Ce carnaval chinois est une première pour la commune, et même pour l'ensemble de la métropole azuréenne. Alors, il ne fallait pas s'attendre aux mêmes festivités que l'on peut trouver dans le 13e arrondissement à Paris. La communauté chinoise sur la Cote d'Azur n'est pas très importante voire même assez faible, le carnaval de Saint Laurent du Var a été conçu pour amuser les enfants à l'occasion du nouvel chinois, plutôt qu'une célébration traditionnelle de cette même communauté, d'ou ma grande déception ! Et c'est peut-être à cause de ma grande déception de cet événement que je vais être critique envers cette ex ville frontière du Comté.
plage ensoleillé au calme hivernal
Coincé entre la jolie commune de Cagnes Sur Mer, son château des Grimaldi et la ville de Nice, Saint Laurent du Var ne présente que peu d'intérêt touristique mis a part son grand centre commercial Cap 3000 qui fut jadis, il y a 40 ans le plus grand centre commercial d'Europe et son port de plaisance avec des parkings assez chers pour se rendre aux nombreux restaurants qui longent la plage. Son vieux village à l'intérieur des terres n'est pas non plus très folichon, mais par contre son hôtel de ville est l'œuvre pharaonique d'un maire mégalomane ou bien d'un inconditionnel de la "Maison Blanche". Je ne vois guère d'explication à la réalisation d'un bâtiment énorme pour une commune en somme pas bien importante !
La Maison Blanche de Saint Laurent du Var
Bon, rappelons les traditions qui concernent le nouvel chinois. Le Nouvel An Chinois aussi appelé Fête du printemps ou Fête du Têt au Vietnam est la fête la plus importante pour les communautés chinoises à travers le monde entier. Le terme nónglì xinnián signifie littéralement "nouvel an du calendrier agricole" car il se célèbre suivant le calendrier chinois qui est à la fois lunaire et solaire. Cette fête est un moment dont les chinois profitent en prenant des vacances, en se réunissant en famille et entre amis. Traditionnellement, les festivités s'étendent sur deux semaines.
Le nouvel an chinois trouve ses origines dans la fête du solstice d’hiver qui marquait la fin de l’hiver et l’arrivée de jour plus clément. Jusqu’a l’avènement de la Dynastie Zhou (1046-256 av. J.-C), cette célébration était plutôt d’origine paysanne, l’empereur décida alors de fixer le début de l’année lunaire en ce jour. Le début de l’année est alors fixé au onzième jour du onzième mois du calendrier lunaire pour se terminer le dernier jour du douzième mois lunaire.
Mais vers 1582 avec l’arrivée des missionnaires jésuites, le calendrier occidental grégorien fait peu à peu son apparition et s’impose en 1912, lors la création de le République de Chine. Le parti Nationaliste au pouvoir décide de rebaptisé la fête traditionnelle "la Fête du Printemps" et le Jour de l’An est officiellement reconnu comme se produisant au 1er Janvier, forçant le peuple chinois à la célébration du Nouvel An occidental à la place.
À partir de 1949, lorsque les communistes prirent le pouvoir, Mao Zedong (1893-1976) interdit la célébration du Nouvel An chinois traditionnel le considérant trop féodal, trop religieux et ne convenant pas à une nouvelle République Chinoise athée et communiste. Le Parti décide de suivre le calendrier grégorien dans ses relations avec l’Occident.
Mais vers la fin du 20e siècle, avec la libéralisation de l’économie et l’ouverture du pays, les dirigeants chinois retournent à la tradition chinoise et dés 1996 est institué une semaine de vacances maintenant appelée "fête du Printemps" donnant au peuple la possibilité de voyager pour célébrer la nouvelle année. Ce jour-là, les familles voyagent sur de longues distances pour se rencontrer et faire la fête. Connu comme le « mouvement de printemps » ou Chunyun, une grande migration a lieu en Chine au cours de cette période où de nombreux voyageurs affrontent la foule pour se rendre dans leurs villes natale.
L'origine de cet événement remonte à plusieurs milliers d'années, au long desquelles se sont tissées des légendes riches en couleurs et en traditions. L'une des plus populaires est celle de Nien (qui porte la signification « année » par la suite), un monstre cruel et vorace qui, croyaient autrefois les Chinois, dévorait les êtres humains la veille du Nouvel An. Pour l'éloigner des foyers, on affichait de chaque côté de la porte d'entrée une bande de papier rouge sur laquelle on écrivait un vers. On allumait des torches et claquait des pétards durant la nuit, des traditions toujours bien vivantes de nos jours. C'est qu'en effet, disait-on, Nien craignait le rouge, la lumière et le bruit. Dès le lendemain matin, un sentiment de triomphe et une ambiance de renouveau régnaient, puisque Nien avait été tenu à l'écart pour une nouvelle année. Tout le monde alors se réjouissait en lançant : « Kung-hsi » (félicitations).
L’année lunaire porte aussi sa signification particulière, ce système reliant le ciel à la terre. Les anciens constatent que la lune élément Ying par excellence, reflet du soleil élément Yang apporte des éléments évocateurs sur la vie agricole. Il influence les marais, « commande » le cycle féminin. A travers le mouvement de la lune, la vie se lie aux saisons et l’homme vit en harmonie avec la nature.
A Saint Laurent du Var, le public a assisté à quelques danses typiques d’un groupe venant de Paris et d’un autre de Malaisie venu pour les festivités de la capitale. La danse du lion réunit à la fois l'art, le spectacle, la tradition chinoise, mais aussi le Kung-fu, car les positions de la danse du lion sont aussi des positions de bases du Kung-fu traditionnel, et les danseurs sont en général des pratiquants. Le lion est incarné par deux danseurs. L'un contrôle la tête qui est constituée de matériaux solides mais légers comme du papier mâché et du bambou, l'autre anime le corps et la queue sous un costume qui est relié jusqu'à la tête du lion.
Trois instruments accompagnent la danse du lion: un large tambour, des cymbales et un gong. Chaque type de mouvement du lion possède un rythme musical particulier, et la musique suit les mouvements du lion, le tambour suit le lion, et les cymbales et le gong suivent le tambour. Très souvent, les gens qui observent les danses du lion croient qu'ils sont en train de regarder des dragons. Mais la principale différence entre la danse du lion et la danse du dragon est que les danseurs ne sont pas à l'intérieur de l'animal mais ils le tiennent au bout d'un manche.
La danse du dragon est souvent présentée par des pratiquants d'arts martiaux car elle demande de l'endurance et de la force. Le dragon est contrôlé par une équipe d'une dizaine de personne selon la longueur du dragon. Chaque personne tient un manche au bout duquel se trouve une section du dragon. La tête du dragon qui pèse entre 10 et 15 kilo est la partie du dragon la plus difficile à manier. Comme pour la danse du lion, le dragon est accompagné des musiciens traditionnels qui jouent du tambour des cymbales et du gong.
Dans la culture chinoise le dragon est un animal mythique capable de nager, marcher et voler. Il serait originaire des eaux ce qui explique pourquoi sa peau est faite d'écailles. D'ailleurs, une légende raconte que si une carpe arrive à remonter la chute d'eau appelée "porte du dragon" celle-ci se transformerai en dragon. Dans la mythologie chinoise, il existe 9 dragons : Tianlong le dragon céleste, Shenlong le dragon spirituel, Fucanglong gardien des trésors cachés, Dilong le dragon souterrain, Yinglong le dragon ailé, Jiaolong le dragon des chutes d'eaux, Panlong le dragon des lacs, Huanglong le dragon jaune qui est sorti du fleuve Luo pour apporter l'écriture, et Le Roi dragon. Voila pour la petite histoire en espérant que pour l’année du cheval, la communauté chinoise prenne vraiment le relais !
Montagnes enneigéés de l'arriere pays niçois
DIAPORAMA DU CARNAVAL