Les termes "antillais" et "créoles" sont parfois confondus. Pour le premier il s'agit d'un espace géographique, alors que le second désigne un espace culturel. Les sociétés créoles sont présentes dans toute la Caraïbe, en Amérique du Nord (Louisiane), en Amérique du Sud (Guyane), dans l'océan Indien (Ile Maurice, Madagascar, la Réunion...).
Elles ont une histoire commune liée à leur peuplement : occupées par les amérindiens (pour les colonies d'Amériques) à l'arrivée des explorateurs, colonisées par les européens à partir du 15ème siècle, elles ont été le lieu d'une déportation massive d'esclaves en provenance d'Afrique. Tout ce qui est né au sein de ces colonies représente le point de départ de la culture créole. Amérindiens, Européens, Africains, Indiens, Chinois... ont tous contribué à sa diversité et à sa richesse.
Ce métissage se retrouve dans la langue créole, la cuisine créole, la littérature, la musique, les arts plastiques...Aux Antilles françaises, les mélanges de cultures ont donné naissance à des termes introduits par les colons sans doute dans un souci de classification et dont voici quelques exemples :
Les mulâtres et les mulâtresses, désignent les enfants nés de colon et de femme esclave.
Les câpres et les câpresses : mélange de mulâtre et de noir.
Les griffes : mélange de câpre et de noir.
Les quarterons et les quarteronnes : mélange de mulâtre et de blanc.
Les mamelouques ou les octavons : mélange de quarteron et de blanc.
Les chabins : métis à la peau claire, aux yeux clairs et aux cheveux clairs et crépus.
On trouve aussi des termes relatifs aux castes blanches : les békés ou blancs-pays (héritiers des grandes familles de colons), les petits blancs (descendants des petits colons), les blancs créoles (blancs nés aux Antilles), les métros (blancs nés en France)... Par la suite sont apparus les coolies (originaires d'Inde), puis les chapé-coolie ou bata-zindien (mélange d'indien et de noir)... On se contentera donc d'employer le mot métissage, symbole de cette culture. Pour l'heure dirigeons nous vers Grasse, la cité des parfums enfile les habits et costumes traditionnels: La Douillette, la Golle, le Ti-collet et la grande robe en madras.
Quelle chaleur sur le cours Honoré Cresp à Grasse ! Ici, on ne parle pas de Météo, les touristes qui ont choisi la cote d'azur en ce mois de juillet 2011, on vu tout à fait juste et ils ne ce sont pas trompés de casting de vacances. Comme d’habitude dira-t-on ! La température a encore même monté d'un cran (Bagail la chô). Mais que tout le monde se rassure, la canicule antillaise a ce côté très supportable. Celui d'inciter au voyage en une bouchée, en une odeur, en un sourire.
La preuve ? Ils étaient très nombreux, ce week end, à tomber sous le charme du village exotique, à voguer de « kaz » en « kaz » ou à guincher sur un air de biguine. A converser de tout et de rien, à l'ombre des palmiers de la cité des parfums, avec un verre de ti-punch à la main.... La rose, la vanille et le jasmin se mélangeaient pour un feu d'artifice olfactif. L’ambiance est tropicale et la culture créole a envahi la capitale des parfums et des senteurs.
La Guyane, La Guadeloupe, la Martinique, Madagascar, la Réunion, l’île Maurice étaient tous au rendez-vous, pour ces 2 jours de fête et pour un grand moment d’échange et de partage, dans une région magnifique, et une ville agréable.
Des régions et des pays qui se rencontrent où la culture est fête ... la créole et la méditerranéenne.
Chacun dans son domaine respectif a su donner, la voix, la couleur, le goût et véhiculer avec émotion la culture de l'outre mer, en présentant au passage, tout les ingrédients et les recettes de la cuisine créole. « L'originalité de cette fête dépasse les clichés sur les Antilles et sur l'Outre-mer en général. La culture créole, ce n'est pas que les boudins, le zouk et le rhum. C'est avant tout une histoire, une culture, un avenir ».
La seule chose que je regrette dans ce festival créole de Grasse, c'est l’absence, d’écrivain, de peintre et d’historien guyanais, Martiniquais ou Réunionnais pour compléter le tableau.
L´ivresse vertigineuse des pikyé djouk des touloulous, des zouks, séga et rouleur a hypnotisé la cours honoré Cresp qui redemandait du djouk-djouk, du Chouval bwa, du Bêlé ou de la Biguine. La beauté des Martiniquaises et des guadeloupéennes, leur joie de vivre, leur grâce, leurs danses, leur grande robe créole a conquis tout le monde. Bèl moun toubòlman !
La gastronomie créole dignement représenté par des cuisiniers locaux a reçu compliments des dégustateurs d’accras de morue, de poulet, agneau ou dinde boucané, de samossas, bouchons, rougaille et carry. Le p’tit punch a fait fureur et j'ai retrouvé le gout du planteur fait maison et pas celui que l'on trouve dans la grande distribution. Ce qui ne menpêchera pas, d'avoir le lendemain matin, mal aux cheveux ... Pourtant je n'ai bu tout au plus qu'une dizaine de verre de ce jus d'orange en compagnie de mes nouveaux amis Martiniquais ?
Enfin, je me suis régalé au stand des Mauriciens avec tout d'abord un très bon achards de légumes et un rougaille de saucisses dont je ne vous dis pas les délices et les saveurs ...Tiens ! Je vous laisse saliver: Le rougaille à l’île Maurice est servi chaud. C’est une autre version de la sauce tomate provençale. Pour la préparer, il suffit de découper les tomates en dés, de hacher des oignons et de la ciboulette, de piler les piments rouges et le sel dans un mortier. Le tout se mélange avec de l’huile d’olive.
Vous pouvez rajouter un peu de combava, de gingembre ou des olives selon le goût. Il est possible d’incorporer de la viande comme le bœuf pour faire un rougaille bœuf, de la saucisse pour un rougaille saucisse ou une omelette pour un rougaille omelette. Quand je vous dis qu'il y a des similitudes dans nos deux cultures. Normal ! Nous sommes des pays du soleil .... Le tout accompagné d'une bonne bière Phoenix (avant le jus d'orange).
En fin d'après midi, il y avait foule pour voir et photographier la parade de toutes ses tenues hautes en couleurs venues des régions d’Outre-mer. Une sorte de carnaval ... Ce fut une très belle fête, un très grand moment de partage et d’échanges comme j'ai pu le faire avec François un postier qui a quitté son ile de la Martinique à 23 ans et qui me raconte:
" comme mes compatriotes, j'ai quitté les Antilles pour la métropole pour trouver du travail. La grande famille postale m'a accueilli à Tolbiac pendant plusieurs années (ce centre de tri est maintenant fermé). J'en ai bavé à Paris et j'étais bien souvent déprimé, car les perspectives de mutation dans mon ile étaient quasiment nulles. Alors, j'ai fait des fiches de vœux pour la Cote d'Azur et depuis je revis. Ici, je retrouve le soleil, la mer et les palmiers ... et la chaleur humaine des gens du cru.
Je suis depuis marié avec une Niçoise et je me suis imprégné de leur identité. Les méditerranéens sont comme nous me dit il ... tout en rigolant : des gens de couleurs !
C'est alors qu'arrive son beau père Ange Cottalorda…et c'est parti pour une conversation en Nissart sur l'équipe de foot de l'OGC Nice. On s'arrête brusquement de parler, parce que la parade (vidé) se met en marche et qu’à coté de nous une belle Antillaise nous invite à danser avec son magnifique costume traditionnel (Man ka vini) ! Les femmes antillaises ont toujours eu un goût prononcé pour les belles tenues et savent en général mettre en valeur leur beauté. Comment résister à cette doudou ?
Tout d’un coup les rues du vieux Grasse retentissent aux sons des caraïbes, j’accompagne le groupe folklorique dans ces déambulations jubilatoires …Mi bel plési !
Voila ! Sonya et Sara. J'espère ne pas avoir trop dit de conneries, on parle toujours beaucoup nous les méditerranéens, mais le cœur ne saurait mentir quand on affectionne quelque chose. Alfred de Musset dira: Ce qui vient du cœur peut s'écrire, mais non ce qui est le cœur lui-même. Et dans le cœur nous devons toujours avoir de l'amour et de l'amitié....
Fanm kon jaden, fo ou okipé-w dè-y ! Et les jardins de Martinique sont magnifiques …
*Ah oui ! Sonya . François m'a dit qu'il y avait une façon de nouée la coiffe: à pointes ou à bouts, carré de madras attaché autour de la tête,et qui révèle aussi la disponibilité sentimentale de l'antillaise.
Une pointe : cœur à prendre
Deux pointes : déjà conquise
Trois pointes : mariée
Quatre pointes : mariée mais vous pouvez tenter votre chance.
Merci au groupe Karibana: Cette association a pour but d'enseigner la culture et le folklore traditionnel antillais, elle propose des cours de danses sur la commune de Grasse. Ce groupe folklorique fait résonner les rythmes et les chants antillais dans des spectacles de danse et de percussions aux accents carnavalesques.
Contact: 50 route de cannes les myosotis - 06130 GRASSE Tel: 0493 091 695 email: gwoka06@hotmail.fr
*vous remarquerez que sur la derniere photo, je ne suis plus en etat de faire des clichés !
DIAPORAMA DE LA FETE