Une belle journée de Février 2021
C’était donc un petit bol d'art et d'air frais pour la Côte d'Azur : la Fondation Maeght située près du village de Saint-Paul-de-Vence annonçait la réouverture au public de ses jardins d'art à partir du lundi 8 février.
La nouvelle constituait une surprise dans l'un des départements les soit disant plus touchés par la vague de Covid-19 de cet hiver. Evidement la Fondation a revisité le prix d’entrée puisque que l’on ne peux visiter l’intérieur des salles. Mais les 7€ demandés à l’entrée ne justifient en rien l’exposition qui se trouve dans ces minuscules jardins.
Sculpture d’Alexander Calder, les Renforts 1963
On a l'impression d'avoir perdu son temps, et son argent. On a même un sentiment d’arnaque totale ! Sept euros pour ce qu’il y a à voir, c’est prendre un peu les gens pour des pigeons. Vous allez peut être me dire que je ne suis pas réceptif à ce genre d’art et je dois bien l’avouer, je n’aime pas du tout !
Mais la, dans le cas présent, on ressort avec le sentiment de s’être bien fait avoir. En temps normal, vous payerez l’entrée 16€, alors que le Louvre est à 17€ et ici, il y a très peu à voir et je le répète, c’est sans intérêt et une perte de temps !
C’était l’un des derniers lieux que je n’avais pas encore visité dans les Alpes Maritimes et vous vous imaginez ma grande déception. Ce qui ne va pas m’empêcher de vous raconter l’historique de cette Fondation qui est adulé par les amateurs d’art contemporain.
Pilier culturel de la Riviera Cote d’Azur et lieu incontournable avec les musées niçois Chagall, Matisse et Mamac ou le musée Picasso d'Antibes, la fondation Maeght, ouverte en 1964, vit exclusivement des entrées du public, sans subvention. Elle reçoit environ 150.000 visiteurs par an, dont 60% d'étrangers.
Marc Chagall, les amoureux 1963 (mosaïque)
La Fondation Maeght avait 13 ans d’avance sur Beaubourg. Lorgnant sur les exemples américains, Aimé et Marguerite Maeght créait « instinctivement et par l’amour un univers où l’art moderne trouve sa place », selon les termes d’André Malraux, qui l’inaugura en juillet 1964.
Alberto Giacometti, l'homme qui marche, bronze 1960
Les grands noms se succédèrent à sa tête, de Jean-Louis Prat (directeur de 1969 à 2004) à Olivier Kaeppelin (de 2011 à 2017), ancien du Palais de Tokyo, et Michel Enrici (2006-2009), fondateur du Pavillon Bosio de Monaco. C’était le temps des soirées musicales en compagnie de John Cage, des lectures d‘Yves Bonnefoy, Claude Esteban ou Henri Michaux, des invitations faites à Paul Rebeyrolle, Germaine Richier, Fabrice Hyber ou Erik Dietman. Mais le Covid fait vaciller l’institution qui reste fermé depuis le premier confinement.
La Fondation se trouve à Saint-Paul de Vence. Ce piton rocheux connu pour ses parties de pétanque avec Lino Ventura, Georges Géret, Yves Montand, Line Renaud, Henri Salvador ou encore Roland Magdane, son mythique restaurant La Colombe d’Or, aux murs ornés de fresques des plus célèbres artistes du XXeme siècle, sa ville fortifiée refuge d’artistes et de galeries en tout genre, est également le lieu où les époux Maeght ont choisi d’établir un endroit voué à l’Art et aux artistes.
Dans une végétation luxuriante typiquement méditerranéenne, aux allées gravillonnées d’un blanc immaculé et aux plans d’eau comme d’autant de tableaux mouvants, se dresse un complexe cherchant l’harmonie parfaite entre nature et architecture.
Fontaine de Miro, Gargouille
Alors que les plages de la Côte d’Azur connaissent une fréquentation digne d’un premier jour de solde en ce mois de Février sans Carnaval, le déplacement jusqu’à Saint-Paul de Vence s’impose pour qui est en quête de tranquillité, de fraicheur et de culture. Pour Mirò évidement, pour cette fondation également mais surtout pour comprendre l’ambiance que dégage un lieu dédié à toutes les formes d’Art.
Ce lieu atypique et unique, oeuvre et concrétisation d’une vie des époux Maeght, est sans pareil en France. Preuve supplémentaire si il le fallait, les plus prestigieuses marques de mode à l’instar de Louis Vuitton ou Dior ont récemment défilé dans les jardins et le labyrinthe élaboré par Mirò. Mirò, toujours lui.
Mirò, qui pour votre serviteur du blog serait plutôt les oeuvres d’un enfant attardé que celle d’un grand peintre. Mais les professionnels de l’art me diront tous que je ne comprends rien à l’art !
Miro, la révolte des paysans Espagne 1960
Le jardin qui rouvre ses portes abrite ainsi un stabile monumental d’Alexander Calder, la sculpture éolienne de Takis, des vitraux signés Georges Braque, ainsi qu’un mur de mosaïques réalisé par Pierre Tal-Coat et bien évidemment Les Amoureux, une mosaïque de Marc Chagall intégrée au mur de la librairie.
Mais si les touristes du monde entier se rendent à la Fondation Maeght, c’est aussi pour visiter le labyrinthe Miró, un parcours in situ imaginé, entre 1961 et 1981, par l’artiste catalan et les frères céramistes Josep Llorens Artigas et Joan Gardy Artigas.
Le parcours, dont les marbres et céramiques ont été restaurés en octobre dernier, réunit une vingtaine de sculptures en marbre, bronze, béton, fer ou céramique, et allie avec poésie, au cœur des jardins du musée de Saint-Paul-de-Vence, l’architecture à la nature.
Fontaine Miro, Gargouille
L'aventure commence à Cannes, lorsque Aimé, jeune orphelin, décide de consacrer sa vie à l'art, d'abord comme artisan, puis comme marchand et enfin le collectionneur prend le pas sur le galeriste, il décide de créer une fondation pour faire partager au public sa passion de l'art vivant.
La Fondation Maeght est une histoire de famille et d’amitié. Aimé et Marguerite Maeght l’ont financée. S'ils l'ont imaginée en collaboration avec l’architecte catalan Josep Lluis Sert, leurs amis artistes ont personnellement participé à sa conception et à sa réalisation, chacun s’appropriant un espace de la future fondation.
Le Labyrinthe de Miro
Ainsi Joan Miro, Marc Chagall, Alberto Giacometti, Georges Braque, Alexander Calder, Bonnard, Rebeyrolle ou encore Fernand Léger y ont trouvé un lieu de création idéal où les salles et les jardins dialoguent dans l’harmonie la plus parfaite.
Ils offrent aux artistes la liberté d'investir jardin et bâtiments : Miró invente un Labyrinthe, peuplé de sculptures et de céramiques, Giacometti installe L'Homme qui marche et les « Les Femmes de Venise » dans la cour d'honneur, Braque dessine des poissons dans les bassins, Chagall des mosaïques sur les murs.
Yoyo Maeght retrace l'engagement de ces visionnaires que furent Aimé et Marguerite Maeght, et que poursuivent aujourd'hui leur fils Adrien et leurs petits-enfants.
* Mon avis sur le musée et son art, n’engage que moi bien sur !
DIAPORAMA MAEGHT