Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

voyage en harley davidson, tourisme cote d'azur, USA , Maroc , Italie

LES BERGERS DES ALPES MARITIMES ET LA SORCELLERIE

JUIN-2014-3424.JPG

Tout doucement, j'arrive à Saint Etienne de Tinée (Alpes Maritimes)

 

Le berger, acteur principal des relations conflictuelles qui se sont imposées avec le retour du loup, personnage mystérieux, en communion permanente avec la nature mérite notre attention. A la fois protecteur et guérisseur de son troupeau, ce magicien des alpages n’hésite pas parfois, à tutoyer la sorcellerie pour parvenir à ses fins.

JUIN-2014-3308.JPGJUIN-2014-3347.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si en 1975 le troupeau d’ovins du département  des Alpes Maritimes s’élevait à 70.000 têtes en hiver, pour en atteindre 120.000 en période d’agnelage, le troupeau de bovins était moins nombreux avec environ 4000 bêtes. A ces chiffres, s’ajoutaient les animaux transhumants, venus de Provence et d’Italie. Bien que la transhumance concerne surtout les ovins, des troupeaux de génisses montés du Piémont fréquentaient le haut pays niçois.

JUIN-2014-3293.JPG

Un blason qui donne le ton de ses influences ..


 Au total plus de 130.000 bêtes transhumaient dans les hautes vallées du Mercantour dont 2000 bovins venus du Piémont. Aujourd’hui, le cheptel s’est notablement appauvri. On recense des chiffres plus faibles pour l’ensemble des Alpes Maritimes : 1500 caprins répartis dans 50 exploitations, 1500 bovins laitiers relevant de 40 exploitations, mais  seulement 53000 brebis, agneaux et moutons, élevés pour le lait et la viande, le tout conduit par 178 bergers.

JUIN-2014-3438.JPGJUIN-2014-3441.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Confererie des Pénitants Blancs de Nice 


Au total, 454 exploitations. La production de fromages constitue le principal revenu de ces éleveurs sédentaires. Grâce aux fromages le Haut-Pays niçois peut lutter contre la désertification. La transhumance se maintient avec les apports significatifs de 85000 ovins et environ 1500 bovins, sur l’ensemble des alpages traditionnels.

JUIN-2014-3466.JPG

Bénediction par Mr le curé de la transhumance


 Ce déplacement de personnes et de bétail s’opère deux fois l’an. D’une part au mois de juin, des milliers de têtes animales montent vers les pâturages du haut pays niçois. Réciproquement, une transhumance inverse s’opère en octobre. Elle envahit en hiver l’Esterel et le pays grassois avec des animaux venus des hautes vallées du Mercantour. En automne et en hiver, les troupeaux reviennent toujours vers des altitudes plus clémentes mettant en rapport le Haut-Pays avec les environs de Nice et Grasse.

JUIN-2014-3301.JPGJUIN-2014-3332.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Précisons que dans le Comté de Nice, « le droit de bandite » d’origine féodale donnait à celui qui le possédait, la faculté de faire paître ses troupeaux sur du terrain qui ne lui appartenait pas. Supprimé en 1964, ce droit frappait dans les Alpes Maritimes 20.000 hectares de terrain dont 5000 de forêts. Cette migration saisonnière est à l’origine des premières voies de communication intérieures.

JUIN-2014-3410.JPGDans le passé, le courage et la résistance des anciens permettaient de surmonter les difficultés de relation imposées par le relief tourmenté de la montagne. De nombreux chemins permettaient d’aller d’un village à l’autre et de relier bassins et vallées, quitte à affronter des pentes raides et à franchir des cols. Les troupeaux transhumants suivaient ces sentiers appelés « draïo » dans la langue du pays niçois.

JUIN-2014-3445.JPG

Avec une bergére aussi grande, le loup n'a qu'a bien se tenir


 Lors de leur passage, les bergers acquittaient, au profit des localités traversées, les « droits de pulverage », en rapport avec la poussière déplacée par leurs bêtes. Ces migrations s’articulaient autour de grandes foires qui se perpétuent encore aujourd'hui à Guillaumes dans la Haute Vallée du Var (fleuve) et à Saint-Etienne-de-Tinée.

JUIN-2014-3458.JPGCette tradition d’échanges commerciaux remonte au Moyen-âge. Les habitants d’alors, attendaient les foires pour se pourvoir en objets divers, vêtements et animaux dont ils avaient besoin. Ils en profitaient également pour vendre une partie des produits du bétail dont ils devaient se défaire. Toutes sortes de produits y étaient ainsi échangées. Saint Etienne de Tinée connaît une foire mensuelle, celles d’août et septembre sont les plus importantes pour les ventes de bétail du sud de la France.

JUIN-2014-3493.JPGLe spectacle de la transhumance traversant les villages avec ses brebis porteuses de sonnailles, ses ânes lourdement chargés, encadrés par des chiens attentifs à leurs maîtres, est toujours le privilège des hautes vallées niçoises. La réapparition du loup dans les Alpes Maritimes menace aujourd’hui le pastoralisme extensif des vallées du Mercantour, déjà affaibli par une impitoyable concurrence internationale.

JUIN-2014-3510.JPGLe berger, maître incontesté de la montagne, en symbiose avec la nature depuis les origines de l’humanité, ne méritait pas un destin aussi cruel. Le berger entoure son troupeau d’une magie protectrice, dite magie « propitiatoire et symbolique » qui se manifeste sous la forme de rites, de talismans ou d'objets sculptés, préparés à l'intention des meneuses (menouns en nissart), ces bêtes qui marchent en tête et conduisent le troupeau.

JUIN-2014-3653.JPGJUIN-2014-3608.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis la nuit des temps, le pastre se fie au dicton, forgé par l’expérience,  affirmant que : « Si le chien est du bon Dieu, le loup est du Diable ». Dans sa démarche l’amour dépasse souvent la magie par des gestes simples, comme: Tiens longtemps dans tes mains du pain, du sel et du maïs, puis donne les chauds de toi, chauds d’amour et de bon vouloir. Alors, la bête consentira à souffrir de tes soins, s’il le faut, elle s’abandonnera sans peur ni recul et guérira. 

JUIN-2014-3368.JPG

A mon avis, le Curé ne boit pas que du vin de messe


 Les soins s’apparentent parfois à des pratiques étranges, comme le recours à la « pierre à venin ». Lorsqu’un homme ou une bête est mordu par une vipère, on applique la « pierre à venin » sur la morsure, cette pierre a le pouvoir d’extirper la substance toxique en s’en imprégnant, puis de la rejeter après avoir subi un trempage dans du lait.

JUIN-2014-3354.JPGJUIN-2014-3401.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si la vie du troupeau respectait le cycle des saisons, le solstice d’été en constituait une date carrefour. La nuit qui le précède (entre le 20 et le 21 juin) et celle de la Saint Jean Baptiste (entre le 23 et le 24 juin) donnaient lieu à des pratiques induites par des croyances venues du fond des âges. A la lueur de la lune, les bergers ramassaient les plantes qui possédaient un pouvoir de guérison ou un effet magique sur les bêtes.

JUIN-2014-3717.JPG

Dans le cochon tout est bon !


 C’était le cas de l’herbe Tume récoltée la « nuit de vigile » de Saint Jean Baptiste. Placée secrètement dans les bergeries, elle protégeait des dangers de la clavelée, une maladie contagieuse semblable à la variole. La nuit de la Saint Jean, les pâtres prélevaient également les spores des feuilles de fougères mâles, capables d’écarter les sortilèges et maléfices et de guérir les animaux qui en mangeaient.

JUIN-2014-3489.JPGJUIN-2014-3752.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le matin de la Saint Jean, comme le voulait la tradition, les bergers faisaient passer le troupeau dans les cendres du bûcher, afin de le préserver du piétin. D’autres pratiquaient des attouchements sur les animaux, en utilisant des feuilles grillées aux flammes des feux ou les marquaient avec un bouquet enduit de cendres en disant : « Que San Juan te garde ! ».

JUIN-2014-3526.JPG

Comment faire un abreuvoir à bestiaux avec les bucherons


 Pour éloigner les serpents, le berger dépeçait une couleuvre vivante, récupérait sa peau fraîche pour en gainer son fouet avec des clous. Divers talismans, accrochés au cou des meneuses, avaient pour fonction de protéger l’ensemble du troupeau. La pierre pigote, la pierre de foudre, la pierre de lait ou la pierre noire ou encore la croix à virgules hélicoïdales, représentant le soleil en mouvement, plaçait le troupeau sous la protection de cet astre.

JUIN-2014-3522.JPGJUIN-2014-3640.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le berger, perdu dans la nature, doit faire face seul aux maladies et aux blessures. Guérisseur par nécessité, avec de faibles moyens, il soigne grâce aux ressources de son environnement en employant : les plantes, les principes homéopathiques et les conjurations récitées. L’ensemble constitue un héritage de connaissances acquises et transmises de père en fils.

JUIN-2014-3558.JPG

le four à pain municipal


 Les mystérieuses conjurations récitées, aux effets probants, constituent toujours une énigme inexpliquée. Les bergers des Alpes Maritimes détiennent des prières secrètes, capables de chasser la maladie, uniquement par le pouvoir de conjurations récitées. A l’occasion, elles s’accompagnent de signes de croix, de cercles tracés avec le doigt.

JUIN-2014-3686.JPG

JUIN-2014-3692.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les mystérieuses conjurations récitées, aux effets probants, constituent toujours une énigme inexpliquée. Les bergers des Alpes Maritimes détiennent des prières secrètes, capables de chasser la maladie, uniquement par le pouvoir de conjurations récitées. A l’occasion, elles s’accompagnent de signes de croix, de cercles tracés avec le doigt sur la partie à guérir et d’onctions de salive.

JUIN-2014-3763.JPGLes talents du berger étaient souvent mis au service des hommes qui venaient les solliciter de fort loin. Pour guérir une entorse, le berger porte le pouce à la bouche, l’humecte de salive, le promène autour de l’enflure et termine par un petit signe de croix au milieu du pied, après avoir récité la formule conjuratoire. Vingt quatre heures après, le mal est dissipé…

JUIN-2014-3733.JPGJUIN-2014 3772

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

affiche faite par l'artiste Patrick Moya 

 

Sensible aux caprices de la nature qui l’enveloppe, le berger ait capable de prévoir les changements du temps. Ces prévisions météorologiques, souvent empiriques, sont capitales pour la protection et parfois la survie de son  troupeau. Aujourd’hui souvent mal compris dans leur acharnement désespéré à défendre leurs brebis contre les attaques du loup, les bergers des Alpes Maritimes maintiennent une tradition séculaire en voie de déshérence.

JUIN-2014-3778.JPG

Qui pense à nos bergers... Aucun parti politique  en tout cas !


 Leur fonction reconnue de protecteur intégré de la montagne qu’ils nettoient et régénèrent pour mieux la sauvegarder, devrait suffire à encourager leur présence. Ces hommes et ces femmes, éleveurs et souvent aussi agriculteurs pour récolter foin et grain ont façonné ces montagnes que l'on parcourt l'été. Les paysages que l'on traverse portent tous leur empreinte profonde. S'ils venaient à disparaître, sans qu'aucune relève ne soit assurée, l'entretien des terres dans ces communes poserait un problème crucial aux collectivités.

JUIN-2014-3543.JPGJUIN-2014-3830.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il n'est pas sûr que le tourisme rural, alternative de bon sens face à la désertification des montagnes, puisse exister sans la présence d'un troupeau, la silhouette d'un berger, le tintement des sonnailles. Je rappelle que le département des Alpes Maritimes est composé à 70% de montagnes et que 70% de la population habite sur les 30% restant....

JUIN-2014-3800.JPGJUIN-2014 3391

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

...Ce qui fait de l'arrière pays niçois l'un des plus sauvages de France. En quelques kilometres on part de l'altitude zero pour arriver à des sommets dépassant les trois mille deux cent metres. De la Mer à la montagne le département des Alpes Maritimes possede la particularité d'etre à lui seul le composé d'un continent tant sa diversité est exceptionnelle...

JUIN-2014-3788.JPG

 

                                  DIAPORAMA DE LA BALADE


 
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :