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Château de Malijai ou Napoleon fera un bivouac
Cela faisait un bon moment que notre ex belle soeur (l’ex épouse du frère à Soso) nous proposait d’aller la voir dans sa nouvelle région en compagnie de son copain. Idéalement placé entre Vallée de la Durance, Plateau de Valensole et Route Napoleon, c’est un lieu ou les panoramas à la Marcel Pagnol et Jean Giono se succèdent dans une ébauche de couleurs de senteurs et de phénomènes géologiques surprenants aux légendes ancestrales (prochain article).
En Partant de Grasse par la route Napoleon, il faut faire environ 180 km de route de moyenne montagne pour à peine 2 heures de temps. Peut être même moins en moto, je crois que nous avons mis deux heures moins quart… sans s’arrêter bien sur !
Borie agricole dans les jardins de l'abbaye de Ganagobie
La route Napoleon des Alpes Maritimes aux Alpes de Haute Provence, je la connais comme ma poche. Petit arrêt tout de même à Malijai pour refaire le plein d’essence car sur cette route, les postes d’essence ne sont pas nombreux et avec une moto, nous n’avons pas la même autonomie qu’une voiture, alors je n'attends pas d'être en réserve.
Abbaye Notre Dame de Ganagobie
On en profite pour faire une photo devant le château de Malijai que Soso ne connaissait pas. C’est l’une des étapes de Napoleon Bonaparte après son bivouac à Seranon et au Château de Taulane (bientôt un autre article). Le voici donc maintenant au Château de Malijai dans la nuit du 4 au 5 mars 1815…
Echappé de son exil de l'île d'Elbe, le Corse (famille d'origine de Sarzana Italie) veut revenir sur le devant de la scène ! Débarqué à Golfe-Juan, il remontera par étapes vers Paris: Cannes, Mouans Sartoux, Grasse, Escragnole (pour voir la mère du General Mireur tombé au combat) Séranon, Castellane, Digne, Malijai... c'est la mythique « Route Napoléon » !
Soso et notre ex belle soeur chez son ami
Le 4 mars 1815, Napoléon descend chez le maire de Malijai, et envoie un officier au château pour voir si on peut les loger, lui et sa suite. L’officier y rencontre le domestique et lui demande « d’allumer du feu et d’éclairer l’escalier. » Quelques minutes après, Napoléon débarque au château, monte l’escalier et demande à voir le proprio. Le marquis de Noguier est à la chasse !
C'est parti pour l'apéro ...pastaga oblige, on est en Provence ! (li sian pa d’aqui ! li sian pa prouvencau. Sian nissart soulamen)
Vous imaginez la tête de celui-ci, à son retour, qui tombe nez-à-nez avec l'empereur, dans son salon ! Un Napoléon qui ne se démonte pas, et lui demande qui il est, ce que faisait son père, s’il a des frères, etc. La causette, quoi ! Avant de finir par dire :« Excusez-moi, j’ai envahi votre château, mais il n’y avait pas d’autre local convenable pour me loger. Je vais vous donner bien de la besogne.
Un petit domaine de 100 hectares chez Patrick
En effet, le château était rempli d'officiers et de valets de pied ; pour les coucher, les chambres et les corridors furent encombrés de couvertures et de matelas, et les bas offices de foin pour les valets. Les grenadiers de la garde bivouaquèrent dans la cour du château et sur la place du village. C'était une nuit de mars, froide et étoilée. Pour se réchauffer, ils allumèrent de grands feux, et tout ce qui restait de la provision de bois du marquis y passa.
Champ de lavande sur le plateau de Valensole
Après le souper, qui fut très frugal, l'empereur se mit au travail avec le général Bertrand. Le lendemain matin, avant l'aube, l'empereur descendait dans la cour, s'excusait encore du dérangement qu'il avait causé, et faisait remettre 80 francs d'étrennes aux serviteurs du château. Voila pour l’épisode de Malijai !
Nous continuons notre route vers les Mées… Je vous raconterai dans le prochain article la légende de ces fabuleux rochers que l’on appelle les pénitents et la légende qui va avec. Un récit à ne louper sous aucun prétexte.
J'ignore pourquoi cette lavande n'a pas été récolté ? Cela se fait en Juillet
En fait, nous sommes arrivés chez notre « ex belle soeur » mais nous n’avons pas voulu nous imposer en arrivant le midi. Nous avons pique niquer à proximité, dans un endroit calme et hors du temps: le Prieuré de Ganagobie.
L'abbaye est située 350 mètres au-dessus du lit de la Durance sur un étroit plateau bordé d’abrupts. Fermé au moment de notre passage, nous n’avons vu que l’extérieur. C’est dans le potager et au pied d’une borie avec deux fauteuils de jardin qui nous attendait que nous mangerons notre Pan Bagnat et notre pissaladière acheté dans une boulangerie de Saint Vallier le matin.
Vers 15 heures, nous arrivons chez nos hôtes. Patrick (l’ami) possède un domaine de 100 hectares ou il y a 3 maisons, l’une pour sa Maman, l’autre pour sa soeur. Apres un bon rafraichissement et un peu de papotage et de visite des lieux, Patrick nous propose de visiter les alentours. Sa propriété se trouve à peine à six kilomètres du plateau de Valensole.
Ici, ça a bien été cueilli
Arrêt sur un point de vue sur la Vallée de la Durance puis sur une route qui mène aux champs de lavande. Mais, nous sommes le premier week end de Septembre, la lavande et le lavandin ont déjà été ramassé depuis le mois de Juillet. La période idéale pour les voir se situe entre le 15 juin et le 15 juillet.
Le plateau de Valensole est le lieu qui semble être le plus majestueux pour observer et inhaler les lavandes en fleurs.Taches violettes au milieu des champs de blés dorés, forêts de chênes verts en fond. On a l’impression de regarder une peinture de paysage sortie du XIXème siècle dès que nous tournons la tête.
Petite chapelle au milieu du champ de lavande
Valensole et son plateau est essentiellement consacré à la culture de la lavande et des céréales. En Septembre, l’ocre des terres labourées tranche sur la pureté du ciel bleu de la fin de l’été. Le plateau de Valensole est aujourd’hui l’un des lieux les plus importants en ce qui concerne la culture de la lavande.
Les romains parfumaient leurs bains et leurs vêtements de lavande et mettaient d'ailleurs des sachets de lavande dans leurs armoires en faisant des voeux d'amour. Implantée en France par les phocéens, elle a trouvé sa terre de prédilection en Provence grâce au climat favorisant sa productivité.
La culture s'est aujourd'hui bien développée et on a vu apparaitre dans les années 20 le lavandin dont le rendement est plus élevé et sa production d'essence jusque dix fois supérieure à celle de la lavande traditionnelle. Et avant d’oublier, notons les 300 jours de soleil par an … c’est tentant vous ne trouvez pas, vous qui habitez le nord ?
Patrick termine la visite en passant par le vieux village de Bras d’Asse abandonné aux ronces et aux ruines en 1913. Maria Borrely, romancière provencale, raconte avec Jean Giono dans Dernier feu la mort de ce village, lorsque les derniers habitants décident de partir.
le vieux village de Bras d'Asse
En 1979, un groupe de Belges flamands en visite en Provence, tombe amoureux des vielles pierres dominant la bourgade. Un projet de reconstruction rassemble vite une vingtaine de famille, prêtes à retrousser les manches et à consacrer régulièrement l’essentiel de leurs vacances.
Une bonne partie d'entre eux était dans l’enseignement et s'improvisent maçons pour remonter le château, l’église et à sécuriser les ruines adossées aux remparts. Trente ans après, le village est debout grâce à la ténacité des fondateurs. Ainsi s’achève ce week end passé dans les Alpes de Haute Provence.
DIAPORAMA 04