Avant de prendre la route de la vallée de la Nervia à la sortie de Vintimille sur la Route de San Remo, je monte dans le cœur historique de la ville frontalière pour prendre quelques photos. Car, personne ne connaît vraiment le quartier de « Alta ». Ici les touristes qui viennent à Vintimille ne connaissent que son marché et les contrefaçons vendu par des Africains à la sauvette…
Ventimiglia Alta est la partie la plus ancienne de la ville, et la partie qui est la plus riche en l'histoire: au sein de ses frontières se trouvent la cathédrale et le baptistère, le couvent, l'ancienne église de San Francesco, l'église de San Michele, les fortifications qui enserrent les murs médiévaux du 16e siècle etc.…. La Piazza della Cattedrale est le cœur monumental du quartier et il mérite vraiment un détour !
Bien avant Bordighera, j’emprunte la route SP64 qui me conduit tout d’abord à Camporosso puis ensuite nous rentrons dans l’ancien comté de Nice Historique.
Les communes italiennes du Comté de Nice sont : Apricale, Dolceacqua, Isolabona, Perinaldo, Pigna et Rochetta-Nervina qui étaient dirigées par le marquisat de Dolceacqua.
La riviere Roya se jettant à Vintimille
Si vous aimez les vieux villages gorgés d’histoire et que vous pensez avoir fait le tour de ceux de l’arrière pays niçois(France), venez flâner dans les « carugi » (ruelles en italien) de la très jolie Dolceacqua. Vous tomberez forcément sous le charme de son château médiéval ou de son pont en dos-d’âne enjambant le torrent de la Nervia.
Situé à 8 km de Vintimille vous vous rendrez aisément dans ce petit bourg médiéval italien de la Vallée de la Nervia. Aussitôt arrivés, impossible de ne pas être happés par l’âme de ce village blotti contre le mont Rebuffao et traversé par la rivière.
Aujourd’hui en ruines, le château de Dolceacqua a été construit dès le début du XIIème siècle. Au pied du château, vous pourrez vous perdre et vous faire les mollets dans les minuscules et très abruptes ruelles de la Terra, partie la plus ancienne du village. Les maisons, parfois hautes de six étages, s’imbriquent les unes dans les autres avec une vraie magie architecturale. De l’autre côté du torrent, se trouve la partie la plus « moderne » du village appelée le Borgo et datant … du XVème siècle.
Entre les deux, se dresse un magnifique pont en pierre à une seule arche, tellement romantique que plus d’un amoureux ont forcément dû y déclarer leur flamme … Il a inspiré Claude Monet qui l’a peint en 1884 en le qualifiant de « bijou de légèreté ».
Les Comtes de Vintimille firent construire la première partie du château sur le sommet des rochers qui dominent stratégiquement le premier étranglement et la bifurcation de la vallée vers Rocchetta Nervina d’un côté et la moyenne et haute Vallée de la Roya de l’autre côté (française une partie), en contrôlant leurs accès. Le château fut acheté en 1270 par le génois Oberto Doria, le vainqueur des Pisans dans la bataille de la Meloria, et au cours des années suivantes il fut agrandi par ses successeurs. L’histoire de Dolceacqua s’identifie avec l’histoire de son château et de la Seigneurie des Doria, qui vante parmi ses nombreux personnages Caracosa, mère de l’amiral Andrea Doria. La dynastie, entrée sous la protection de la maison de Savoie, du comté de Nice puis du Royaume de piémont/Sardaigne depuis 1652 eut le titre de Marquis de Dolceacqua.
Plus haut, je vous mentionnais que ce pont était fait pour les amoureux et comme dans le comté Niçois Français ou Italiens les légendes et les histoires prennent souvent des tournures magiques ! Connaissez-vous l’histoire de la brioche « érotique » de Dolceacqua ?
Impossible de repartir de Dolceacqua sans la fameuse « Michetta », cette brioche qui porte en elle une grande tradition locale puisqu’elle célèbre la fin du «Jus Primae Noctis ».
L’histoire raconte qu’en 1634, Lucrézia, une jeune fille qui venait de se marier avec un dénommé Basso refusa d’accorder sa première nuit au Marquis de Dolceacqua (de la famille Doria) qui avait institué lui-même cette vilaine coutume. Elle en mourut et le jeune mari, fou de douleur, jura de venger sa bien-aimée. Il réussit à s’introduire dans le château et menaça le Marquis pour lui faire abolir le « Jus Primae Noctis ». Il y parvint. Les jours suivants, un groupe de femmes imagina une brioche, la Michetta, en forme de sexe de femme, pour fêter leur libération. Depuis, tous les ans, cette victoire est célébrée le 16 août (la Festa della Michetta) par des chants, du vin Rossese et ces fameuses brioches…
On retrouve la même coutume à Breil sur Roya avec la fête de la « a stacada » contre le Bailli (les deux vallées sont cote à cote) et la spécialité locale se nomme : la crichente qui est une tendre brioche aux arômes de fleur d'oranger, citron et anis vert ." a crisenta en breillois ". Dans la seconde partie, nous continueront notre route vers les autres villages ligures de la vallée. La variété des paysages en peu de km de la mer à la montagne, le caractère exceptionnel des bourgs médiévaux, riches en atmosphère, monuments et œuvres d’art sont hors du temps et sont restés « dans leurs jus » comme on dit !
*Sur mes photos, on voit souvent ces drôles d’arcs maçonnés, (appelés aussi arcs de contraste ou encore arcs de confortement), au dessus des ruelles. Petit rappel de leur signification : Ces éléments ne sont pas construits n'importe où, ils vont de point dur à point dur, c'est à dire de plancher à plancher, ou de mur de refend à mur de refend. Cette technique très répandue en Ligurie et dans les Alpes-Maritimes, offre une relative souplesse et permet une meilleure transmission des contraintes horizontales au niveau des planchers. Grâce à ces liaisons, les immeubles ne se comportent plus comme des éléments isolés mais comme un ensemble de blocs dynamiques. Les villages ont été construits à l’époque de manière à mieux résister aux tremblements de terre.
DIAPORAMA DE LA BALADE