LES CARRIERES DE LUMIERE (6)

Entrée des carrières de lumière 

Exploitée depuis l’antiquité, la pierre des Baux de Provence alimente la construction jusqu’en 1935, année de fermeture de la carrière. Jean Cocteau tombe amoureux du site et y tourne Le testament d’Orphée en 1959 et révèle sa vocation artistique. Elle accueille opéras et installations.

Le spectacle va commencer 

En 2012, Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi réalisent la première projection « Gauguin, Van Gogh, les peintres de la couleur ». Un succès qui ne s’est démenti depuis. Taillées dans la roche bloc après bloc et soutenues de piliers massifs, les galeries monumentales ont valu au lieu son précédent nom de « cathédrale d’images ».

Mondrian, l’architecte des couleurs

Ici pas de vitraux. La lumière vient de l’intérieur. En grand format, elle rebondit sur les parois et fait vivre des toiles aux couleurs de Provence, baignées de soleil. J’ai toujours eu une fascination pour les lieux souterrains. Ce sentiment naïf qu’une surprise m’attend à tous les instants.

L’excitation de découvrir ce qui est caché ou encore la vanité de penser que ces trésors ne sont que pour moi. Les carrières de lumières des Baux de Provence sont à l’opposé de tout ça. Et pourtant, dans l’ombre de leurs murs de calcaire, la magie opère. Van Gogh, Gauguin, Renoir, Bonnard, Monet, Chagall, Matisse… On plonge dans l’univers des génies de la couleur.

Mucha maitre de l'art nouveau 

Les danses, les paysages, les nus se côtoient, se répondent, s’affichent en quatre mètres par trois. On marche dans le jardin des nymphéas. On s’éclaire aux quartiers de lune. On assiste aux couchers de soleil. On redécouvre la peinture sous un « jour » nouveau.

Je suis allé plusieurs fois aux Baux de Provence visiter ce village qui est l’un des plus beaux de France, mais je n’avais jamais été à la Carrière de Lumière. A propos des Baux, nous ne manquerons pas de voir le blason de la principauté de Monaco.

En effet en 1642 Louis XIII, en application du traité signé à Péronne, érige les Baux en marquisat au profit du fils du Prince Honoré II de Monaco, Hercule Grimaldi. Le titre de marquis des Baux continue d’être traditionnellement porté par le Prince Héréditaire de Monaco, aujourd’hui le Prince Jacques.

« C’était le Prince Albert II pendant très longtemps, et le jour où ses enfants sont nés, c’est son fils Jacques, qui est devenu Marquis des Baux. Un jour, ce sera au tour du fils de Jacques ».  Alors, si vous parcourez la région, ne manquez pas cet endroit magique !

Le spectacle est renouvelé chaque année depuis 2012 et c’est à chaque fois le même émerveillement des touristes de passage. Du sol au plafond, on baigne dans les palettes de Picasso, Chagall, Bosch, Michel-Ange, Léonard de Vinci…

la jeune fille à la perle de Vermeer 

Après Yves Klein et Venise en 2022, 2024 est consacré au siècle d’or hollandais de Vermeer à Van Gogh ainsi qu’à Mondrian. Les Carrières de Lumières s'ouvrent aux univers fascinants de ces trois grands maîtres qui se sont attachés à représenter la vie, son mouvement et toute la dualité d'un monde oscillant entre le bien et le mal.

S'ils partagent une grande finesse d'exécution dans le dessin, ils se retrouvent aussi sur le terrain d'une extrême inventivité. Durant l’été, des nocturnes retracent l’intégrale des spectacles présentés jusque là, de Bosch à Cézanne et de Gaudi à Picasso.

Ou comment réhabiliter ce qui était autrefois des carrières ou l’on extrayait la bauxite en un lieu de culture et c’est bien ce genre de projet que j' apprécie énormément  et qui nous permet de continuer l’histoire.

Les carrières ont été formées il y a bien longtemps, environ vingt millions d’années, mais ce n’est qu’au du XIXe siècle, avec l’avénement de l’ère industrielle, qu’on commence а en y extraire les pierres. Cela durera jusqu’au début du XXe siècle ou la pierre sera remplacée par des matériaux de construction plus moderne (le beton).

Autoportrait au chapeau de feutre, 1887, Vincent Van Gogh

Autoportrait à l'oreille bandée - Vincent Van Gogh

C’est en 2012 que la ville des Baux de Provence confie l’espace artistique à Culture Espaces dans le cadre d’une délégation de service public. Un nouveau nom sera désigné, cela sera « Les Carrières de Lumières ». Les premiers spectacles « son et lumière immersif » débutent en mars 2012 avec un premier spectacle dédié а Gauguin et Van Gogh.

La projection se compose en général de 2 programmes différents. Le premier a toujours pour thématique la peinture, et plus spécifiquement un ou plusieurs grands peintres. Le second programme n'est pas orienté vers une thématique précise et varie en fonction des années.

La force du spectacle est de nous proposer bien plus qu'une simple projection de peintures sur un mur. Les images sont animées et prennent vie sous les yeux du spectateur, le tout au rythme d'une musique spécialement conçue pour l'occasion. Les immenses images s'animent aussi bien sur les murs que sur le sol et plongent le spectateur au coeur d'un véritable monde virtuel.

La laitière de Vermeer

Le temps d'un spectacle d'une heure, riche de plus de 2000 images numériques projetées sur 7000m2 de surfaces, les Carrières de Lumières vont se peupler d'innombrables créatures fantastiques et figures allégoriques. Semblant saisis sur le vif, tour à tour effrayants et amusants, pris dans des situations parfois cocasses, tous ces personnages sont autant de miroirs tendus vers celui qui les regarde.

Les vanités, la nature éphémère de la vie, l'aspiration à s'élever mais aussi les plaisirs, les tentations, les vices, tous ces thèmes traversent les paysages dépeints. La carrière est un acteur majeur du spectacle. La beauté du lieu et ses dimensions gigantesques contribuent à créer une ambiance particulière.

Les immenses murs de calcaire permettent aux images de prendre des dimensions monumentales au milieu desquelles on se sent tout petit. J’en avais presque le vertige ! La possibilité de se promener au sein de cet univers démesuré confère à la visite une sensation totalement différente d'une simple et statique projection de cinéma.

Vous pouvez rester le temps que vous souhaitez et regarder les films plusieurs fois. La balade dans les images étant au coeur du concept, n'hésitez pas à déambuler dans les allées de la carrières pour apprécier la projection sous différents angles. Un excellent moyen de découvrir les nombreux détails qui vous échapperont immanquablement à la première projection.

La bande-son oscille entre musique classique et moderne avec les Carmina Burana d’Orff, les Quatre Saisons de Vivaldi revisitées par Max Richter, Mussorgsky ou encore Led Zeppelin. Attention, quelque soit la période, les carrières sont fraîches, même en plein été (entre 14°C et 16°C).

                                             DIAPORAMA CARRIERE DE LUMIERE