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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 22:08

octobre2001-0124.JPG L'attrait des Russes pour la Côte d'Azur, et pour la Baie des Anges en particulier, ne date en effet pas d'aujourd'hui. La ville de Nice est connue pour être la capitale de la Côte-d’Azur dont le climat et la beauté du paysage ont été rendus célèbres par les Britanniques à la fin du XIXe siècle. Ce qui est moins connu en revanche, c’est que les Russes peuvent revendiquer tout autant la paternité de cette découverte puisque les membres de la famille impériale avaient pris l’habitude d’y passer l’hiver, et ceci dès la seconde moitié du XIXe siècle.

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C'est ici qu'arrive le Nice-Moscou toutes les semaines

 

 Les fastes de leurs réceptions ont marqué l’imaginaire des Niçois. Reste qu'un siècle et demi de présence russe sur la Côte d’Azur a donné un héritage architectural hors du commun et sans égal hors de Russie. Nombreux sont les vestiges qui nous rappellent la présence d'une colonie dans cette ville, et qui nous font remonter jusqu'au dix-huitième siècle, époque à laquelle la cité était encore sous la protection de la Maison de Savoie.

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Eglises, villas, musées sont autant de lieux de mémoire pour cette communauté, et sont très souvent inconnus de la population niçoise elle-même. Pourtant, ces témoignages d'une splendeur passée sont bien la raison de l'arrivée chaque année d'un grand nombre de touristes venus du grand froid : Nice est devenue un lieu de pèlerinage.

octobre2001-0180.JPG Tout commença en 1770, lorsqu'une flotte russe commandée par Alexis Orloff fit escale à Villefranche, alors qu'elle était en route pour la Turquie. Nice présentait au point de vue maritime un attrait stratégique pour la Russie, lui permettant de développer ses rapports avec cette partie du littoral méditerranéen. Dans les années 1850, une amitié russo-niçoise naquit, grâce au peintre Joseph Fricero, originaire de Nice.

octobre2001-0187.JPG Celui-ci, de voyage à Saint-Pétersbourg avec le prince Gagarine, s'éprit de Youza, qui n'était autre que la fille naturelle du tsar Nicolas Ier. Les noces eurent lieu en 1848 et les époux partirent vivre sur la Riviera. Mais la colonie russe ne se constitua réellement que sous l'impulsion de l'impératrice douairière Alexandra Feodorovna avec le séjour en 1856. Or sa venue à Nice pour raisons de santé dissimulait en réalité un projet politique du tsar Alexandre II.

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En effet, à l’issue de la guerre de Crimée que la Russie avait perdue, le tsar avait des vues sur Villefranche, port doté d’une rade pouvant accueillir une escadre, qu’il avait projeté de louer au roi de Sardaigne, maître alors du comté de Nice, afin d’y établir une base navale, militaire et commerciale.

octobre2001-0252.JPG  L’arrivée d’Alexandra Feodorovna se fit par la mer, une escadre russe l’escortant jusqu’à Villefranche. Lors de son second hiver à Nice, la tsarine désira un lieu de culte orthodoxe et fit édifier, rue Longchamp, la première église russe de la Riviera qui fut inaugurée en 1859. Les lieux de culte commencèrent à fleurir. La colonie russe prenant de l’ampleur dans les villes de la côte, la grande duchesse Anastasia fit construire à Menton, rue Morillot, l’église orthodoxe Notre-Dame de la Miséricorde en 1892, tandis qu’à Cannes en 1894 s’élevait Saint-Michel archange sur le boulevard des Pins.

octobre2001-0299.JPG  Alexandre II acheta la propriété Bermond, vaste domaine couvert de plantations d’orangers, fit raser la grande habitation d’une quarantaine de pièces et élever en 1867 une chapelle commémorative, à l’emplacement exact de la chambre où le jeune prince s’était éteint. (Aujourd'hui,cette chapelle se trouve juste derriere la grande cathedrale Orthodoxe de Nice)

octobre2001 0164-copie-1 Enfin inaugurée en 1914 la grande cathédrale vu le jour, parmi les édifices religieux de confession orthodoxe de Nice, la cathédrale russe est celui qui manifeste le plus brillamment l’importance et la richesse de la colonie russe sur la Riviera. Cette cathédrale est considérée comme la plus belle église orthodoxe hors de Russie ! Elle serait le plus grand édifice orthodoxe russe. Son bulbe central entouré de quatre bulbes plus petits, en font la réplique de Saint-Basile au Kremlin.

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Non loin de là, l’Hôtel du Parc Impérial fut construit en 1900 pour les hivernants russes sur une autre partie du domaine Bermond. Ses tennis furent le théâtre des exploits de la championne Suzanne Lenglen et il a été transformé en lycée en 1924. Après 1917, nombreux furent les Russes blancs qui fuyant le bolchevisme vinrent s’installer à Nice. Pour beaucoup d’entre eux, elle était la seule ville qu’ils connaissaient hors Russie.

octobre2001-0289.JPG  Quant au projet de base navale russe à Villefranche (Vilafranca est le village voisin de Nissa), il fut réalisé en 1859. Lors de l'annéxion du comté de Nice à la France en 1860, Napoléon III donna son accord au tsar et la base fonctionna jusqu’en 1870.

octobre2001-0261.JPG Quand à Alexandra Feodorovna elle œuvra en faveur du développement de la ville ; elle promut notamment la construction d'une large route reliant Nice à Villefranche, baptisée lors de son inauguration " Boulevard de l'impératrice de Russie ". Avec sa belle-sœur, la grande duchesse Hélène, elles mirent à la mode des bains de mer. Cette nouvelle vogue attira nombre de nobles russes. La vie culturelle de la ville s'en trouva transformée.

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Les Niçois appréciaient les fêtes organisées par ces étrangers si peu soucieux des sommes qu'elles pouvaient coûter. Elles duraient toute la nuit, tout y était du plus grand goût, le champagne y coulait à flots…Ainsi, Nice s'affirmait de plus en plus comme centre touristique mondain. Cette tendance fut favorisée par l'exécution de grands travaux. L'installation du chemin de fer et la construction d'une gare eurent pour corollaire l'affluence d'une riche clientèle étrangère. Un orient express Moscou-Nice fut crée (il existe encore aujourd’hui).

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 De plus en plus de grands aristocrates séjournaient sur la Côte d'Azur : certains n'y furent que de passage, d'autres y firent des acquisitions immobilières. Léon Tolstoï et Anton Tchekhov y passèrent beaucoup de temps ; c'est à Nice que Tchekhov fut pris de la passion du jeu. Nice, ville des fastes, ne cessait d'évoluer et de prospérer. A la veille de la première Guerre mondiale, la colonie russe était bien établie et faisait partie intégrante de la société niçoise. La population appréciait ses excentricités et sa manne généreuse.

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 Avec le premier conflit mondial et la révolution bolchevique, l'émigration russe vers la France et vers Nice changea de visage. Elle ne procédait plus des mêmes raisons : la Riviera, autrefois lieu de villégiature, devint le refuge après l'exil d'une multitude de partisans de l'opposition. Certains émigrés contribuèrent à faire de Nice un haut lieu de l'art et de la culture, tel l'architecte Ancré Svetchine, qui construisit les villas de Marc Chagall, des Maeght, de Christian Dior et du brasseur Heineken.

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Aujourd’hui, une autre génération de Russes arrive sur la Côte d’Azur : ce sont les « nouveaux Russes » qui font parler d’eux en dépensant des fortunes dans les palaces et les casinos de la Promenade des Anglais. Mais les Russes installés depuis cinq générations n’entretiennent aucune relation avec eux. Ils les considèrent d’ailleurs même avec un certain mépris.

octobre2001-0328.JPGMalgré la crise, les " nouveaux Russes " sont présents comme jamais à Nice. La plupart sont très aisés et sont à l'image de leurs ancêtres du dix-neuvième siècle. Avides de consommer et de posséder, ils n'ont aucun sens de la modération. De séjour dans les plus grands palaces, ils laissent parfois des notes de plus de cinq mille euros à chaque repas. Les hommes d'affaire investissent souvent dans l'immobilier. Il reste que leur réputation est déplorable. La relation est vite faite avec la mafia, à juste titre d'ailleurs, ce qui est perçu d'un mauvais œil par les Niçois.
                           DIAPORAMA DE LA BALADE


 
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Published by freerider06 - dans comté de Nice

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