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Pour tous ceux qui désirent connaître non plus une Cote d’Azur artificielle mais une terre de culture et de mémoire suivez moi. Les Alpes Maritimes possèdent un particularisme né d’un isolement géographique, terre de contraste, elles offrent une tradition enracinée dans un passé fertile souvent ignorées.
Le premier village que je vous fais découvrir n’est pas très loin de Grasse à quelques kilomètres de la cité des parfums. Dans le parc régional des prés-alpes de Grasse et non loin de la station de ski de Gréolieres les Neiges. D’ailleurs, c’est le village ancien du même nom que je vais découvrir. Il y a deux solutions pour accéder à ce village. Soit en passant par les gorges du loup ou soit plus haut par le village de Gourdon classé parmi les plus beaux villages de France. En moto, je choisis la première solution pour le plaisir de faire les gorges le matin, j’entreprendrai le retour dans l’après midi par la seconde …
Une belle route, la D 2 avance pratiquement à l'horizontale dans cette vallée très ouverte de la vallée du Loup. Je n'ai parcouru que 11 km et me voila déjà arrivé à hautes-Gréolieres. Dans un virage en épingle qui domine le village de Gréolieres j'ai "filé tout droit" sur une étroite prairie. Je suis en contre bas des ruines de Hautes-Gréolieres. Le village que je domine est appelé Gréolieres-Basses. Il se serait crée après le château, au XIIIe siècle, formant ainsi un castrum.
Ce château est mentionné pour la première fois en 1079. Vers 1230, le comte de Provence Raymond Béranger V l'assiège et s'en empare. Puis, pour le contrôler, il fait construire le château qu'il donnera ensuite à Romée de Villeneuve (Villeneuve-Loubet) retirées à des seigneurs qui avaient pactisé avec la ville de Grasse en rébellion contre le comte de Provence (Grasse étant déjà un évêché administré par celui de Nice).
Ses descendants, les Seigneurs de Vence, le garderont jusqu'a la révolution. Le castrum est mentionné pour la première fois en 1232 sous l'appellation "l'autre castrum de Gréolieres". Il possédait originellement un donjon de plan carré de 6.90 mètres de coté, les murs ayant plus de deux mètres d'épaisseur.
C’est en 1315, que hautes Gréolieres est le plus prospère, 86 feux soit 560 habitants y sont alors recensés ! Les malheurs vont alors s’acharner sur cette florissante communauté rurale : de 1348 à 1350 la hideuse « peste noire » décime la population, à partir de 1356 des bandes armées ravagent la région jusqu'à la fin du siècle, en 1364 la famine s’installe après une sécheresse et une invasion de sauterelles.
En 1368, on repeuple les proches villages de Cipieres et Caussols devenus vide par des familles de Figons d’origine génoise comme la plupart des villages du département. Mais c’est en 1385 que le coup fatal sera porté à Hautes Gréolieres, à la suite des combats opposant les armées des héritiers de la reine Jeanne. Gréolieres et ses environs sont complètement dévastés par le passage des troupes* victorieuses qui détruisent tous les blés, vignes et fruits du terroir.
Vers 1400, le château est agrandi et un nouvel accès est crée au sud est. Celui ci contraint l'arrivant à présenter son flanc droit vers le château, c'est à dire à marcher à découvert puisque c'est la main gauche qui tient le bouclier. Aujourd’hui, il garde encore son enceinte polygonale sur trois cotés.
Gréolieres actuel dans la vallée du Loup au bord du précipice
En 1570, un des barons de Vence est protestant, et se refugie dans le château de Gréolieres Basses: les deux châteaux ont donc été très meurtris par les guerres de religion. Le dernier habitant de hautes Gréolieres quittera son village au début du XXe siècle pour rejoindre ses concitoyens regroupés au bas de la colline. Aujourd’hui devenu un village fantôme avec ses ruines grises confondues à la rocaille, hautes Gréolieres nous parle d’une époque heureuse et prospère, vieille de plus de sept siècles.
Pour visiter le site, je pars vers l'ouest en passant au dessus de la fontaine. Ainsi, je contourne le château par le sud. En remontant vers le nord, j'ai une vue générale sur la face ouest ou j'observe une série de meurtrière à la base de l'élévation. Poursuivant le contournement de la forteresse en me dirigeant vers l'est, j'atteins l'ancienne église paroissiale devenue la chapelle Saint Etienne.
C'est un bel édifice composé d'une nef de quatre travées, couverte d'une voute brisée et terminée à l'est par une abside en hémicycle. Sa construction daterait de la 2eme moitié du XIIIe siècle, et n'a pratiquement pas subi de modifications depuis. Sur le petit parvis, au sud de la chapelle, sur ma droite, je vois la façade est du château avec la rampe d'accès décrite plus haut. Plus à droite, le mur d'enceinte qui reliait le château à la chapelle est encore visible.
En contrebas, les ruines des habitations qui formaient le village de Hautes-Gréolieres sont envahies par la végétation. Beaucoup plus loin dans la vallée le village de Gréolieres Basses avec les ruines de son château féodal. J’emprunte à nouveau le sentier pour récupérer la moto que j’ai laissé au bord de la départementale et redescendre sur le village actuel pour faire le tour des ruines du second château. Malheureusement celles-ci ne sont pas accessibles et une clôture en interdit l’entrée.
Je décide donc de continuer mon itinéraire vers deux villages voisins ayant beaucoup de charmes. Coursegoules et Bezaudun. Le panorama est etrange et splendide à la fois. On se trouve dans un vaste territoire mineral semi désertique d'une beauté incroyable !
Le village de Coursegoules et ses habitants d'origine corses
Au pied de la chaîne du Cheiron (1778m), Coursegoules est un très beau village, harmonieux et chic, qui présente une superbe unité architecturale, la plupart de ses maisons, d'origine médiévale, étant bâties dans la pierre de la région d'un gris légèrement irisé et coiffées de tuiles romaines. L’étymologie de son nom dérive de sa fondation par une colonie corse originaire de la vallée du Golo, venue la on ne sait comment. Autrefois fortifié, Coursegoules conserve quelques vestiges de fortifications, remparts et porte qui lui donne du caractère. De même qu'une majestueuse église romane.
Les amoureux des vieilles pierres adoreront ce village très vivant, fleuri et entretenu, dont ils pourront, tout en prenant un bol d'air pur, découvrir les traces nombreuses d'un riche passé médiéval : dédale de ruelles en escaliers, portes surmontées de linteaux sculptés, porches et voûtes, fontaine du siècle dernier, bergeries historiques encore en bon état, moulin construit par les templiers, sans oublier une petite merveille comme la demeure de Diane de Poitiers (18ème siècle).
Bezaudun quand à lui, vous surprendra tout autant ! Le village offre à mes yeux un ensemble harmonieux et bien conservé de vieilles maisons. Agrippé à sa pente, ce village de moyenne montagne construit en escalier et resserré au milieu de remparts dont il reste quelques vestiges, est coiffé en son sommet par une haute tour rectangulaire (13ème et 14ème siècle) à fenêtre géminée, qui constitue les beaux restes d'un château médiéval.
Pittoresque également, l'église de pierre et son clocher à campanile. Tout en respirant un air parfaitement pur et vif, je prends beaucoup de plaisir à gravir les ruelles pavées, admirant ici un vieux lavoir, là un passage voûté, ou encore quelques belles bâtisses construites sur des roches affleurantes. Il est temps maintenant de retourner sur le littoral, car la journée se termine. La balade en moto a été une fois de plus excellente et je suis de nouveau impatient de découvrir un autre village fantôme de mon département ….
* des villageois racontent que par nuit de pleine lune, on entendrait des gémissements venir des ruines. Les fantomes d'habitants massacrés par les soldats provencaux parait il !
DIAPORAMA DE LA BALADE