Le village de Gruissan
Encore un titre étrange par rapport à mon article. Si le sel se trouve bien à l’endroit indiqué, alors, que viennent faire les haricots ? Cette expression que j’ai apprise en Louisiane a donné un style musical. Salé ou pas salé telle est la question…. Ça va ou ça va pas ? Et à Gruissan tout va bien …. Si vous voulez entendre cette chanson cajun, j’ai mis une video en fin d’article. Le coup de coeur de ce séjour est incontestablement les salins de Gruissan ! Les paysages sont incroyables, sans parler de la couleur de l’eau. D’ailleurs, savez-vous pourquoi les flamants roses sont roses ? C’est parce qu’elles mangent une espèce de crevettes riches en caroténoïde, molécule responsable de la couleur.
Le sel donne du goût aux aliments, mais pas seulement... à la maison, au restaurant, dans les jardins, sur les routes, le sel est partout autour de nous. A la sortie de Gruissan, nous empruntons la route des salins et nous atteignons le petit village des pêcheurs de l'étang de l'Ayrolle.
Les salins de l'ile Saint Martin à Gruissan
Il regroupe quelques cabanes en bois de pêcheurs, qui semblent d'un autre temps et qui encerclent un charmant petit port. Nous flânons dans ce pittoresque site lacustre où sont amarrées plusieurs barques, qui témoignent d'une pêche artisanale encore aujourd'hui préservée.
Montagne de sel
Ici, les pêcheurs s'activent quotidiennement à la fabrication et à l'utilisation des traditionnels barrages de filets. Le salin de Gruissan, sur l'île Saint Martin, est une invitation à se laisser conter toute l'histoire de l'or blanc, aujourd'hui destiné à l'alimentation, l'industrie et la cosmétique.
La boutique avec les produits du terroir
La production des salines de Gruissan était connues dès avant 100 ans avant Jésus-Christ, avec un commerce du sel déjà important à l’époque romaine. C’est une captivante visite au cours de laquelle toutes les informations sur la culture du sel sont dévoilées : la biodiversité, la fleur de sel, les bassins de stockage, les martelières, les camelles !
Quant aux explications dédiées au métier de saunier, elles mettent à l'honneur un précieux et séculaire savoir-faire préservé. Le salin de Gruissan, c'est aussi un fascinant panorama aux chatoyantes teintes de rose. Née d’une rencontre entre la terre et la mer, la production du sel a également façonné des paysages remarquables qui abritent des milieux naturels de toute première importance.
La fleur de sel
L’exploitation du sel dans la Narbonnaise remonte à l’antiquité romaine. Le sel est obtenu grâce à l’action combinée du vent et du soleil sur l’eau de mer. C’est le saunier qui, en maîtrisant avec subtilité la circulation de l’eau dans les partènements, puis les tables salantes, permet de produire cet or blanc.
Promenade dans les salines
Les sauniers, ce sont des hommes qui vont travailler l’eau de mer avec les éléments naturels (le vent et le soleil) pour l’évaporation. Il s’agit d’un savoir-faire ancestral qui s’est transmis de père en fils en général et qui met en avant une connaissance très intime avec la nature et une grande maîtrise.
Les salins prennent cette couleur rosée en raison d'une algue riche en bêta-carotène
C’est tout un savoir-faire très subtil qui a été mis en place depuis des générations, déjà à l’époque romaine il y avait des structures bien organisées, des territoires pour exploiter cette eau de mer jusqu’à la cristallisation du sel. Cette pratique est fascinante.
cette algue nourrit de petits crustacés, eux-mêmes mangés par des flamants roses
Quand on arrive aux salins de Gruissan, on voit une étendue très plate, des digues, des petits passages aménagés avec des portes en bois, des canaux et on se demande ce que c’est, comment arrive à circuler l’eau, et comment obtient-on le sel. Il s’agit de toute une stratégie qui a été mise en place par l’aménagement du territoire : on va prendre l’eau directement à la mer.
Ici, nous sommes en Méditerranée, il n’y a donc pas de marée, l’eau est pompée pour entrer dans les salins. Actuellement ce sont des pompes électriques, mais à l’origine ça été avec la force animale ou avec une force éolienne aussi, une énergie éolienne.
En été cela est encore plus rose (Ici nous sommes au mois d'Avril)
Elle va ensuite circuler de bassins en bassins, être guidée par les sauniers, pour arriver au dernier bassin. Elle parcourt une quarantaine de kilomètres ! L’eau va entrer dans ces premiers bassins d’évaporation. Elle sera guidée par les sauniers et va séjourner un certain temps.
Des couleurs incroyables dans les salins de Méditerranée ...
Grâce à l’action du soleil et du vent, elle va s’évaporer et donc se concentrer en sel. L’eau va parcourir près de 40 km dans tous les partènements et cette avancée de l’eau va être rythmée par les conditions météorologiques. Si on a un temps chaud et sec, l’eau va avancer plus rapidement. Si on a un temps humide, de la pluie, on va ralentir la progression des eaux.
C’est une activité hautement écologique, puisqu’on utilise des énergies naturelles et les aménagements sont réalisés à partir de matériaux très simples, bois, argile, pierre, et enfin, c’est la gravité qui fait circuler l’eau.
La promenade fait environ 2 kms
Avec une vue aérienne du salin, on aperçoit que dans cette mosaïque de bassins, il y a plusieurs couleurs. Quand on est près de la mer, on est plutôt dans les bleu-vert et plus on va avancer vers les tables salantes (bassins où le sel va être récolté), on va s’apercevoir que l’eau se colore en rose.
Fleurs de sel
Cette couleur rose est tout à fait naturelle. L’eau est chargée en sel et il y a toute une vie précieuse dans cette eau : le plancton. Lorsque la salinité augmente, la vie de cette eau va évoluer. Il va y avoir des premières cristallisations comme les calciums qui vont se déposer aux alentours de 180 g de sel par litre.
La faune et la flore va évoluer en fonction de la salinité. Et petit à petit, dans les derniers bassins, là où la salinité est très forte (260 g de sel par litre), une micro algue est la seule à survivre. C’est la Dunaliella salina.
Servez vous, c'est gratuit ....
Cette algue verte se colore en rouge-orangé dans ces conditions extrêmes pour se protéger (elle produit du bêta-carotène). Et c’est pour ça que les flamants sont roses ? Dans les bassins, vivent de petits crustacés : les Artemia, qui atteignent 1,5 cm à l’âge adulte.
Tout le monde a eu sont sachet ?
Ces Artemia se nourrissent de micro-algues et prennent donc une couleur rouge-orangé. Puis, les flamants se nourrissent à leur tour de ces petits crustacés et deviennent roses ! C’est la chaîne alimentaire !
Ce sel de Méditerranée reliait la capitale des états de Savoie, Turin à son unique débouché maritime : le port de Nice-Villefranche. Celle ci fut appelé la « Route du Sel ou Route Royale » (reale strada). Charles Emmanuel Ier en 1610 ordonne la construction de la route Nice-Turin. Les nombreux échanges entre Nice, le Piémont et l’Europe du nord nécessite de moderniser cette route Royale, le roi Victor Amédée III signe, le 23 mai 1780, les lettres patentes décidant de la rendre carrossable, ce qui deviendra l'un des ouvrages les plus colossaux du XVIIIe siècle.
La route connut alors un développement considérable avec un trafic de 55 000 mulets « économiques » (transportant des marchandises) par an au milieu du XVIIIe siècle. Cet axe, le port de Nice – Turin s’avère fondamental pour le sel.
le bleu, le rose, le blanc, le vert..... les couleurs du sud !
Les éleveurs piémontais en consomment des tonnes pour l’alimentation humaine et animale, leurs salaisons, le traitement des peaux. Le commerce est particulièrement lucratif pour Nice où débarquent les bateaux en provenance des salines provençales et languedociennes.
La Route du Sel niçoise, en effet, celle que Thomas Jefferson, futur président des États-Unis d’Amérique, en 1787 décrivait comme « l’ouvrage le plus remarquable des temps anciens et modernes »…… Nice et Turin ce fut trois siècles de destin commun grâce au sel. Le Roi de Piémont Sardaigne voulait développer le port de Nice et entendait relier la Méditerranée à l’Europe du Nord via Turin, dont il espère faire une capitale européenne d’envergure. Hélas, l’annexion du Comté de Nice par la France en 1860 et le développement du port de Gènes vont entrainer le déclin de cette Route du Sel construite et développée au prix de tant de difficultés.
Par contre pour Soso le vent est désagréable au milieu des salins
DIAPORAMA LES SALINS