Le Belem dans le plus grand port de plaisance d'Europe
Seul survivant des grands voiliers du XIXè siècle, le trois mats représente aujourd'hui la France et ses traditions maritimes lors des rassemblements de grands voiliers dans le monde entier (Odyssée 2002-Brésil et Antilles-, Québec 2008, le jubilé de la reine d’Angleterre et les Jeux Olympiques de Londres en 2012).
En 2014, les vénitiens ont célébré le retour du Belem/Giorgio Cini dans la sérénissime. En 2016, la fondation Belem a célébré les 120 ans du trois-mâts avec la ville de Nantes. Dernier trois-mâts barque française à naviguer, le Belem débarque sur la Côte d'Azur. Il est amarré quelques jours à Antibes, Cannes et Nice, entre le 22 septembre et le 7 octobre.
Le Belem fait sa rentrée en Méditerranée. Après un week-end chargé à Marseille, où près de 3 000 visiteurs sont venus l'admirer, le grand voilier continue ses escales à Antibes, Cannes et Nice. Pour les passionnés de voile ou les curieux, le bateau mythique est ouvert aux visites.
D’une longueur de 58 metres, dotés de mats de plus de 30 mètres de hauteur, le Belem est poussé par 1200 mètres carrés de voiles. Il a été l’un des tout premiers navires à être classé monument historique en France (1984). La fondation aujourd’hui multiplie les escales du Belem dans les ports pour l’y accueillir, à l’image du musée qu’il est, des visites du public.
En 2016, 30.000 personnes ont visité le trois-mâts. La fondation Belem a, dès 1980, décidé que le Belem reprendrait la mer et qu’il serait navire-école civil ouvert au grand public. En 30 ans, le navire a embarqué 35 000 navigants. Il est le plus ancien grand voilier au monde à accueillir du public en navigation hauturière ou au large.
Construit à Nantes, utilisé notamment dans les Antilles, puis tour à tour anglais, italien puis à nouveau français, cet ancien voilier de charge, plusieurs fois transformé, motorisé et rebaptisé, pour divers usages (croisière de luxe et navire école ), fut finalement déniché par hasard à Venise dans un piteux état à la fin des années 70, par un amateur nostalgique. Racheté grâce à l'appui de la Caisse d’Epargne qui finance la fondation qui entreprend sa restauration.
Il est aujourd'hui reconverti dans le cabotage, offre des stages d'initiation et de découverte aux passionnés, sert entre autres et accessoirement à la Marine nationale pour l'entraînement de ses mousses et apparaît dans les grands rassemblements de vieux gréements traditionnels. Le Belem fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 27 février 1984.
Lancé le 10 juin 1896, seulement 7 mois après sa commande aux chantiers de Nantes pour une Compagnie nantaise spécialisée dans le transport du cacao. Portant le nom du comptoir commercial portugais de la compagnie et arborant sur sa proue la devise du nouvel État brésilien : Ordem e Progresso, il est affecté à la flotte des « Antillais » et peut transporter jusqu'à 675 tonnes de fret.
Son premier voyage, sous les ordres du capitaine Lemerle, surnommé « le merle noir », fut un demi-succès, un incendie à l'approche des côtes d’Amérique du Sud ayant détruit les 121 mules que le bateau transportait de Montevideo (Uruguay) à Belém (Brésil). Cela lui valut un retour précipité au chantier pour de lourdes réparations.
Ce voilier de petit tonnage, comparé à la flotte des voiliers cap-horniers de l'époque, n'effectuera pas moins de 33 campagnes jusqu'à sa retraite commerciale le 31 janvier 1914. Ces campagnes se feront principalement en direction de Belém, port situé sur la rive sud du bras méridional de l'embouchure du fleuve Amazone.
Mais le Belem connaîtra bien d'autres destinations, telles que Montevideo en Uruguay ou la Martinique d'où il échappera de peu à la colère de la montagne Pelée en 1902. En effet, l'entrée du port lui est refusée par manque de place, et il doit aller mouiller à l'autre bout de l'île, ce qui le sauvera. C'est d'ailleurs le Belem qui secourra les deux (ou trois) rescapés de la catastrophe.
Sous la surveillance du Fort Carré
En 1907 et 1908, sa destination est la Guyane; il ravitaille Cayenne et son bagne. Ces voyages étant non rentables, il est cédé à la Société des Armateurs Coloniaux. L'expansion des bateaux à vapeur, plus fiables et plus réguliers pour la navigation commerciale, rend le Belem obsolète.
Le 11 février 1914, il est racheté pour 3 000 livres sterling par le duc de Westminster à des fins de yachting. Le Belem entame une nouvelle vie en tant que luxueux navire de croisière. Racheté en 1921 et rebaptisé Fantôme II par Sir Arthur Ernest Guiness, un membre de la famille de l'industriel et brasseur irlandais du même nom.
À dater de cette époque, le Belem va beaucoup naviguer, effectuant de très longs voyages. Ces voyages cesseront en 1939 à l'orée de la Seconde Guerre mondiale. Le Belem trouve alors refuge à L’ile de Wight où il sera miraculeusement épargné par les bombardements mais son gréement subira de grosses avaries.
La belle histoire entre le trois-mâts et Sir Ernest Guinness s'achèvera en 1949, à la mort de ce dernier. Il appareille en 1952 pour Venise où son nouvel acquéreur, la fondation Cini, en fait un navire-école pour les orphelins de la marine italienne. Il est rebaptisé une fois de plus: Giorgio Cini (fondée par le comte Vittorio Cini à la mémoire de son fils qui mourut dans un accident d'avion près de Cannes en 1949. Vittorio Cini avait été arrêté par les SS pendant la Seconde Guerre mondiale et envoyé au camp de concentration de Dachau).
En 1972, L’Arme des Carabiniers italienne le rachète pour le chiffre symbolique d’une lire italienne, car elle souhaite se doter d'un navire-école. Il est motorisé avec 2 moteurs Fiat de 300 ch mais sa nouvelle carrière fut courte. Le manque d'entretien pendant les années de guerre ne lui ont pas laissé fière allure et, rapidement, il est jugé trop vétuste pour emmener des cadets en mer.
Les chantiers navals de Venise le remettent plus ou moins en état de naviguer, le gréement est remonté comme à l'origine en trois-mâts barque. C'est par hasard qu'un passionné le retrouve. Grâce à une association, la Caisse d’épargne rachète le dernier grand voilier en acier français afin de le ramener dans son pays d’origine et de le restaurer.
En 1986, il effectue son voyage inaugural à New York à l'occasion du centenaire de la statue de la Liberté. Avant de vous expliquer toute la visite, je dois remercier Agathe responsable de la Fondation Belem qui m’a autorisé avec la presse locale à monter sur le bateau avant les visites publiques.
La visite commence avec la partie arrière du bateau: la dunette, qui est l'espace de commandement du bateau. Ostensiblement, avec mes acolytes photographes nous nous dirigeons vers l'instrument le plus mythique du navire, celui qui fait rêver des générations entières de marins en herbe: la barre du capitaine.
Malgré la modernisation du navire et ses multiples aménagements dus à ses propriétaires successifs, elle fonctionne toujours et permet de diriger le navire en mer car il n'est pas équipé de pilotage automatique.
Sous la dunette se trouvent les quartiers de l'équipage et du capitaine. En levant les yeux, je suis émerveillé par la taille des trois mats et l'incroyable complexité des cordages qui permettent aux marins de manoeuvrer les différentes voiles du navire. Les ponts en bois sont briqués, les parties métalliques sont formidablement entretenues, les cordages en excellent état.
Je passe maintenant au dessus de la salle des machines (dont on ne peut apercevoir que quelques recoins à travers une vitre pour emprunter une échelle et rejoindre le pont central, le spardeck. impressionnant de par sa taille et la qualité de l'entretien des boiseries !! Cette partie rajoutée au bateau par Sir Guiness sert désormais à entreposer le matériel de sauvetage.
On peut y admirer toute la majesté du grand mat de 34 mètres de haut. J’ avance sur le bateau pour atteindre le gaillard d'avant, le pont avant du bateau. Le point de vue sur la voilure du navire est impressionnant lorsqu'on se retourne et l'on se surprend de la taille des équipements à bord.
Ce circuit aménagé à bord du Bélem me permet de découvrir le trois mâts sous toutes ses coutures et surtout d'en constater le formidable état de conservation. Il est tellement plus agréable de profiter du pont en bois du navire par temps calme, sous le beau soleil de la Côte d’Azur. J’ose à peine imaginer le trois mâts en pleine tempête.
Je poursuis le circuit de visite et quitte le gaillard d'avant pour découvrir des zones de vie, l'escalier pour descendre du pont est raide et j’accède à l'avant du bateau aux ateliers que je peux apercevoir.
La visite se poursuit par la visite de deux salons: le grand roof, une grande pièce dont les murs sont décorés en bois d'acajou de Cuba. Dans son prolongement se trouve le petit roof, une petite structure qui sert désormais de quartier des officiers. Il est temps pour moi maintenant de rejoindre la terre ferme…
Le Belem bénéficie d'une couverture médiatique parfaite mais, j'ai été déçu par ce bateau qui n'a rien d'exceptionnel.... Mon avis n'engage que moi bien sur !
DIAPORAMA BELEM