Plus haute route d'Europe département des Alpes Maritimes
Saint Etienne de Tinée (Santo Stefano di Tinea) est un petit village du Comté de Nice niché au cœur des montagnes à 100km de sa capitale dans la vallée de la Tinée, intégrée à la zone cœur du parc national du Mercantour. Il faisait partit de l'ancien État de Savoie, puis rattacher au Royaume de Piémont-Sardaigne. C'est un village pour les amoureux de la Montagne et du Mercantour.
Sa géographie particulière lui vaut de disposer d'une « pico-centrale » unique en France. Juste en aval du village se trouve la Clapière, le glissement de terrain le plus volumineux d'Europe et l'un des plus rapides au monde. C'est à partir de Saint Etienne de Tinée que l'on accède à la plus haute route d'Europe. Le col est ouvert du mois de juin au mois d'octobre. La montée depuis Saint Etienne de Tinée a une pente de 6,2% avec un maximum de 10% et une longueur de 26,7 km.
vieille télécabine de la station de ski d'Auron
Au bout de la route, on arrive à l'oratoire de Notre Dame du Très Haut à 2804 m d'altitude dans les Alpes Maritimes, Comté de Nice. Reposant et très discret ce village est riche d'un patrimoine très ancien. En effet Saint Etienne de Tinée est le carrefour culturel ou les influences nisso-piémontaises se sont rencontrées au cours des siècles précédents. Ce petit village abrite la très célèbre Chapelle de St Sébastien, toujours représenté le corps criblé de flèches; ornée d'une somptueuse fresque extérieur qui date du XIIème siècle, c'est un vestige d’une époque révolue ou les peintres italiens et l'influence de la renaissance s'exportaient.
Village de Saint Dalmas le Selvage
Petite anecdote au passage, un incendie ravagea la ville et afin de prendre des précautions, lors de la reconstruction les habitants du village ne juxtaposèrent pas les bâtisses afin d'éviter que les flammes ne se propagent, effet surprenant garantit. Aux détours des ruelles de la petite ville très coquette il est possible d'apercevoir sur des façades des cadrans solaires, vestige d'une époque révolue.
Comme beaucoup de villages de la vallée de la Tinée, Saint Etienne doit son nom à la présence d'un prieuré bénédictin installé sur les ruines d'un village ligure nommé Daelia Insula par les Romains. En 1388, il se rallie immédiatement à la maison de Savoie venu protéger le Pays niçois des envahisseurs provençaux et français, ce qui lui vaut d'être libéré des contraintes féodales. En 1594, pendant les guerres de religion, les troupes de Lesdiguières, assiégées par le baron Grimaldi, se réfugient dans l'église qui sera incendiée, mettant le feu à l'ensemble du village.
fonte des glaciers dans la Tinée au mois de juin
Chef-lieu de mandement à la Restauration Sarde, le village est peu touché par l'exode rural car la rigueur des hivers obligent depuis toujours les Stéphanois à une émigration hivernale temporaire. Le village est l'archétype du village alpin d'altitude. Bien qu'étant en Comté de Nice, le site fait penser à la Savoie ou la Suisse. Quand tous les troupeaux de la vallée de la Tinée se donnent rendez-vous pour la plus belle fête pastorale de l'été avant de rejoindre les verts pâturages d'altitude... Ce jour-là le village n'est que fête, musique, animations pour petits et grands, pour célébrer une tradition ancestrale qui unit les hommes, les animaux et la nature...
Monter le col de la Bonette en courant ! chapeau
Cette fête célèbre le départ des brebis vers les hauts pâturages, où elles vont passer quatre mois. Traditionnellement, au début de l'été, Saint Etienne de Tinée fête la transhumance. Les moutons des basses plaines montent pâturer dans les alpages, et participent ainsi au maintien des espèces végétales au sein du fragile écosystème de nos montagnes.
Ils arrivent ! Au loin, résonnent les sonnailles. L’air se charge d’électricité, les gamins courent vers la route, le bruit se précise, l’excitation grandit. Vite ! Puis, surgit le troupeau, les bergers sont la avec leurs moutons et leurs brebis. Voiture avec gyrophare, à l’avant, à l’arrière, de petits hommes orange s’agitent, ils houspillent les chiens, du geste, de la voix. Les "roves" aux longues cornes, caracolent sur les côtés. Le troupeau fait masse. Il en impose. Il semble être un long fleuve tranquille ou tumultueux que les bergers se contentent de suivre.
C’est, en fait, le signe d’un troupeau mené de main de maître. L’homme est le patron. Il dirige, mais reste à l’écoute. Il prend les bonnes décisions en accord avec ses bêtes. Il les respecte. Le berger des Alpes Maritimes doit gérer le vieil antagonisme entre nomades et sédentaires. Il lui faut être diplomate et déterminé, transhumer à pied n’est pas choisir la facilité, mais c’est la noblesse du métier.
Une foule incroyable est venue accueillir, un troupeau de 1000 bêtes en route pour la vacherie de Demandols. C’est parti pour la 25e Fête de la transhumance. Les étals sont prêts, les chapiteaux dressés. Une foule immense s’amasse déjà au son des fifres et des tambours. Mais d’un coup, on s’affère. On fait stopper la fanfare. L’alerte au raz-de-marée de laine vient d’être lancée. Ni une ni deux, la vague de moutons déferle. Mille bêtes se frayent un chemin jusqu’à la place, à quelques centaines de mètres de là.
cascade au dessus du hameau
L'arrivée des bergers et de leurs troupeaux à 10h sur la place centrale, puis moutons, chèvres et chevaux empruntent les rues du village pour rejoindre la place San Ment. La transhumance est un moment très spécial de l’année, les bergers parcourent de cent cinquante à deux cent kilomètres en sept ou dix jours, tantôt sur la route, tantôt sur des drailles (du nissart draio, sentier). Chaque jour il faut faire manger les brebis, mais aussi les chiens et les hommes. Chaque soir il faut trouver un endroit avec de l’herbe, un point d’eau et une configuration de terrain qui permette le parcage des bêtes, mais aussi un parking pour les voitures accompagnantes. Ça demande une logistique sans faille.
La transhumance d'été porte les images les plus fortes du pastoralisme régional. Elle déplace et regroupe les troupeaux en grandes unités, pour rejoindre avec leurs bergers l'herbe fraîche des alpages pendant les trois à quatre mois d'estive. Le mot transhumance intègre deux informations, trans (au-delà) et humus (le pays), car le voyage qu'il désigne conduit au-delà du territoire d'origine. C'est une forme de vie pastorale étroitement associée aux régions à climat méditerranéen. Elle permet de palier la sécheresse qui sévit l'été et jaunit les maigres pâturages des plaines.
troupeau d'ovins dans les paturages
Dès le mois de juin, les troupeaux gagnent alors les montagnes les plus proches, où l'herbe renaît après la fonte des neiges. Ils en reviendront entre septembre et novembre, avant que la neige ne les recouvre de nouveau. La transhumance fait partie du patrimoine niçois. Historiquement, elle a tracé son propre réseau routier, les drailles qui furent les premières voies de communication entre les plaines niçoises et les montagnes alpines.
Tout en s'adaptant aux évolutions de la société, les éleveurs ovins ont su conserver le caractère naturel et authentique de l'élevage, dont la clé de voûte reste la transhumance. Ainsi, en Pays niçois, celle-ci demeure un phénomène économique et social considérable. Chaque année, en effet, quelque 120 000 têtes estivent en montagne et 100 000 environ, viennent depuis la montagne hiverné en plaine.
Village de Roya dans la Tinée à ne pas confondre avec la vallée du méme nom..
En alpage, la plupart des troupeaux ovins sont gardés en permanence par un berger. La conduite d'un troupeau en altitude est une activité complexe, qui fait appel à de multiples compétences. Le travail de gardiennage varie considérablement d'une estive à l'autre. Les découpages des alpages en différents "quartiers", suivant l'altitude, l'exposition, la pente, définissent globalement le calendrier d'utilisation de la montagne.
Bousièyas le plus haut village des Alpes Maritimes à presque 2000m d'altitude
D'origines souvent très anciennes, ils doivent normalement permettre au berger qui gère bien son herbe de tenir sur l'alpage durant toute la saison, quelles que soient les conditions météorologiques de l'année. Elément fondateur du système d'élevage transhumant, l'alpage suscite aujourd'hui de nombreuses revendications: randonneurs pédestres, équestres ou cyclistes, chasseurs, protecteurs de la nature… Dans l'alpage, espace de quiétude pour les bergers et leurs troupeaux, des angoisses et des détresses ont également surgi avec l'irruption des grands prédateurs (loups, lynx).
L'église du Bourguet, Notre-Dame des Grâces
Chacun veut pouvoir utiliser l'alpage à son gré, sans comprendre que l'avenir d'une gamme de paysages variés passe par le maintien et le redéveloppement de la transhumance ovine. Dans les Alpes Maritimes, pays à 70% recouvert de montagne, la transhumance se poursuit depuis des millénaires; elle en est devenue presque sacrée. Les transhumants ne marchent pas pour la coutume ou le folklore, mais pour leur travail. Une marche lente et irrégulière, exigeant une attention de tous les instants.
Un berger qui reste à l’estive habite dans une cabane ou dans un refuge. Une à deux heures de marche le sépare du dernier village de la vallée niçoise. Le ravitaillement, le bois, la nourriture des chiens sont montés à dos d’âne. Un voyage de sel pour la saison est effectué par hélicoptère. Au coucher du soleil, les sentiers sont déserts. Le pastre se retrouve souvent seul. Il garde un grand troupeau de 2000 bêtes, réunissant souvent plusieurs troupeaux appartenant à différents propriétaires.
En descendant sur Nice, la Tinée traverse des gorges de pélites rouges
Les chiens sont de précieux aides. Depuis quelques années, le Patou est devenu indispensable. Ce chien courageux doit conserver une certaine agressivité pour remplir son rôle protecteur. Seul un chien puissant peut l’affronter et plusieurs Patous sont nécessaires pour protéger le troupeau des attaques éventuelles de loups.
Dans le pays niçois la transhumance à pied y étant encore tolérée, ils empruntent les petites routes départementales et nationales, les chemins, les carraires quand elles existent encore. La transhumance d'été porte les images les plus fortes du pastoralisme régional.
toit en bardeaux dans la vallée de la Tinée
DIAPORAMA DE LA BALADE