chapelle sur la route de Seranon
La Route Napoléon serpente sur 324 km dans des paysages exceptionnels. Ma balade n’en fera qu’une soixantaine de kilomètres, mais, elle a été parcourue par des millions de touristes et demeure aujourd'hui une étape obligée pour tous les amoureux des belles routes qu'ils soient automobilistes ou motards. Elle est sans aucun doute beaucoup plus spectaculaire que la N7 elle-même, car traversant des paysages grandioses de montagne. La Route Napoléon est l'épine dorsale qui va de la Côte d'Azur au cœur des Alpes, praticable toute l'année.
Le Verdon à Castellane avant l'entrée des gorges
Ce périple est entré dans l’histoire de France comme le « vol de l’Aigle » entreprit par Napoléon après son débarquement de Golfe Juan prés de Cannes. Une bonne partie de sa route était constituée de sentiers muletiers. Ils sont à présent goudronnés et forment la « route mythique », créé en 1932 par des élus cherchant à valoriser le patrimoine touristique exceptionnel de cette route impériale. Elle suit pour une bonne part le tracé de la RN85 qui va de Cannes à Grasse jusqu'à Digne en passant par les villages de Saint Vallier de Thiey et d’Escragnolles deux petits paradis dont beaucoup de personnes originaires du littoral Cannois se sont retirés.
Eglise d'escragnolles (06)
Après une quarantaine de minutes de trajet sur la route Napoléon à partir de Mouans Sartoux, voilà le début de la vaste plaine de Séranon constituant le cœur d'un paysage paradisiaque couronné par des barres calcaires aussi verticales que déchiquetées, et une forêt de pins majestueuse.
le pont de la Reine Jeanne sur le Verdon
Puis, j'arrive au village de la Doire et du Logis du Pin où la route quitte les Alpes Maritimes pour entrer dans le département du Var qui pousse là une corne dont la traversée dure à peine quelques minutes pour de nouveau re pénétrer dans mon département...
Je monte par le col de Luens qui culmine à 1.054 mètres et je quitte à nouveau les Alpes Maritimes pour entrer dans le département des Alpes de Haute Provence en traversent le village de La Garde. C'est un village du XII° siècle avec environ 80 habitants qui cherchent certainement le calme et la tranquillité.
Au détour d'un virage, je découvre au loin le Roc de Castellane. Le Roc est un pavé calcaire de 184 mètre de haut. Avec au sommet la chapelle Notre-Dame du Roc, et à ses pieds la silhouette gracile du pont romain «le pont de la Reine Jeanne». C'est un des plus beaux sites du Haut Verdon. Avec ses ruelles ponctuées de portes, de placettes, de fontaines, Castellane est un petit paradis. Vous avez noté qu'il n'y a que des petits paradis sur cette Route Napoléon depuis que l'on a quitté les fastes du littoral Cannois.
Pour l'instant, je passe sur le pont de la Reine Jeanne avec un petit frisson dans le dos, parfois des pierres se détachent du Roc ! Ce pont romain à lui seul vaut le détour, on a toujours l'impression qu'il va s'écrouler... Depuis des siècles, Il enjambe le Verdon et qui dit Verdon, pense immédiatement aux célèbres gorges. Oui ! Encore une visite qui s'impose, mais cette fois ci, je continue ma route.
le lac de Castillon vue de Blaron
A la sortie de Castellane, je tourne à droite pour emprunter la route qui va au lac de Castillon. C'est un petit lac d’à peine 500 hectares.
Deux barrages sont installés dans la partie sud du lac: le barrage de Castillon et le barrage de Chaudanne. Le premier est réservé à la Marine Nationale qui y fait des essais. Au bout d’un kilomètre environ, j’arrive au barrage de Castillon. Un premier arrêt s’impose pour admirer cet ouvrage.
Barrage de Castillon , on voit bien les lignes du cadran solaire
Ici les hommes et la nature ont rivalisé de talent. Le canyon qui s’enfonce derrière, entre les montagnes, est entravé par ce géant de presque cent mètres de hauteur et 200 mètres de large. De l'autre côté du mur, la retenue d'eau prend ses aises : bienvenue au lac de Castillon, une eau turquoise dans un écrin de verdure, c’est un site d´une grande beauté, dépouillé de tout artifice. Suite à la mise en eau du barrage en 1948, le village de Castillon a été englouti sous le lac. L'ancienne RN 202 a aussi été recouverte par la retenue. D'ailleurs, lorsque le niveau de l'eau baisse, on peut voir l'ancien pont Julien ce qui etait le cas lors de mon passage.
Le 20 juin 2009 a été inauguré un cadran solaire dont les lignes horaires sont tracées sur la voûte du barrage. Couvrant une surface d'environ 13 000 mètres carrés, il s'agit du plus grand cadran solaire du monde réalisé en lave émaillée avec plus de 2,5 tonnes de lave émaillée. Comme tout cadran solaire, celui de Castillon indique l'heure grâce une ombre projetée. Contrairement à l'habitude, cette ombre n'est pas celle d'un style, mais celle de la corniche en surplomb qui couronne le barrage. Celle-ci projette une ombre courbe déterminée par le profil de la corniche et par la forme de la voûte du barrage. La lecture de l'heure se fait de la façon suivante : il est, par exemple, 9 heure solaire quand l'ombre de la corniche est tangente à la ligne horaire correspondante. En été, ce cadran peut indiquer l'heure de 6h à 18h solaire.
La cité sainte du Mandarom
En levant les yeux sur les hauteurs du lac de Castillon, on peut apercevoir la cité sainte du Mandarom. Enfin ! Quand je dis « cité sainte », c’est plutôt le repère d’une secte qui avait fait parler d’elle dans les années 90. Un illuminé qui se déclarait être le Chevalier du lotus d’or, et le Messie cosmoplanétaire rien que ca ! Ses disciples l’appelaient sa « Sainteté le Seigneur Hamsah Manarah ». J’aurai du y penser moi-même à créer cette fanfaronnade à l’époque de mes 20 ans, car on y trouve de très jolies filles dans ces communautés. Vous voyez un peu le truc ! Sa sainteté le biker suprême … hi hi hi vient chez moi, il y a des bonbons !
Je décide de faire une halte au petit hameau de Blaron pour prendre mon casse croute. Il y a 4 maisons et une église, un berger et un anglais plus une vingtaine de moutons ….
l'une des 4 maisons du village de Blaron
Je continue ma route sur Demandolx qui offre un magnifique panorama qui rappelle les fjords norvégiens où le bleu profond des lacs miroite dans un écrin vert de montagnes. Je rencontre quelques Grassois à la recherche de champignons , notament le lactaire délicieux dit sanguin chez nous. Cet endroit est tres prisé des Grassois pour la cueillette de ses sporophores .
le lac de Chaudanne vue de Demandolx
J’emprunte la route qui va au lac et au barrage de Chaudane et je découvre aménagé en réserve géologique un site unique, car il y a 40 millions d’année cet endroit était sous une mer chaude, ils vivaient de paisibles mammifères marins que l’on appelait : les siréniens, on retrouve la trace d’ossements bien conservés sur place.
barrage de Chaudanne
D’ailleurs une source d’eau salée continue de jaillir des profondeurs de la terre. La route fait une boucle et redescend sur Castellane cette fois ci avant le fameux pont Romain. Mes pas me font faire à present la route à sens inverse . Arrivée de nouveau à Escragnolles (06), j'apercois une etrange fresque. Une de plus retracant le vol de l'aigle sur la route Napoleon. Celle ci m'indique l'hommage à un heros local.
Pour la petite anecdote, Francois Mireur entonne pour la première fois le Chant de Guerre pour l'Armée du Rhin, composé par Rouget de Lisle. Adopté par les volontaires qui le chanteront au cours de leur marche vers Paris en juillet, le chant deviendra ainsi la Marseillaise. Francois Mireur est né à Escragnolles(06). Dans cette region l'histoire rejoint toujours la merveilleuse nature qui n'est pas de la fiction mais la realité extraordinaire.
Je reprends tout doucement ma route vers Grasse avec l’envie d’y retourner bien vite … Tout au long de ma route, j'apercois les cueilleurs de champignons avec leurs paniers en osiers qui profitent pleinement de cette nature exceptionnele.
DIAPORAMA DE LA BALADE