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Des Alpes Maritimes aux Grandes Alpes.....
Avec Soso, nous partons vers 8h du matin, car si la route pour aller à la Bonette n’est pas longue (135 km), les 100km de montagne avec un dénivelé à 2800m ne se réalise pas aussi rapidement, mais il faut monter les étapes une à une pour ne pas risquer des troubles de l’équilibre ou des vertiges.
Bousieyas le plus haut village des Alpes Maritimes (1960 m)
On ne monte pas à une telle altitude en moto, en vélo ou même à pied sans quelques précautions. Une moto peut franchir plusieurs dizaine de mètres de hauteur en quelques seconde et cela n’est pas bon du tout si tel est le cas.
On monte la route de la Bonette, le panorama est époustouflant
Franchir la Bonette ne se prend pas à la légère même si c’est le paradis des cyclistes et des motards. La Bonette relègue le Mont Ventoux à un niveau pour les enfants. C’est un col classé hors catégorie avec des dénivelé à 14%.
Barriere montagneuse frontiere avec l'Italie le Salso Moreno
C’est dans le Massif du Mercantour, dans ces Alpes-Maritimes où la Méditerranée est à portée de main, que le col de la Bonette est aussi mythique pour les motards et les cyclistes que l’est le col du Turini pour les voitures de rallies. Ces 2 cols des Alpes Maritimes sont méme mythiques à l'échelle européenne.
La montée depuis le village de Bousieyas (Alpes Maritimes)
Rappellez vous le Tour de France 1993, étape Serre-Chevalier – Isola 2000 et les mots de ce grand sportif : « Le lendemain, vers Isola 2000, nous avons escaladé l’Izoard puis le col de la Bonette, toit du Tour de France. J’ai un souvenir très précis. Je suis resté le dernier dans toute l’ascension. Volontairement....car le panorama est magique !
La bas dans le cirque montagneux à gauche une cabane de berger
Les mains en haut du guidon, j’ai pleinement apprécié. Je respirais fort ces derniers temps d’éternité cycliste : les miens. L’instant de devait pas m’être volé. Monter au-dessus de 2800 mètres dans ces circonstances avait de quoi me redonner des raisons d’apprécier, pendant quelques longues minutes d’évasion mentale, tout ce que j’avais désormais vécu sur un vélo. Un fractionné poétique… »
Le Salso Moreno et le Pas de Morgon
Ces mots sont ceux du regretté Laurent Fignon, l’un des plus grands champions de l’histoire du cyclisme français, qui relate dans son autobiographie le moment où il décida de laisser le peloton filer sans lui, ici, dans ce décor majestueux de la Bonette qui dépasse « de sa tête granitique tous les phénomènes de la nature proposés aux coureurs ».
Sa longueur, ses paysages lunaires, ses roches sombres lorsqu’on approche du sommet, son altitude inédite, en font une ascension spéciale, unique. Une expérience en soi. Rien en France n’est comparable à ce col. On roule sur la lune !
Et ça continue de monter... en moto, c'est un régal !
Il est évident qu’il faut s’y aventurer car une fois au col, impossible d’échapper à l’irrépressible besoin de passer cette barre des 2800m… malgré un dernier kilomètre offrant des pentes à 15%. Mais de là-haut, le spectacle vaut vraiment le « détour », c’est le cas de la dire !
On y est presque ....
La Bonette, où les quatre points cardinaux s’offrent à vous, propose l’un des plus beaux panoramas du Pays de Nice. Sa majesté les Alpes Maritimes sont devant vous en 3D.
Historiquement, ce passage entre la vallée de la Tinée, territoire du Royaume de Piémont Sardaigne comme l’ensemble du Comté de Nice jusqu’en 1860, et la Vallée de l’Ubaye, elle française, était peu usité. On lui préférait le passage par le col de la Cayolle, plus aisé, un peu plus à l’ouest.
La cime de la Bonette est en vue (2860 m)
En 1860, le Comté de Nice devient français frauduleusement (annexion totalitaire) et la frontière est donc repoussée un peu plus vers l’est. D’importants aménagements routiers sont mis en chantier dans tout le Haut-Pays niçois alors très enclavé et Napoléon III envisage, dès août 1860, la création d’une « Route Impériale » reliant Nice à Barcelonnette par cette vallée de la Tinée.
Le secteur de la « Bonette-Restefond » devient stratégique d’un point de vue militaire car les relations entre la France et le nouveau Royaume d’Italie vont rapidement se détériorer. Cette zone va donc devoir être protégée d’une éventuelle invasion italienne et c’est alors que démarrent de nombreux chantiers de fortifications.
La Bonette, la plus haute route d'Europe (Alpes Maritimes, Pays de Nice)
Et qui dit chantiers dit nécessité d’apporter sur place des matériaux : une première piste charretière est donc tracée via le fameux « col de Restefond ». Mais de conflit lors de cette période il n’y eu point, et à partir de 1915 l’Italie et la France se retrouvent finalement dans le même camp lors de la Première Guerre Mondiale.
Notre Dame du Tres Haut (Alpes Maritimes) Chaque année de Nice part un pèlerinage ...
L’arrivée de Mussolini au pouvoir entrainera un nouveau renversement des alliances et donc une nouvelle vague de travaux : la ligne Maginot des Alpes. La piste va donc progressivement se transformer en route carrossable afin de transporter de nouveaux matériaux (béton, acier) bien plus lourds. Des combats cette fois-ci il y en aura… mais très brièvement et l’armistice de juin 1940 entre la France et l’Italie marquera la fin de l’intérêt militaire du site.
Toujours quelques névés au mois de Juillet...
La paix et l’avènement de L’ère du tourisme et du commerce allait lui donner un nouvel élan, et la volonté de tracer une « route de prestige » (selon les mots du Préfet de l’époque) dépassant l’Iseran, alors plus haut col routier d’Europe, allait permettre de débloquer les fonds nécessaires pour poursuivre le tracé jusqu’au col et à la Cime de la Bonette (2802m) par l’itinéraire que nous connaissons aujourd’hui.
Juillet 2021 Alpes Maritimes température 12°.. 2800 m. Mon record en moto est à 3200 m aux états unis dans le Yosemite
Le 2 octobre 1961 sera finalement inaugurée (plus de 100 ans donc après la promesse de Napoléon III) la « Route de la Bonette-Restefond », alors « plus haute route d’Europe ». Le Tour de France ne pouvait tarder à s’aventurer dans les parages…et les motards européens emprunter la route mythique.
Soso est frigorifiée.....On passe de 30° sur le littoral à 12° à la Bonette
Avec mon Harley Davidson nous arrivons donc à l’embranchement de St-Dalmas-le-Selvage (alt. 1203 m), et les choses vont se compliquer : il nous reste 11,2 km d’ascension et 1657 m de dénivelé+ à… 10% de moyenne !
Une moto romp le silence
Dans un décor de toute beauté, on passera progressivement d’une forêt de mélèzes (Vallon de Sestrière) à un milieu minéral (Vallon de Sagnas) sous le regard de la Cime de la Bonette à 2860 m, on a à grimper des pentes souvent au-dessus de 9% et même un terrible passage de 2,7 km à 15% de moyenne dans le final !
Voici le département des Alpes Maritimes...70% de montagne
Lorsque l’on grimpe en montagne, on ressent l’effet de l’altitude. Passé une certaine altitude, on s’essouffle plus vite. A mesure que l’on monte en altitude, la pression atmosphérique diminue et la concentration de l’air aussi. Un même volume d’air contient alors moins de molécules.
Devant le Menhir mythique de la Bonette pour tout les motards d'Europe...et les cyclistes !
Disons que l’air est de plus en plus dilué à mesure que l’attraction terrestre se fait moins forte sur ses différentes molécules. En cherchant bien, vous trouverez de l’oxygène mais pour alimenter votre organisme, cela nécessitera un effort plus important.
En contournant la Bonette, panorama sur le Pelvoux (3943 m) et l'Ailefroide (3954 m)
Notre organisme dépend de l'oxygène (O2) pour produire l'énergie dont nos cellules ont besoin, celle que nos muscles utilisent pour marcher ou courir par exemple. En plaine, dans une station de ski ou au sommet du Mont-Blanc, l'air contient toujours la même quantité d'oxygène (20,9 %).
Cimetière militaire des diables bleus sur la piste de la Moutiere
Mais plus on monte en altitude, plus la pression atmosphérique et donc la pression en O2 que nous inspirons diminuent: c'est «l'hypoxie» d'altitude. Elle réduit l'oxygénation de notre sang qui alimente l'ensemble de notre organisme.
On descend par le Restefond pour prendre la Moutiere
A 2500 m d’altitude l’oxygène ne sera plus que de 73 % et à 3000 m de 68 %. Mais pourquoi est ce plus difficile de gravir cette altitude en moto qu’a pied ? Car en moto, on avale l’altitude plus vite qu’a pied et donc la pression atmosphérique devient beaucoup plus importante et donc plus pénible. Faire la Bonette en moto est une expérience unique à la fois physique et philosophique …
La piste du col de la Moutiere, c'est par ici que nous allons redescendre dans le prochain épisode
DIAPORAMA LA BONETTE