Joubarde des montagnes
Pour tout randonneur de haute montagne, le refuge du lac d’Allos est incontournable. Ne pas y aller boire, ne serait ce qu'un verre est à mon sens une erreur tant le cadre est extraordinaire. Il va sans dire que ce peut être le point de départ de randonnées beaucoup plus ambitieuses pour les randonneurs expérimentés.
Corydale Bulbeuse et Joubarde à droite dans un rocher
En effet, le refuge du lac d’Allos est situé tout comme son nom l’indique aux pieds du lac d’Allos. On bénéficie d’une vue directe sur le lac que ce soit sur la terrasse ou à l’intérieur du gite. On y est presque les pieds dans l’eau car la terrasse est face au Lac. Imaginez l’instant. Quel luxe devant un paysage parfait.
des tapis de joubardes
Nous voici donc installé au refuge du Lac d'Allos, nous sommes immédiatement accueilli par Fréderic Sala qui nous dirige au dortoir pour y déposer une partie de nos sacs à dos, ce qui va nous soulager pour faire la prochaine randonnée autour du lac ainsi que ses surplombs. L’ambiance intérieure du refuge est de style montagnard bien évidemment (bois, sobriété..). L'accueil est immédiatement chaleureux et on plaisante deja avec Frederic.
lac d'Allos, le sentier des merveilles
Le menu unique pour tous est lui aussi de type montagnard. Bien que la carte du repas soit assez peu fournie (vous comprendrez pourquoi, le gîte est soumis aux règles du parc national du Mercantour et le ravitaillement est rare), les plats servis sont de qualité et recherchés. Le refuge est ouvert de juillet à septembre de chaque année, le reste du temps celui ci est sous la neige et peu accessible.La Randonnée alors, ce fera en raquette...
Ail à fleurs de narcisse
Le refuge est géré par Frederic Sala et Pierre Mercieca. Une étudiante Vietnamiene venue faire une thèse vient renforcer l'effectif du refuge ainsi qu'une autre étudiante Française. Il y a trois dortoirs, l'un se situe dans le chalet annexe et se compose de 30 lits. Les deux autres sont dans le refuge principal et se composent d'un dortoir de huit lits et d'un autre de 6 lits.Ici, pas de reseau, ni de wifi, l'électricité se fait à partir d'un groupe électrogéne. Tout est éteint à partir de 22h et le matin, il faut liberer les dortoirs au plus tard à 8h. Nous sommes évidemment bien loin du Carlton de Cannes ou du Negresco de Nice.
Valeriane des montagnes
Frederic nous installe dans le dortoir de huit personnes. Nous serons deux hommes pour six femmes. Mon lit se trouve juste devant la fenêtre qui surplombe le lac, magique, extraordinaire, stupéfiant... je ne pouvais pas rêver mieux ! C'est le nirvana total.
Tussilages au pied de la roche
Lors de notre randonnée, nous ne sommes pas surpris de rencontrer une grande variété de plantes et d’animaux. Ainsi sur le site, nous observons des marmottes, et des vautours fauves toujours aussi impressionnant. Enfin on est en admiration par la très grande variété des plantes qui composent le paysage. C’est somptueux.
La randonnée, ascension et tour du lac est d’environ 3 heures et s’adresse aux randonneurs avertis. Pour autant les sentiers sont de très bonne qualité et très agréables à pratiquer. On n’oubliera pas que nous sommes en haute montagne. Un minimum d’équipement est à prévoir. Pour notre sécurité, nous avons consulté la météo avant de partir qui ne prévoira pas d'orage important, mais de petites dépressions en milieu d'après-midi, ce qui me permet de vous faire voir des photos avec des lumières et des couleurs différentes.
marmotte sur un rocher de l'autre coté du torrent
On a de quoi être surpris devant un spectacle aussi saisissant. La flore du parc national du Mercantour est unique en Europe avec plus de 2000 espèces : saxifrage à fleurs multiples, joubarbe, silène acaule, gentiane, arnica, camomille, cintaurée, orchidée, safran qui offrent une palette multicolore au printemps.
je sors un peu de mon terrier
Le Mercantour est le seul Parc national français de montagne où l’on retrouve tous les étages de végétation; depuis la végétation méditerranéenne : chêne vert, olivier, ostrya, jusqu’aux landes à rhododendrons et aux pelouses alpines au-dessus de 2500 m, en passant par les forêts de sapins, épicéas, pins à crochets, pins cembros et surtout mélèzes.
joubarde et anémone coronaire
Sur les 4.200 espèces de plantes connues en France, près de 2.000 sont représentées dans le Parc national du Mercantour, dont une soixantaine d’espèces endémiques (que l’on ne trouve nulle part ailleurs). Au printemps et en été, c’est une véritable symphonie de couleurs…Avec ses sommets de plus de 3000 m d’altitude, ses multiples lacs glaciaires et ses vallées au caractère très affirmé, le Parc national du Mercantour constitue, à une heure de la mer, le joyau unique d’une nature sauvage préservée.
Un mélange complexe d’influences méditerranéennes et alpines contribue à l’originalité et à la variété des paysages, des milieux naturels, de la faune et de la flore ! Le massif du Mercantour est le dernier promontoire de l’arc alpin, juste avant qu’il ne plonge dans la mer Méditerranée et le Comté de Nice. Parcourir le Mercantour, c’est la garantie d’un émerveillement permanent : à chaque détour du chemin, un nouveau spectacle étonnant nous attend.
lichen sur la roche
Sur le chemin du retour par exemple, je contemple à nouveau les méandres sculptés par le chadoulin (résurgence d'une source du lac, c'est à dire la réapparition à la surface du sol d'un cours d'eau souterrain) qui cherche son chemin parmi tous les obstacles de la nature.
A l'origine, l'insolite plateau herbeux du Laus était un lac creusé par le même glacier. Au cours des millénaires suivants, le ruissellement, y déposa une importante quantité d'alluvions et de sédiments. Les eaux stagnantes furent ensuite colonisées par des organismes végétaux qui comblèrent peu à peu le lac en une succession de couches fossiles. On appelle cela une tourbiére. C'est ce que l'on peut voir en surplombant la prairie.
En ce qui concerne le lac d'Allos, j'ai oublié de vous dire que celui çi peut rester gelé six à huit mois de l'année. La couche de glace dépasse souvent un mètre d'épaisseur. Glace et neige interdisent la pénétration de la lumière. Le lac est alors en quasi hibernation.
Campanule des montagnes
En quittant un peu le sentier de randonnée et en montant dans les alpages, nous pouvons surprendre les marmottes qui sont partout, toute proches. Mais à chaque fois qu'elles " sifflaient "nous regardions le ciel, pensant découvrir un rapace comme le gypaéte barbu (que nous aperçevons d'ailleurs) ... Mais non, ce sont des marmottes, jouant, mangeant ou dormant devant leur terrier. Les fameuses marmottes du Mercantour.
A quelques mètres de nous, elles sont là sur un rocher, cachées dans un trou, courant dans l’herbe…Sans bruit, j'en observe quelques une et j'ai la chance d'en photographier, mais, cela se mérite tout de même !
gentiane jaune à droite
Pour survivre l'hiver, notre petit mammifère s'enferme dans son terrier et dort pendant six mois. Sa température peut descendre jusqu'a 5°, la respiration se réduit à un ou deux inspirations par minute et le coeur ne bat plus qu'a 10 ou 12 pulsations au lieu de 200 en pleine activité. Incroyable hein !
Sur des rochers, on croirait voir des peintures d'art naif. Les taches vertes ou brunes que nous voyons sur les rochers sont une forme de végetation pionnière appelée "lichen" et qui comprend quelques 20 000 éspeces différentes. Des etres étranges, parmi les plus agées et les plus primitifs de la flore terrestre. On les trouve aussi bien à l'Equateur qu'au sommet du Mont Blanc, car leurs besoins sont si modestes qu'ils ont pu coloniser les milieux les plus inattendus et les plus inhospitaliers.
sénéçon blanchatre
Leurs couleurs révelent la composition du support sur lequel ils se sont fixés. Une dominante verte signale la silice et noire quand il y a de l'humidité, c'est le cas pour ici. Il faut des siécles pour ajouter l'une de ces minuscules taches de couleurs sur la roche, pour vous dire l'extréme fragilité des lieux et le respect absolu que nous devons avoir dans ce parc d'une incroyable richesse.
troupeau de moutons dans l'alpage du bas et maison forestiére
Mais voila que le ciel se couvre vite et la brume descend sur les sommets des fameuses "tours" ! Il est temps de rentrer au refuge pour ne pas prendre l'orage en chemin ! L'endroit si joyeux sous le soleil devient presque éffrayant ! Heureusement le refuge n'est pas loin avec un bon chocolat... la pluie se met à tomber. C'est ça la haute montagne !
Sur le chemin du retour, nous rencontrons le berger que nous avons vu la veille au refuge et qui était venu nous dire un petit bonsoir. Avec son fils et son épouse, ils sont en train de faire le tri des bêtes malades ou blessées de leur troupeau. Une fois fini, ils vont les soigner une à une, panser les bléssures, piqure d'antibiotique, anti inlamatoire, nettoyer leur sabot et parage des onglons. Notre randonnée se termine en se faisant la promesse d'y revenir une autre fois, on ne se lasse pas d'un endroit pareil. Entre ciel et mer, il est un paradis et il s'appelle Mercantour.
DIAPORAMA DE LA RANDONNEE