Le paradoxe de ce palais ou seul flotte le drapeau niçois (entrée principale) alors que Massena était un général pro Français ?
Le Palais Massena, joyau architectural de la Promenade des anglais, évoque, au travers de ses collections, l’art et l’histoire de la Riviera à compter du rattachement de Nice à la France jusqu’à la fin de la Belle Epoque. C'est à dire tout au plus 70 ans d'histoire pour une ville qui en compte 3000 ! Une paille dans une botte de foin....
De style Néo-classique, la villa Masséna s’inspire du modèle de la Villa Rothschild de Cannes et des villas italiennes du 1er Empire. La villa se situe dans le quartier que l’on surnommait en niçois le « Neubourg » (Newboærough : nouveau quartier, situé autour de la Croix de Marbre), occupé depuis la fin du XVIIIème siècle, par les hivernants anglais. Il est le symbole de l’expansion de Nice au-delà du Paillon (fleuve partageant la ville) et de l’essor de la Promenade des Anglais).
La Veranda qui jouxte la salle à manger
L’ensemble des œuvres évoque ce thème par une scénographie qui allie les arts graphiques, le mobilier et les objets de cette période et plus particulièrement l’histoire. Sont entre autres présentés le masque mortuaire de Napoléon, le diadème de Joséphine en nacre, or, perles et pierres de couleur offert par Murat à l’Impératrice.
Ou encore le manteau de cour porté par Joséphine le jour du sacre de Napoléon, couronné roi d’Italie à Milan le 26 mai 1805 ainsi que de nombreux portraits de personnalités en lien avec l’histoire de Nice et sa région.
La salle à manger et sa véranda
On y voit notamment les symboles du pouvoir utilisés à l’époque sarde: la masse sénatoriale, la table du sénat (Sénat de Nice de la cour royale de Sardaigne)... Une galerie de portraits relate la chronologie des souverains du Royaume de Piémont-Sardaigne de la Restauration à l’Annexion frauduleuse: Charles-Félix, Charles-Albert, Victor-Emmanuel II, premier roi d’Italie.
Le cabinet de lecture et sa bibliothèque legs du chevalier Victor de Cessole. Les Spitalieri de Cessole, grande famille niçoise sont les descendants de Madame de Sévigné. (le grand-père de Victor de Cessole, Hilarion, premier président du Sénat de Nice, épouse en 1804 l'arrière-arrière-petite-fille de la célèbre marquise)
Un espace dédié aux hivernants et aux têtes couronnées qui ont fait les grandes heures de Nice. Un portrait de la reine Victoria (alliée des Savoie), offert par la couronne anglaise, présente une reine en deuil, dépourvue d’attributs royaux, dont la stature suffit à indiquer son pouvoir.
Le visiteur pourra aller à la rencontre des peintres paysagistes du XIXe siècle et plus particulièrement Joseph Fricero, Antoine Trachel ou Alexis Mossa…Il est à noter que le rez-de-chaussée de la Villa est en lui-même une œuvre grâce à son somptueux décor intérieur créé par les architectes Hans-Georg Tersling et Aaron Messiah, et le mobilier et les objets d’art du 1er Empire qui garnissent les salons.
Napoléon 1er en costume de sacre, d’après le baron Gérard (1805)
Il rassemble en outre 15.000 pièces, mobilier, peintures, sculptures et objets d'art, qui témoignent de l'art de vivre à Nice de la fin du XVIIIe siècle à 1939. La Bibliothèque du chevalier Victor de Cessole, don fait à sa ville par ce personnage exceptionnel, pionnier de l'alpinisme dans les Alpes-Maritimes, qui a légué en 1933 tous ses ouvrages, manuscrits, photographies et gravures rassemblés pendant plus d'un demi-siècle.
Les fresques de la voûte du Grand Salon sont une réplique de la salle d’audience de la reine du château de Govone (Turin) et représentent sur le motif central Athéna conduisant un char.
Mais aussi ceux provenant de ses ancêtres, notamment le marquis Ripert de Montclar, procureur général au Parlement, et le comte Hilarion de Cessole, président du Sénat de Nice pendant le Royaume de Sardaigne, cet ensemble qui constitue une documentation d'une richesse exceptionnelle pour l'histoire du Comté de Nice.
La Villa Masséna a été édifiée sur la Promenade des Anglais, entre 1898 et 1901 par l’architecte danois Hans-Georg Tersling (1857-1920), l’un des meilleurs architectes de la Côte d’Azur à la Belle Epoque. Le style choisi est néo-classique avec une forte empreinte italianisante.
Le prince Victor d’Essling, duc de Rivoli (1836-1910) petit-fils du "traitre" Niçois André Masséna, en fait sa résidence d’hiver. Son fils, André, héritier du domaine à la mort de son père, en fait don à la Ville de Nice en 1919, et le musée Masséna est inauguré en 1921.
La Famille Masséna entourant la princesse d’Essling (1902-1903)
Le musée bénéficie d’un jardin historique aménagé selon le dessein d’un architecte paysagiste révolutionnaire à la fin du XIXème siècle et le début du XXème, à savoir, Édouard André donnant sur la promenade des Anglais et attenant au fameux hôtel Negresco.
Le retable de 1512 représentant la crucifixion du Christ, l'un des chefs-d'oeuvre du peintre niçois Louis Brea
Le mémorial des victimes du 14 juillet est situé dans le jardin de la Villa Masséna dénommé « Jardin de la Légion d’Honneur ». Continuons mon article par un peu d’histoire sur ce personnage et sa famille dont les titres sont hérité de Napoleon 1er.
Dieu...
Masséna est un personnage historique, déjà très controversé de son vivant. Le Dictionnaire Napoléon indique: « Les contemporains se disputaient déjà sur ses qualités militaires et ses engagements politiques, les historiens n'ont pas fini de s'affronter à son procès... ».
Le début de la carrière du futur maréchal, justifiait en effet un très sévère jugement. Nul n'ignorait qu'il était le plus grand des prévaricateurs, concussionnaire et pillard, parmi les généraux des armées révolutionnaires qui pourtant n'étaient pas des modèles de vertus.
En haut: le roi Victor Emmanuel II de Savoie. En bas: Bonaparte à Nice, exposant le plan de campagne d'Italie
Sa soif de l'or s'accrut encore sous l'Empire, malgré les revenus considérables que lui octroya Napoléon désireux d'éteindre une voracité nuisible à la discipline militaire et à la dignité du régime. Ses actions militaires ne furent pas toujours heureuses, loin s'en faut.
Le vestibule
Quelques premiers succès, lui valurent certes, le qualificatif « d'enfant gâté de la victoire » mais Napoléon démentira plus tard ce compliment que Bonaparte lui fit hâtivement au soir d'un engagement heureux. Entre-temps, le féroce jacobin, devenu duc, prince et richissime, avait mérité un autre surnom, celui « d'enfant pourri de la victoire ».
La Grande Reine Victoria alliée des Savoie. Portrait de Victor Emmanuel 1er de Savoie
L'Empereur eut des mots très durs pour lui et finit par l'éloigner; son procès n'est pas clos en France et sa conduite à la chute de l'Empire n'est pas pour le réhabiliter. Afin de rétablir la vérité historique, l’historien Alain Roullier Laurens à ouvert le procès de Masséna à Nice et ce pour la première fois.
Les Niçois y sont intéressés au premier chef, car Masséna, avant tout, trahit son pays natal. Non content de l'envahir en 1792 sous l'uniforme ennemi, à la tête d'un corps d'invasion, il le pilla, martyrisa les habitants de la vallée de la Vésubie, de Levens, de Gilette et d'autres lieux.
Le Negresco jouxte le Palais Massena
Il fit fusiller nombre de résistants Barbets et qualifia « d'esclaves » et de « brigands » les nombreux Niçois qui héroïquement défendirent leur sol occupé et soumis à une terrible dictature. Masséna, sourd aux plaintes des Niçois, prit le parti du général Garnier, son frère en maçonnerie, qui fut l'un des bourreaux du Pays de Nice.
Il convenait de savoir si Masséna méritait le nom de Niçois et devait être honoré à Nice; un ouvrage très documenté apporte toute une réponse motivée et définitive à cette question toujours d’actualité que je vous invite à lire: André Masséna: La trahison, les lauriers et les ombres chez l’éditeur les Cahiers de l’annexion.
A nos anges....... et à nos barbets assassinés par les révolutionnaires jacobins, daesch bien avant l'heure !
DIAPORAMA MASSENA