en peu de kilomètre on se retrouve des paillettes de Cannes et la Riviera à la vie paysanne et montagnarde de l’arrière pays niçois et toutes ses coutumes authentiques.

A Tourrette-Levens (Toureta en langue niçoise) l’accueil est incomparable, chaleureux et accueillant. Ici nous sommes entre niçois de souche, la majorité des habitants ont des patronymes italianisant…. Le général Tordo enfant du pays est une des fiertés du village.

Lorsqu’en 1792, les troupes révolutionnaires françaises du général Anselme franchissent le Var, le sang de Guiseppe Tordo, natif de Tourrette-Levens, ne fait qu’un tour. Il ne va pas laisser envahir son beau comté de Nice, sans réagir.

On allume les coquilles d'escargot

Il s’engage alors dans l’armée du royaume de Sardaigne. Ce grand jeune homme fougueux s’illustre en 1793 en combattant à Gilette, au-dessus de la plaine du Var, village sarde qui vient d’être pris par l’armée française.

Toureta countea de Nissa, regina de li flou (Toureta contado di Nizza, regina dei fiori)

Il s’empare d’un drapeau français bien qu’ayant été blessé à la tête d’un coup de sabre et met en fuite les barbares révolutionnaires au coté de son ami Gasiglia. Le maire actuel qui a comme nom Gasiglia est bien connu à Nice ou une rue porte le nom d’un conseiller général des années 1880.

Contrairement au littoral, les vrais niçois se trouvent dans les villages perchés de l’arrière pays de la capitale azuréenne. La seule petite différence, c’est que l’on y parle le Gavot un dialecte qui n’est ni provençal, ni nissart. Il est souvent confondu avec le niçois ou vu comme un niçois conservateur.

La procession aux limasses

Il est entouré au nord par les langues suivantes : le savoyard, et а l'est par le Piémontais et le Ligurien (parler royasque inclus). Je ne le parle pas mais je le comprends. Puis, ce n’est pas un problème, les gens sont tellement gentil ici que ça me change du littoral avec tous ces étrangers, français y compris !

la « Proucession daï Limassa »

Par contre la religion est bien présente dans ces contrées de montagne, elle fait partie de la vie des gens qui y sont très attachés. Une naïveté qui ne me dérange pas, car elle se trouve dans le bon coté de l’aspect religieux.

Dio vi salvi, Regina. E Madre universale, Per cui favor si sale. Al paradiso.

La procession aux limaces (limassa coquille, bavua sans coquille) est une expression d’une ancienne piété populaire du pays niçois, ou à  l’octave de la Fête-Dieu ou Fête du Saint Sacrement, appelée également «la processioun de l'outava ».

Padre nostro che sei nei cieli

Elle a été instituée la coutume d’une fête «à la procession aux limaces, pour remercier la Vierge de la bonne récolte d’huile d’olives  l’or liquide du pays niçois considéré encore à  ce jour comme la meilleure huile d’olive de «  France».

Ici on s'appelle Gasiglia, Tordo, Rostagni, Bertaina, Acchiardo, Venturelli...... nous sommes niçois... per sempre  e soulamen nissart !

Maintenant il s’agit en fait de la fête du Saint Sacrement, devenu ici la marque identitaire du passé agro-pastoral de Tourrettes-Levens petit village de l'arriere pays niçois.

Les habitants prennent beaucoup de soin à  décorer les rues et les maisons avec des fleurs provenant directement de leur jardin ou de la campagne, pouvant former des figures comme un coeur, une croix, une colombe ou les armoiries du quartier par exemple.

Dans les recoins des ruelles

Tout au long du parcours sont disposés au sol des coquilles d’escargots remplis d’huile dans laquelle trempe une mèche, et des reposoirs ou autels sont disposés en différents endroits le long du parcours.

La cérémonie commence de nuit à  l’église Sainte Rosalie par la messe qui y est dite, suivie de la procession dédiée à  l’adoration du Saint Sacrement, qui part au son des cloches, conduite par le prêtre portant l’ostensoir avec l’hostie consacrée, suivi de toute la population dans un profond recueillement.

Le prêtre marque l’arrêt devant les autels ou les fidèles adorent le Saint Sacrement, conduit la procession jusqu'à une chapelle du village, puis s’en retourne à  l’église ou se termine la cérémonie.

Tourette-Levens est un joli village médiéval sur les hauteurs de la capitale du comté. Il vient du mot tour. Appelé à  partir du X siècle «Castrum de Turre», le village reçut ensuite le nom de «Castrum Turretarum» et «Oppidum Turretarum » à  cause des nombreuses tours qui flanquaient les remparts du château.

Des six tours anciennes, dont trois étaient rondes et trois carrées, il n'en subsiste qu'une seule, au château actuel réparé au siècle dernier. Après le congrès de Vienne et l’annexion du Pays niçois par la France révolutionnaire et barbare, Tourretas de Nizza devient Tourette-les-Nice et en 1920 Tourette-Levens.

Il n’est pas le seul à faire cette procession aux lissassa, elle a été maintenue dans quelques villages: Bouyon, Sigale, Gorbio, Roquestéron, la liste n’est pas exhaustive.

Les anges et les croix sont beaucoup représentés 

D’ailleurs en empruntant la route de Nice à Tourrette Levens, on remarque le panneau: La Route des Brea.  C’est la route du sacré ! Le panneau indique la découverte du patrimoine religieux des Alpes-Maritimes et invite à  découvrir les retables réalisés par l’école des « primitifs niçois» et notamment ceux de Ludovica Brea né à Nice en  1450.

Voici maintenant un mode d’emploi pour les novices de la procession aux limaces: Etaler le sable sur le sol de la taille du motif que vous souhaitez confectionner. A l’aide du gazon créer les lignes de votre dessin et décorer avec les pétales de fleurs que vous avez trouver dans la campagne.

Poser les coquilles d’escargot de façon à bien éclairer votre motif au moment venu. Mettre une mèche puis remplir d’huile d’olive ou d’alcool à bruler. A la tombée de la nuit attendre le top départ pour allumer quand la croix géante dans la montagne s’éclaire.

Puis profiter de la beauté du spectacle !  Bien sur, le seul restaurant du village vous proposera toutes les spécialité du terroir, la pissaladière, la tourta de blea, la socca, les croustaou de tapenade et une bonne bière de la countea.

La soirée se termine en beauté avec un Concert-Balèti animé par le groupe “Pistou Connection ”. Ensemble, ces « jouvé dau pais » créent de nouvelles compositions sur-vitaminées sur des airs de rock, funk, ska ou même reggae en langue niçoise bien sur !

et la soirée se termine avec le baleti

                                                  DIAPORAMA LA PROCESSIOUN