Les batailles de fleurs sont parmi les fêtes les plus gracieuses et les plus renommées de la Côte d’Azur. La première bataille de fleurs à laquelle les Niçois assistèrent, eut lieu au cours de l'hiver 1830, à l'occasion du séjour à Nice du roi Charles-Félix (Carlo Felice) de Sardaigne, venu passer l'hiver à Nice, "pour y jouir de son doux climat".
Il précédait ainsi dans la tradition, les souverains et princes russes, anglais, allemands qui séjourneront à Nice. C’est bien plus tard que Cannes inaugura sa première bataille de fleurs en 1898.
L'exemple niçois inspira également Isabelle, fille de l’Empereur Pedro II du Brésil, qui organisa à Rio le premier défilé de voitures fleuries pour célébrer l'abolition de l'esclavage. Nice est aussi à l'origine de la célèbre parade fleurie de Pasadena (Tournoiement of Roses) (USA) qui fut créée en 1890 par Francis Rowland, après qu'il ait assisté à la bataille de fleurs de Nice.
Cela permet de mieux comprendre le prestige de cette fête de la Belle Époque et sa renommée internationale. Certains confondent d'ailleurs Carnaval et bataille de fleurs, corso carnavalesque et corso fleuri.
Les Blues Brothers ...Sweet Home Cannes
Héritée d’un autre temps mais toujours très prisée du public, la parade fleurie de la Bocca, organisée par la Ville de Cannes, est un pur moment de bonheur chaque mois d’août à Cannes. Le grand défilé nocturne de chars fleuris sur la rue Francis Tonner et la traditionnelle bataille de fleurs font de ce spectacle haut en couleurs une délectation pour les yeux et les oreilles des spectateurs qu’ils soient cannois ou touristes.
Cette année encore, elle est composée de sept chars fleuris effectué par le groupement des fleuristes de la ville et accompagnés de huit groupes de musique qui représentent des groupes musicaux entrés dans la légende. En cette année 2019, un peu partout sur la planète on fete le cinquantenaire de Woodstock.
Les ombrelles de Cannes remplacent avantageusement les parapluies de Cherbourg
C’est donc un peu dans le thème que la parade fleuri de Cannes voit des groupes défilés entre les chars comme les Blues Brothers, Janis Joplin, Bob Marley ou encore le groupe Queen venus d’Italie pour l’occasion. Sept chars, neuf groupes de danseurs survoltés, près de 18000 fleurs coupées, la parade fleurie a tenue toutes ses promesses ce dimanche soir du 18 Aout 2019, à La Bocca.
Je suis une jolie fleur de Provence ni trop grande ni trop grosse ni trop mince
«Vous connaissez le carnaval de Rio ?», s’époumone le speaker. Dans les gradins et derrière les barrières, le public s’égosille. «Bien ce soir, ce n’est pas Cannes La Bocca mais Bocca Cabana !!!!» Ou comment laisser la chaleur brésilienne envahir l’avenue Francis-Tonner. Et oui, depuis deux ans la promenade du bord de mer a été baptisé « Boccacabana ». Vous avez d’ailleurs pu voir l’un de mes articles sur cette belle promenade qui a enfin été embellie…..
Nous sommes les reines du disco
Au fond, les lumières apparaissent. L’ambiance monte d’un cran. Il est 21h15, et la fête commence ! Pimenté par des musiques entraînantes. On y est. «Cannes, tatatatata yes we Cannes »….Tout le monde reprend en chœur. Ça applaudit, ça crie, ça danse. Bref, ça fait la fête.
Les chars se succèdent magnifiquement bien fleuris, il faut le souligner. Tous sont décorés sur le thème du défilé : la musique et le 50e anniversaire de Woodstock. Piano, batterie, guitare, trompette… Ainsi peut-on voir une guitare, une clé de sol, un micro… Les confettis volent, les bulles aussi. Les sourires ont envahi les visages.
Des bénévoles passent et arrosent avec leur pulvérisateur de l’eau de fleurs de jasmin, sans doute emprunté à Grasse ? La bataille de fleurs achevée, les esprits auront pu se reposer. Et faire de beaux rêves. A l’origine, cette festivité se passait sur la croisette, les Boccassiens mécontents que leur quartier soit oublié, ont demandé à la municipalité de la déplacer au centre de la bocca.
C'est la lambada....
Comment peut il y avoir autant de fleurs sur la Cote d’Azur ? Parce que, quand on dit Cote d’Azur, on dit Fleur. Corso à Nice, Parade fleurie à Cannes, Bataille de fleurs à Grasse, Corso à Menton, Défilé fleuri à la Colle sur Loup, Mimosa à Mandelieu, Rose d’Antibes, Oeillet de Falicon, bataille navale fleurie de Villefranche sur Mer etc..… Mais ou vont t’ils donc chercher toutes ces compositions florales ?
Le M.I.N de Nice, qui s’étend sur 26 hectares, est un marché de produits alimentaires et un marché aux fleurs. Ce marché, implanté dans une région réputée pour ses fleurs, est aussi le premier marché floral de France. Il exporte la production horticole du département vers 28 pays.
Le premier marché de gros de la ville a été créé par François Malausséna, en 1861. Il se déroulait alors dans le Vieux Nice sur l’actuel Cours Saleya et proposait une grande diversité de légumes, fruits et fleurs de toute la région. En 1965, face à l’ampleur du marché de gros, le maire Jean Médecin décida de le transférer sur son emplacement actuel dans le quartier de Saint Augustin.
Janis Joplin...Cry Baby
Dès l’année suivante, ce marché fut classé "Marché d’intérêt national" avant de devenir le second M.I.N de France, derrière Rungis. Dans les pays latins du pourtour méditerranéen, la culture des fleurs est une longue tradition. En effet, dans son Histoire naturelle, Pline l’Ancien (23-79) consacre un livre entier, le livre XXI, aux fleurs à cultiver, aux méthodes de culture et aux bienfaits qu’on peut en tirer.
Une longue tradition de culture des fleurs existe donc (déjà) à cette époque, et concerne Nice (Nikaïa pour les grecs ou Cemenelum pour les romains). Quant aux espèces cultivées, Pline demeure notre seule référence.
Il en cite une dizaine facilement identifiables : rose (probablement pas celle que nous connaissons aujourd’hui), lis, narcisse, violette, iris, anémone, glaïeul, jacinthe mais aussi la caltha, fleur de la famille des renoncules, et de nombreuses autres plantes aromatiques.
Outre des usages culinaires ou pharmaceutiques, il témoigne aussi du fait que les fleurs étaient déjà utilisées pour tresser des couronnes dans certaines circonstances politiques ou sociales. Bien longtemps après ces constats généraux, l’abondance de fleurs à Nice frappe déjà les mémorialistes.
La première description littéraire de Nice qui nous soit parvenue, celle que rédigea l’érudit italien Girolamo Muzio en 1542, fait déjà longuement état de cette présence florale, non seulement dans le paysage mais aussi dans les usages.
il dit des Niçoises qu’elles apparaissent ornées de fleurs et de verdure; « il n’y en a pas une qui n’ait des bouquets de fleurs aux oreilles et dans les tresses, et de ça et de là, et sur la tête si bien qu’on voit habituellement chacune d’elles décorée de six ou sept bouquets de fleurs (...) .« Et il précise que ces fleurs sont des œillets, des violettes ».
Queen ...Show must go on !
Cinquante ans plus tard, en 1608, le mémorialiste niçois Onorato Pastorelli insiste sur les parfums que dégagent, dans la campagne niçoise, " les suaves fleurs d’une infinité d’orangers, citronniers, cédratiers et autres arbres qui y poussent en tout temps grâce à la douceur de l’air ".
Plus tard encore, dans les années 1660, décrivant la campagne niçoise, l’historien Pietro Gioffredo (1629-1692) évoque dans sa Chorographie " les fleurs les plus précieuses qui donnent un gracieux spectacle en toute saison « . Il est probable que ce paysage si souvent décrit ne devait rien au hasard, en tout cas, qu’une activité de production organisée de fleurs avait vu le jour dès le XVIIIe siècle à Nice, et peut-être auparavant.
Venant compléter des fêtes carnavalesques complètement bouleversées par la transformation de cette antique pratique en divertissement touristique, la bataille de fleurs offrent aux hivernants le spectacle paradisiaque des villes de la Riviera, où abondent les fleurs quand la saison froide recouvre l’Europe.
Cette identification de la Riviera aux fleurs devient si forte que des quartiers voient leur nom modifié : le vallon de Saint-Pons devient le vallon des Fleurs, le val aurous ou vallon venté se change en Valrose. Partout sur la Riviera les fleurs sont le symbole de la région….Une région qui deviendra avec Grasse la capitale mondiale de la fleur à parfum avec comme apothéose le classement à l'Unesco !
DIAPORAMA PARADE FLEURIE
