Monument au sens réel du mot car elle commémore l’arrivée à Nice des eaux de la Vésubie en 1883, la Cascade de Gairaut et son pavillon-chalet font partie des manifestations architecturales des compagnies fêtant la mise en fonction de nouvelles alimentations en eau des villes à la fin du XIXe siècle. Son site bénéficie d’un panorama sensationnel que l’on peut apprécier, ainsi que la cascade, sans descendre de voiture ou de moto. Mais la tentation de prendre en photo ce lieu est impossible d'y résister.
Ici chalet et cascade forment un ensemble d’inspiration autrichienne très prisé à la Belle Époque, qui s’explique par la vogue des villes d’eau du centre de l’Europe comme Baden Baden en Allemagne où l’hydrothérapie se conjuguait avec des distractions estivales dans une atmosphère folklorique.
Le pavillon de la Compagnie Générale des Eaux se dresse au centre d’un socle de rochers artificiels de connotation alpestre qui structure une large chute d’eau à ressaut aboutissant à un bassin dans une symétrie parfaite, mais non géométrique. Ailleurs dans Nice, ce caractère “rustique” est illustré par la cabane en trompe-l’œil de ciment imitant des rondins qui jouxte la villa Beau Site sur le boulevard du Mont- Boron.
À Grasse, cette tendance stylistique de la Belle Époque est présente avec l’ancien Pavillon de Thé bavarois de la baronne Alice de Rothschild, que l’on peut apercevoir depuis la route Napoléon à un rond-point au-dessus de la ville (je vous l’ai fait voir dans mon article route Napoléon). Justement, la Cascade de Gairaut a un homologue à Grasse : la cascade du canal du Foulon, une succession de chutes d’eau marquant l’arrivée dans la ville, de l’eau d’une source de Gréolières.
Cascade de caractère également pittoresque, mais moins architecturée que celle de Gairaut. Les vasques irrégulières en gradins sont dominées par un pavillon belvédère d’aspect néoclassique créé en 1889. Le site très dénivelé procure lui aussi un panorama exceptionnel sur les collines du pays de Grasse, que précède une vue plongeante sur les toits de la vieille ville.
Pour revenir à la Cascade de Gairaut, point culminant de l’acheminement du canal de la Vésubie, la réalisation du projet nécessita une série de rapports et d’études. L’idée en revint au médecin-agronome François Fodéré qui diagnostiqua en 1803 les capacités de la riviére Vésubie à remplir cet office. Puis le projet progresse par étapes pour être confirmé par une loi en 1878 déclarant “d’utilité publique” le canal de la Vésubie.
À son rôle symbolique de performance industrielle, la cascade de Gairaut joint une fonction technique: l’oxygénation de l’eau amenée par pompage jusqu’à cet emplacement avant sa distribution dans la ville. Or la position élevée du site de la cascade offre une vue étendue sur Nice d’où émerge l’acropole du Château se découpant devant la mer.
Au premier plan, d’anciennes campagnes et, toute proche, l’église italianisante de Saint-Sauveur de Gairaut d’où l’on peut voir de son belvédère une vue magnifique sur la Baie des Anges, la colline du château et pour encore très peu de temps les tribunes de l’ancien stade du Ray lieu des exploits de l’OGC Nice.
Non visible depuis la cascade, du côté ouest, la station de pompage vitrée permet d’admirer un ensemble de machines. Mais c’est aux heures nocturnes que le fracas et la surprenante odeur aquatique de la cascade, donnent la mesure de leur puissance. La cascade de Gairaut s’écoule dans différents bassins de chute surmontés d’un chalet alpin en bois travaillé. L’ensemble du site est aménagé de grottes avec fausses stalactites et d’accessoires en rocaille de ciment armé imitant des branches de bois.
Au début du XXe siècle la cascade est une étape incontournable des circuits d’excursion du pays niçois. Et les guides touristiques ainsi que la presse locale de l’époque ne manquent pas de recommander ce site au décor typique et au panorama exceptionnel auprès de leurs lecteurs. Aujourd'hui encore, elle continue d’oxygéner l’eau de la Vésubie et d'être un lieu de promenade pour de nombreux visiteurs. L'ensemble des bassins, cascades, grottes de rocaille et le chalet fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 28 novembre 2001.
De l’ancien chemin de Gairaut à l’avenue de Rimiez, ce sentier de deux km, agrémenté de petits ponts anciens, offre de beaux panoramas sur la ville. Une agréable promenade sous les oliviers et les figuiers, longeant le canal de la cascade de Gairaut. C'est le cadre idéal de balades romantiques. Les joggers s’y entrainent été comme hiver. Les riverains et leurs enfants s’y retrouvent pour flâner un moment.
église Saint-Sauveur de Gairaut
Ce chemin est un lieu de convivialité où les rencontres avec d’authentiques niçois ne sont pas rares et permettent d’apprécier toute la chaleur méditerranéenne. Longeant l’ancien canal qui amenait l’eau de la Vésubie depuis San Juan la Ribera jusqu’à Nice, les petits ponts anciens qui agrémentent son parcours lui donnent un cachet tout particulier.
Pour y accéder, il faut se rendre à Nice-Nord, prendre l’avenue de Gairaut puis emprunter l’ancien chemin de Gairaut, en montant à droite près de la Cascade. (Du centre-ville, on peut aussi prendre l'autobus ligne Sunbus n° 25). Le début du sentier se situe à proximité d’un portail qui semble délimiter une propriété privée, un autre termine la promenade en s’ouvrant sur l’avenue de Rimiez.
C'est à deux pas du centre ville, sur la colline de Gairaut, on peut y admirer un magnifique belvédère sur les quartiers du littoral, tout en se promenant ou en courant au grand air, la vue sur Cimiez, Nice et la baie des Anges est magnifique.
Au fur et à mesure du jogging, sous le chant des cigales, on côtoie de vieux oliviers, de grands pins, des chênes, des acacias, des cyprès, des figuiers odorants, des sureaux, des mûres sauvages ou des néfliers et bien sur les inévitables mimosas et magnolias. L'eau qui y coule est purement décorative, l'alimentation de l'usine de traitement des eaux de Rimiez est assurée par une canalisation souterraine.
Ah oui j’oubliais ! Par rapport à d’autres collines, comme Cimiez, on peut dire que Gairaut a conservé jusqu’au XXe siècle cette réputation de campagne de l’élite niçoise plus que des hivernants étrangers, ainsi qu’en témoigne l’implantation de la famille Médecin, grands édiles niçois. Ne négligeons cependant pas l’influence de la Belle-Époque, moindre, certes, du fait de l’éloignement par rapport au centre, mais présente.
Un château, pour reprendre la terminologie de l’époque, en témoignent. Le château d’Azur fut achevé en 1932 sur la commande d’un excentrique millionnaire d’origine américaine, un industriel du parfum appelé Virgil Neal, et sur les plans de l’architecte niçois Adrien Rey. À ce titre, ce bâtiment est le dernier témoignage des "folies" Belle-Époque qui, depuis le château de l’Anglais (1855), se mirent à orner les collines niçoises au gré des caprices de leurs richissimes commanditaires.
Mimosa et magnolia chaque hiver à Nice
Édifice d’un luxe inouï, directement inspiré par le style Renaissance française du château d’Azay-le-Rideau, parsemé de fantaisies décoratives extraordinaires, le château reçut initialement le nom du produit de beauté qui avait fait la fortune de son propriétaire, la crème To-Kalon, ce qui, en grec, signifie… la Beauté. C’est cette beauté que manifestent encore, associée à la pureté de leur eau, les collines niçoises de Gairaut et Rimiez.
vue sur la chateau d'azur
DIAPORAMA DE LA BALADE