Saint-Jeannet a l'apparence de tous ces villages perchés, si nombreux dans les Alpes Maritimes et le comté Niçois, qui répondaient jadis à un souci de protection. Il est construit au sud, largement ensoleillé et protégé des vents du nord. Le village est situé au pied du Baou (807m), petite montagne qui attire beaucoup d'alpinistes et de marcheurs. Le Baou de La Gaude (à l'est) et le Baou des Noirs et le Baou des Blancs (à l'ouest) complètent le paysage montagneux environnant.
La place Sainte-barbe, à l'entrée du village, offre un panorama grandiose jusqu'à la mer. Le vieux Saint-Jeannet, qui s'agrippe à une pente abrupte, est parcouru de ruelles tortueuses et de nombreuses impasses.
Ces passages sont empierrés et coupés de marches pour annuler les effets du ravinement. La rue de la Tour, en bordure du noyau ancien, est la seule rue qui soit large et rectiligne, soigneusement pavée.
La pratique des Calades, caractéristiques des ruelles des villages du sud de la France, a pour origine le pavement des voies romaines.
Après être passé sous une arche remarquable, la terrasse du Panorama (XIXe siècle), au centre du village, offre également un point de vue unique sur la campagne environnante et la Baie des Anges...
Le Baou de Saint-Jeannet a toujours joué un grand rôle dans l'histoire de Saint-Jeannet. Il a d'abord servi à protéger les hommes qui se réfugiaient dans ses grottes. Il est maintenant réputé auprès des randonneurs et des escaladeurs. Sur son sommet, un magnifique panorama s'offre à la vue, à la fois sur le bord de mer, de Nice à l'Esterel, et sur les montagnes de l'arrière pays. A côté, le Baou de La Gaude, situé également sur la commune, culmine à la même altitude tout en étant moins escarpé. Son relief permet aux parapentistes de s'envoler. Au milieu d'un petit bois, on peut voir le fameux "Gros Chêne" sans doute l'un des plus anciens de France. On le dit millénaire et sa circonférence est de 11 mètres.
La commune est bordée par deux rivières : à l'est par le Var et à l'ouest par la Cagne. Cette dernière est appréciée par les adeptes de baignade et du canyoning.
"Tels les très hauts lieux de l'antiquité où les hommes situaient les dieux, le Baou de Saint-Jeannet et son village ont attiré très tôt peintres et artistes ; des classiques aux contemporains, depuis le passage quasi mythique de Nicolas Poussin en route vers l'Italie jusqu'à Raoul Dufy, sans oublier, dans l'intervalle, Hercule Trachel, Alexis Mossa, Emile Loubon. Ce lieu privilégié a séduit aussi de grands poètes tels que Georges Ribemont-Dessaignes, qui a fait de Saint-Jeannet son village.
Ici, l'Art et la nature ont trouvé une évidente harmonie dans cette lumière azuréenne, entre les contreforts des Alpes et la mer.
La Main au collet d'Alfred Hitchcock, avec Grace Kelly et Gary Grant, a été tourné en partie à Saint-Jeannet, tout comme le film l'école buissonnière, avec Bernard Blier ainsi qu’une scène du film « Les Égouts du paradis », avec Francis Huster.
Dans un site remarquable de beauté et de tranquillité, le village de Saint Jeannet semble béni des Dieux : peu envahi par les touristes, il présente pourtant un attrait singulier avec ses jolies rues bien tenues, ses belles maisons du 17ème siècle, sa porte creusée dans ce qui reste de l'ancien rempart, ses passages voûtés. Après un dédale de ruelles ombragées, vous arrivez sur la place sur laquelle se dresse une grosse église à clocher carré: elle date du 17ème siècle. En ressortant sur la place, vous pourrez vous rafraîchir à la Fontaine du Bœuf (1875), avant de terminer votre visite sur la terrasse la plus remarquable de toute la Côte d’azur : abritée par un toit et ornée de balustres médiévales, elle offre une vue merveilleuse sur la campagne et la mer au loin.
Saint-Jeannet a ses raisins, comme Tourrettes ses violettes ou Grasse ses parfums. Ne quittez pas saints Jeannet sans avoir goûté au vin du pays, obtenu avec du raisin "Servan", un raisin blanc de fin de saison qui se conserve jusqu'à Pâques, grâce à une technique de conservation en bocal. En 1950, le vignoble recouvrait encore un tiers de la superficie agricole de la commune et produisait des dizaines de tonnes de raisin. Essentiellement du raisin de table. En noir, le Levallet, en blanc, le role ou le muscat. Et bien sûr le Saint-Jeannet tardif qui, au lendemain de la guerre, alimentait encore au moment des fêtes de fin d'année les épiceries de luxe de la capitale.
Terroir de raisin mais aussi de vin. Les crus furent vantés par bien des poètes, de Prévert à Verdet. Surtout le vin blanc, au goût madérisé, issu des cépages de role, ce raisin aux petits grains qui, fin septembre, prend une couleur dorée. Mais aussi le vin tuilé qui tire son nom de son mode de conservation. On le stockait dans les greniers. L'alternance de froid et de chaud lui donnait un goût particulier très fruité.
Une petite dizaine d'agriculteurs de Saint-Jeannet continuent à faire leur vin. Mimi Lorenzato, Roger Barrière, Lazare Giambi sont de ceux-là. Mais il n'en reste qu'un qui exerce encore une activité d'importance, René Rasse. Aidé de Denis et Georges, deux de ses fils, il travaille cinq hectares d’un vignoble exceptionnel. Ses vins rouges à base de cabernet-sauvignon, de merlot et de syrah, ses vins blancs à base de role ornent les tables de nombreux restaurants étoilés de la région. Envers et contre tout, René Rasse avait décidé dans les années soixante de perpétuer la culture de la vigne, sa grande passion. Quarante cinq ans plus tard il a gagné son pari. Il produit, Vingt mille bouteilles que les amateurs du monde entier s'arrachent.
La surprise est de taille dès l’entrée au Domaine. Devant la cave, en plein air, les vins rouges et rosés de la vendange de l’année ont été mis en bonbonnes en verre. Ils attendent patiemment leur retour en cave. L’alternance de la fraîcheur des nuits et de l’ensoleillement de la journée va donner au vin de Saint-Jeannet un goût particulier très fruité. Un vin d’exception, un vin d’une noblesse absolu.
Au début du siècle, les anciens exposaient de la sorte leur vin déjà embouteillé sur les tuiles des appentis. Le vin était tuilé. Son Muscat d’Alexandrie a été vendangé tardivement pour donner un vin naturellement doux excellent. (Naturellement doux = sans apport aucun. Seul le sucre du raisin lui donnera sa douceur, son moelleux.) On pratique cette méthode ici depuis 1860… aucun additif chimique de synthèse pour accélérer la fermentation. Aucun soufre sur les vignes et uniquement de la bouillie bordelaise. Les vinifications s'opèrent suivant les méthodes artisanales les plus traditionnelles. L’un des rares vins vraiment Bio en France.
Sur les pentes en terrasses de ces Alpes dites «maritimes», la vigne pousse depuis l'Antiquité. Un pressoir romain retrouvé ici même atteste l'ancienneté de la viticulture locale. Georges Rasse son fils est resté attaché aux méthodes traditionnelles. La plus typique d'entre elles est sans doute le vieillissement en bonbonnes, au soleil, procédé qui donne au vin une structure et des arômes exceptionnels. Cette pratique s'applique exclusivement à une cuvée de rosé appelée «tuilé», du fait de la couleur orangée que prend la robe de ce vin obtenu par pressurage direct à partir des cépages grenache et mourvèdre.
Les rouges ne sont ni collés ni filtrés. A l'encontre de tous les principes de l'élaboration du vin, ils sont élevés dans des bonbonnes exposées au soleil pendant quatre mois avant de séjourner 12 mois en barriques. La couleur des rosés s'obtient par "pistage" ancestral au pied pour éclater les baies sans les écraser. Les blancs sont obtenus après bâtonnage sur lies et vieillissement en barriques. Dans les Alpes Maritimes, les vignes sont devenu rares, mais les quelques vignerons qui continuent la viticulture, possèdent des vignobles d’exceptions comme le Bellet AOC Nice dont une quinzaine de vignerons se partagent 60 hectares. Le vin des moines de l’ile Saint Honorat considéré comme l’un des meilleurs du monde ou encore le domaine de Pibonson à Mougins cher à Alain Delon.
Avant de terminer, deux petites anecdotes sur l’un des vins préférés de César Baldaccini le célebre sculpteur. Monsieur Rasse à refusé les deux appellations commune à la région. L’AOC Nice et l’AOC Cote de Provence pour n’en accepter qu’une seule « Le vin de Saint Jeannet » pour vous dire l’exceptionnelle qualité de ce vin Bio. Chaque année, les étiquettes sont choisies sur le modèle d’un tableau du frère à Georges Rasse, peintre de talent établit en Argentine dont l’hacienda à 17 km de Tilcara fait gite d’étape et hotelerie. Le « Solar Del Tropico » à proximité du tropique du capricorne…. Une Hacienda de rêve au milieu du vignoble Argentin et de la Cordilleres des Andes tout comme le domaine vinicole "des Hautes Collines de la Cote d'Azur" de Saint Jeannet dans les Alpes Maritimes. Encore un Niçois sur les traces de Garibaldi……
Lien vers le poeme de Jacques Prévert aux vignerons de Saint Jeannet :
DIAPORAMA DE SAINT JEANNET