Situé entre le royaume de France et les états Italiens, le Comté de Nice, à la suite du siège de Nice en 1543, amplifie son effort militaire en développant ses fortifications et en construisant le fort du Mont-Alban.
Bâti sur la colline du Mont Boron à 222 métres entre Nice et Villefranche sur Mer, le fort occupe une position militaire stratégique en ce qui concerne le contrôle et la défense.
Malgré des chemins d’accès escarpés, le passage de Mont Alban reste la route directe vers l’Italie. Les concepteurs de l’époque avaient compris l’importance de ce lieu qui avait un rôle de verrou, mais aussi de surveillance. La vue panoramique du site qui s’étend du bassin de la Darse dans la rade de Villefranche jusqu'à Bordighera (province d’Imperia) en passant par la baie des fourmis de Beaulieu d’un coté, de la baie des Anges jusqu'à l’Esterel de l’autre est, exceptionnelle de beauté.
Le fort se trouve dans une zone naturelle protégée, l’une des plus élevées du littoral niçois. Cet emplacement lui procure des privilèges en termes d’environnement paysagé et de décors visuels, par son belvédère à 360°.
Seul le drapeau Niçois a le droit de flotter sur ce fort
Le fort est classé monument historique en 1909, il est racheté par la ville de Nice en 2007. Occupé jusqu’alors par l’armée française et laissé à tout vent jusqu’en 1994 ou il sera complètement fermé. D’ailleurs l’une des premières anecdotes, que je puisse dire sur le fort, est qu’à l’intérieur de celui-ci, on peut trouver plusieurs graffitis de l’artiste «Ben» qui à l’époque organisera quelques soirées clandestines et sans doute déjantés… La maison du patrimoine a tenu à conserver quelques une de ses fresques depuis que l’artiste à eu une notoriété internationale.
La seconde anecdote, c’est que parmi mes visiteurs, se trouvaient des personnes originaires de Saint Quentin, habitant actuellement à Nice… et le comble pour eux, c’est qu’en plus, ils sont installés dans la rue Emmanuel Philibert. Pour ceux qui connaissent un tant soit peu l’histoire. Saint Quentin a subi par les troupes d’Emmanuel (duc de Savoie, prince de Piémont, Gouverneurs des Pays-Bas espagnols) et de Charles Quint le meme sort que ce qu’ont subi les Niçois avec Louis XIV. L’histoire est faite de ces tragédies !
Depuis 1388 le Comté de Nice fait partie de la Maison de Savoie, lui offrant son unique ouverture portuaire (plus tard elle aura le port de Gênes). Au XVIe siècle, les ducs de Savoie s’allient aux Espagnols pour résister à François 1er (Roi chrétien) qui a fait alliance avec l'emire ottoman islamique . En juin 1543, la coalition Franco Turques assiège Nice (ville catholique qui accueilli le saint Suaire). Durant l’assaut le futur roi Emmanuel Philibert se trouve dans le château de Nice avec sa mère Beatrix de Portugal. Le château résistera aux armées franco turques qui étaient pourtant supérieure en nombre, à dix contre un….. Fort Alamo bien avant l’heure !
C’est l’amiral Andrea Doria qui suggérera à Charles Quint l’idée d’une fortification militaire de la cote niçoise. Dés 1556, soit un siècle avant le système de fortifications mis en place par Vauban, ce projet prend forme.
D’ailleurs, notre guide (et j’en suis totalement ravi) n’oubli pas de mentionner que le fort du mont Alban est le premier fort militaire auquel Vauban s’est inspiré en copiant totalement les plans de celui ci pour ses futures « prouesses ».
Le château de Nice est doté de remparts, le fort de Saint Hospice est érigé, la citadelle de Villefranche et le fort du Mont Alban sortent de terre. Le comté de Nice est prêt à se défendre contre l’agresseur…
A la fin du XVII e siècle, les guerres de succession d’Espagne amènent Victor Amédée II à réitérer son alliance aux ennemies du roi de France. Aussi en 1705, Nice est une nouvelle fois assiégée par les troupes française de Louis XIV.
Au XVIIIe siècle, ce sont les guerres de succession de Pologne et d’Autriche qui font l’objet d’alliances entre les souverains. D’abord alliés, puis ennemies. La Maison de Savoie et le royaume de France s’affrontent sur le territoire niçois. La réconciliation Franco Sarde a lieu lors du traité de Turin en 1760, mais la paix est de courte durée, les guerres révolutionnaires se propagent et le fort du Mont Alban est pris le 29 septembre 1792. Il devient un poste frontière avancé des armées françaises en guerre en Italie.
Avec la paix en 1814, la maison de Savoie retrouve ses provinces augmentées de l’ancienne république de Gênes. Nice n’est plus le seul débouché du royaume, aussi en 1853, le gouvernement Sarde retire le statut de port franc à Nice et à Villefranche. C’est la rupture entre les Niçois et la maison de Savoie. En 1860 le Comté de Nice et le duché de Savoie passe à la France en contrepartie de l’aide française pour l’unification de l’Italie.
Lors de la seconde guerre mondiale le fort est occupé par l’Esercito Reale Italien, puis par la Wehrmacht allemande. Les bombardements alliés de 1944 en détruisent une partie. Cédé au ministère de la culture depuis 1964 par celui de la guerre, le fort devient propriété de la ville de Nice en 2007. En Avril 2010, alors que le fort fête son 450e anniversaire, débutent les premiers travaux de restauration. C’est donc la première expérience d’ouverture qui est proposé cet été au public.
Le siège de Nice de 1543 a été le théâtre de la démonstration des avancées techniques de l’artillerie. La ville a été massivement bombardée par des boulets de fonte tirés par des canons plus légers et maniable. Ces nouveautés dans l’armement ont rendu obsolètes les fortifications existantes. Leurs évolutions sont parallèles à ceux de l’armement. Les ingénieurs italiens alors à la pointe de l’architecture militaire s’orientent dés 1530 vers une architecture moderne avec le fort bastionné plus résistant.
Emmanuel Philibert s’entoure d’une équipe d’ingénieurs pour élaborer son système défensifs de la cote Niçoise. D’abord c’est Gianmaria Olgiati « il supremo ingenioro » qui s’active au projet de fortifications. Puis viendra ensuite les frères paciotto d’Urbino assistés de Domenico Ponsello et André Provana de Leyni qui sont les génies incontesté de l’héritage militaire des architectures bastionnées. Vauban se servira des plans de ces « suprêmes » ingénieurs pour en faire bien plus tard des copies à travers les territoires Français. De nos jours, on appelle cela du « plagiat ».
Le fort du Mont Alban est un ouvrage massif de forme polygonale et bastionnée de 742 m2. Il dispose de 4 bastions et 4 courtines se terminant par une tourelle. L’accès se fait par une petite esplanade et un pont levis piétonnier. L’ensemble du fort est constitué d’un mélange de pierres litées, recouvert d’un enduit. Les pierres utilisées proviennent du relief niçois comme le calcaire de la Turbie. L’épaisseur des murs de chaque coté du fort fait 14 métres d’épaisseur. Le remplissage intérieur de la muraille permet une résistance certaine. Il était donc impossible à un boulet de traverser celle ci.
L’enceinte extérieure en pierres sèches mesure prés de 1200 mètres de long. Le rempart maçonné efface les angles morts, amortissant ainsi l’impact des boulets. Il est renforcé par un contour Polygonal de l’enceinte. On trouvait ce type de fortifications maritimes au delà du comté de Nice, jusqu'à Gênes et le piémont bien avant de les retrouver en France. Malgré les siècles, le fort de Mont Alban veille toujours sur Villefranche et Nice. Depuis sa terrasse, la vue panoramique est tout a fait spectaculaire … époustouflante !
DIAPORAMA DE LA BALADE