Le sentier descend sur 1km avant de remonter dans l'autre sens de la rive sur la même distance
j'ai l'agréable surprise de découvrir un beau et bon sentier. Encore appelée carrière de la Combe, c'était une carrière de marbre rose. Une fontaine de Saint Vallier aurait été construite avec ce marbre : sans doute, celle située devant le Relais Impérial ou Napoleon Bonaparte partit de Golfe Juan à son retour de l’île d’Elbe pour tracer la route dans les Alpes du sud qui s’appelle aujourd’hui la « Route Napoleon ».
Ici le muret de pierre sèche sert de sentier à travers le maquis
Saint-Vallier-de-Thiey est une des portes du Parc Naturel Régional des Préalpes d’Azur. Cette carrière située sur la commune de Saint-Vallier-de-Thiey, également dénommée la marbrière, fait partie des nombreuses carrières exploitées au cours du XIXe siècle sur la commune.
J'arrive au front de taille de la marbrière
Son exploitation débute en 1877 et se prolonge jusque dans l’Entre-Deux-Guerres. Depuis longtemps abandonné, le site offre peu de vestiges de l’exploitation en dehors du front de taille : on remarque un petit bâtiment ruiné et, à proximité, un gros réservoir cylindrique couché.
je reprends mon itinéraire en sens inverse
Exploitée conjointement par deux associés, le comte A. Dillon de Micheroux et F. Turrétini de 1877 à 1879, l’extraction revient exclusivement à ce dernier en 1879. Elle le reste après une brève cession à un nommé Tardieu jusqu’en 1904.
Sur ce bloc on voit bien la couleur rose du marbre
Cette année-là, une autre branche de la famille de Micheroux, représentée par J. Micheroux de Dillon reprend l’exploitation et fait faillite quelques années plus tard, en 1908. Après une brève période (1909-1911) pendant laquelle les carrières passent aux mains de trois banquiers italiens, les frères Aquasciati, on apprend qu’un autre Italien, M. Sanguinetti, est intéressé.
La fontaine à Saint Vallier de Thiey devant le relais Imperial ou s'est arrêté Bonaparte
On ne sait si la transaction a été conclue mais, en 1928, on retrouve la mention des carrières de la Combe dans une lettre de M. B. Achard qui en demande la concession. Il cède en 1931 le droit d’exploiter ces carrières à une société lyonnaise.
J'emprunte maintenant la rando pour me rendre au Castellaras et derrière moi, je vois la montagne de Thiey, l’audibergue, le Lachens d'Esclapon quelques sommets à 1700 et quelque !
Enfin, en 1943, on apprend que la cadonnée sert de lieu de dépôt d’explosifs. Au début du XXe siècle, la reprise de l’exploitation par M. Jean de Micheroux de Dillon marque le début de la modernisation de l’extraction. Il désire abandonner les anciens systèmes pour pouvoir lutter contre la concurrence et veut adopter la technique des scies à fil hélicoïdal.
L'itinéraire a un petit dénivelé
L’énergie nécessaire serait fournie par l’électricité ou par un moteur assez puissant pour entraîner le mécanisme. Des progrès de la fin du XIXe siècle, le plus important est certainement le fil hélicoïdal. Inventé en 1854 par un ingénieur français, Eugène Chevalier, le principe est le suivant :
Sur le sentier une première borie en super état
une cordelette d’acier montée en boucle entraîne dans sa course un produit abrasif, appelé service (mélange d’eau et de sable siliceux puis de carbure de silicium ou Carborundum), dont le frottement use la roche.
et des ruines de vieilles bergeries
La commune de Saint-Vallier-de-Thiey semble avoir été le terrain privilégié d’activités d’extraction. La pierre sous toutes ses formes y a été exploitée, exclusivement dans des carrières à ciel ouvert. On trouve au premier rang la pierre à bâtir, brute ou équarrie.
de jolies chardons bleus
Les calcaires qui semblent avoir eu la préférence sont ceux du Mont dit Coulet de Valens ou Collet de Valens dont la texture imitait le marbre. Elle est d’ailleurs exploitée par un maître marbrier résidant à Grasse. D’autres pierres, plus tendres, sont également extraites au lieu-dit Grand Vallon dans le même quartier du Valens.
encore un passage à travers les rochers (balisage jaune)
Une dernière carrière est localisée sur le col du Pilon. Le vallon de la Combe semble avoir offert les marbres les plus recherchés en termes de texture mais aussi de couleur. La pierre lithographique utilisée pour l’impression de dessins ou de gravures nécessite un calcaire au grain très fin.
Toujours l'une de ces cabanes en pierre sèche
Dès 1897, cette pierre présente sur la commune était extraite au col du Ferrier (ce nom de Ferrier provient de l’activité métallurgique qui a été mise à jour dans ce secteur) proche du plateau karstique de Caussols mais toujours sur la commune de Saint-Vallier-de-Thiey.
L'entrée de l'oppidum ligure dit castellaras de la Malle
D’ailleurs, un village ligure appelé du Ferrier existe à proximité, il exploitait le minerai de fer, et continua de prospérer pendant la période romaine jusqu’aux 3ème et 4ème siècles de notre ère. Le nom peut désigner soit celui qui travaille le fer, un forgeron, soit une mine de fer.
Ce camp et ces murs datent de 3000 ans
C’est à partir du col du Ferrier, juste au dessus de la marbrière que je démarre ma seconde randonnée pour me rendre à l’un des plus prestigieux camps ligures daté de 1000 ans avant J.C., aux murailles de 6m d’épaisseur assez bien conservées (3000 m3 de pierres) à 1247m d’altitude et en continuant sur la colle j’atteins les 1400 mètres d’altitude.
Les Ligures étaient un peuple situé dans le nord de l'Italie entre les fleuves du Var, de la Magra et du Pô au nord. La ligurie de l’époque pré-romaine correspondait à la région de ligurie, à celle du piémont, de L’Emilie Romagne et du département des Alpes Maritimes italiques.
L'oppidum ligure est l'un des plus importants dans les Alpes Maritimes sur les 418 répertoriés
Le terme Italique désigne les peuples de langue italique établis pour la plupart dans la péninsule italienne. Les ligures et les étrusques composaient les deux peuples les plus importants de l’Italie du nord actuelle avant les romains.
*Au dessus du château, le clapier ou montagne de la femme morte. La légende d'une sorcière lapidée par les villageois et avant de mourir, aurait proféré des menaces de malédiction à toutes personnes passant devant son corps si elles ne continuent pas à jeter une pierre. Au col du Clapier un énorme tas de pierre haut de plusieurs mètres continue par superstition à grandir.
Le château de la Malle est aujourd'hui un domaine agricole d'élevage d'ovins et de bovins
En 1996, on avait inventorié 418 oppidums ligures dans les Alpes-Maritimes. Ces enceintes en pierre sèche étaient un élément défensif mais aussi à vocation culturelle ou sacrée.. L’importance de l’enceinte de la Malle pourrait montrer qu’elle a joué un rôle important dans la région.
Le sommet dit de la Colle
Elle est datée de l’âge de fer. L’importance de ces enceintes a dû nécessiter des travaux qui ont duré plusieurs années. L’enceinte de la Malle est la plus importante et la plus spectaculaire des enceintes des Alpes-Maritimes, située à 1247 mètres d’altitude et dominant toute la plaine, au sud.
Superbe panorama sur le lac de Saint Cassien et sur le golfe de Saint Tropez au loin
Enceinte en arc de cercle sur à pic avec mur de soutènement sur rempart. Le rempart principal a un parement interne de 4 m de large et 5 m de hauteur maximale. Une muraille fermant une surface de 108 m de long et 31 m de largeur avec 2 portes d’accès de 3 m de large au nord et au sud contre l’à-pic. Certains blocs font 1 m3.
On dirait un désert américain ou bien dans la pampa !
Une seconde petite enceinte permet de protéger les accès. Une porte est précédée d’une sorte de tenaille fermée d’un côté par le rempart, et de l’autre côté par la falaise. À l’intérieur de l’enceinte des fonds de cabanes ont été trouvés. C'est un oppidum ligure qui servait de lieu de refuge et de tour de guet. Ses dimensions sont impressionnantes.
Molène Thapsus quand elle n’est pas sèche, ce sont pleins de fleurs jaunes tout le long de la tige
Tout le long du sentier de randonnée et à proximité de celui ci, on trouvera de nombreuses bories et murs d’enclos. Les bories sont des cabanes en pierres sèches bâties sur le principe de l’igloo.
Ça fleurit au printemps et puis la chaleur de l'été les font sécher
Elles servaient d’habitats saisonniers aux bergers et paysans. L’élevage a jadis suscité une dispersion de l’habitat ainsi que la construction de bergeries et de nombreuses bories.
Une nouvelle borie plus abimée cette fois
Si les bories dans les départements du sud de la France sont datés du XVIIIe siècles, il faut savoir que dans le département des Alpes Maritimes qui faisait parti de la péninsule italienne, les bories sont bien antérieures et daterait plutôt de la période du néolithique des peuples ligures.
Ça ferait une belle table
La preuve en est avec l’important camps ligure du Castellaras de la malle fait en pierre sèche. Plus tard au XIX et XXe siècles le pastoralisme des bergers alpins s’est servit de ces bories comme abris.
Entrée d'une borie caverne
Une fois le Castellaras passé, la montée à La Colle s’impose pour le magnifique point de vue sur le littoral. Encore une fois en faisant un tour sur soit même à 360°, on voit toutes les montagnes qui composent le département des Alpes Maritimes, du Cheiron à la chaine du Mercantour.
Le plateau de Caussols et ses alentours sont le plus grand site karstique d'Europe
Tout en apercevant à proximité les petits sommets des préalpes de Grasse, La colle du Maçon, le Haut Montet, le col du Clapier ou la Femme morte, le Puy de Tourrettes, l’Audibergue, la Colle de Rougiès, le pic des Courmettes, le Baou de Saint Jeannet, le Doublier (je les ai tous fait en rando)…. Une sympathique randonnée au milieu du maquis du Parc Régional des Préalpes d'Azur.
Je termine la randonnée par une autre borie
DIAPORAMA CASTELLARAS DE LA MALLE