Villefranche-sur-Mer (Villafranca en nissart et italien) est une commune du comté de Nice qui est d’une importance historique considérable car au moment de sa dédition à la Maison de Savoie, elle devient le seul port de guerre des états de Savoie qui va leur ouvrir une porte sur la Méditerranée.
D’une importance stratégique capitale avant de posséder les ports de Nice et de Gênes, les Savoie feront alliance au fil du temps avec les Habsourgs, les Russes, les Anglais, les Espagnols pour se protéger de son belliqueux voisin et verront même les américains en faire l’une de leur principale base navale en Méditerranée.
Le contexte particulier du début XVIe siècle, centré notamment sur l’affrontement entre Valois et Habsbourg, allait favoriser la transformation brutale du petit comté en un espace stratégique de première importance.
Lieu de passage entre la France et la péninsule italienne, il devint rapidement un enjeu au sein du conflit qui opposait les plus grandes puissances européennes : la France, l’empire espagnol et le Saint Empire romain germanique de Charles Quint. Tout le long de mes photos vous verrez que tout ici rappelle l’Italie….
VILLEFRANCHE SUR MER ET LES SAVOIE
En 1388, Villefranche avec le comté de Nice devient un état du duché de Savoie. La ville devient ainsi la seule porte maritime des États de Savoie et tire ses revenus de tous les navires marchands accostant au port (droit de Villefranche).
je ne suis pas habitué à être sous la pluie...je vais rouiller !
À la suite de l'occupation, en 1543, de la rade de Villefranche par la flotte franco-turque commandée par Barberousse et le Duc D’enghien, le duc Emmanuel Philibert de Savoie ordonne sa fortification. Le duc Emmanuel-Philibert ne possédait plus que Verceil et le comté de Nice au début de son règne, en 1553.
Il s'est engagé au côté de l'Espagne de Philippe II. Il a gagné la bataille de Saint Quentin le 10 août 1557. Il a retrouvé son duché de Savoie en 1559, à la signature du second traité de Cateau-Cambresis. Il décide de s'engager dans la lutte opposant le monde chrétien et l’Empire ottoman en Méditerranée.
Les conflits annuels peuvent opposer des flottes de deux cents à trois cents galères. Pour participer à ce conflit, il décide de faire de Villefranche un port bien protégé permettant de construire et d'entretenir des galères. Le fort du Mont Alban, le fort de Saint Hospice et la citadelle Saint Elme sont ainsi construits.
La Citadelle Saint Elme est entourée d'énormes fossés taillés dans le roc. Edifiée en 1557 sous Philibert, duc de Savoie, elle inaugurait un nouveau type de fortification reposant sur deux grands principes: le rempart rempli de terre et le tracé bastionné sans angle mort. Elle fit l'admiration de Vauban (qui a plagié tout le monde) et même de Louis XIV qui l'épargna, alors qu'il fit démanteler toutes les fortifications du comté de Nice.
Aujourd'hui, ses glacis sont aménagés en promenades et jardins. Une première flotte de guerre est construite dans le port de la Darse. Les Français occupent le comté de Nice plusieurs fois entre 1710 et 1722 et à nouveau en 1744, pendant la guerre de Succession d'Autriche, quand le prince de Conti prend d'assaut le mont Alban avec ses troupes franco-espagnoles, chassant les Savoisiens de Charles-Emmanuel III.
Au cours du xviiie siècle, la ville perd de son importance maritime et portuaire avec la construction du port Lympia de Nice. En 1793, les troupes françaises révolutionnaires envahissent à nouveau le comté de Nice et Villefranche passe sous administration française jusqu'en 1814 qui verra le retour à son statut particulier sous dédition et protection du duc de Savoie et du Royaume de Piémont Sardaigne.
VILLEFRANCHE SUR MER ET LES RUSSES
Lorsque la Turquie déclare la guerre à la Russie, Catherine II donne l’ordre d’envoyer deux escadres en Méditerranée occidentale. En cours de traversée, les vaisseaux impériaux font escale à Villefranche-sur-Mer en 1770: première présence des Russes dans la Rade.
L’impératrice douairière Alexandra Feodorovna effectue son premier séjour à Nice en 1856. Elle reçoit la visite officielle du Roi de Sardaigne dès Janvier 1857. La même année, la Russie obtient l’usufruit du bâtiment des «Galères» et de la forge à Villefranche pour y installer une infirmerie et un dépôt de charbon pour la flotte impériale.
La présence de cette «base» militaire à Villefranche a dû contribuer à la fixation et au développement de la Colonie russe dans notre Région. Avec les membres de sa famille, Alexandra Feodorovna attire dans la région une suite nombreuse qui forme en quelques années une colonie riche et élégante, dont les membres se portent acquéreurs de somptueuses villas.
En 1859, on compte plus de 150 familles russes habitant Nice. En 1864, l’Impératrice Marie Alexandrovna vient à son tour séjourner à Nice avec son époux Alexandre II. En 1857, la Russie a obtenu pour sa marine l’usufruit du bâtiment des Galères et de la forge situés au fond de la Darse de Villefranche-sur-Mer.
En 1860, lors de l'annexion du comté de Nice à la France, le nouvel état souverain ne dénonce pas l’accord avec la Russie. En 1878, la fermeture des détroits aux navires russes laisse la «maison russe» inemployée.
En 1882, Alexis Korotneff, jeune naturaliste moscovite obtient l’autorisation du ministère de la marine d’y installer un laboratoire de zoologie marine. Officiellement crée en 1885, ce laboratoire fonctionnera avec des subsides du ministère de l’Industrie publique russe jusqu’en 1917.
VILLEFRANCHE SUR MER ET LES AMERICAINS
`A la fin du XVIIIème siècle, le royaume de Sardaigne officiellement allié à l’Angleterre a une attitude extrêmement méfiante envers ces rebelles d’outre Atlantique. Des documents provenant des archives de Turin datés de 1777 montrent à quel point la présence de l’US Navy de l’époque en rade de Villefranche pose un épineux problème au gouverneur de la citadelle.
Il reçoit de Turin (capitale des états de Savoie et du Royaume de Sardaigne) des consignes délicates à appliquer puisque les navires américains sont tolérés en Rade, mais sans rendre les honneurs au pavillon, comme il est d’usage. A l’époque, la préoccupation principale est de ménager l’Angleterre.
Plus tard, à la fin du XIXème siècle, le discours a changé. En effet, le contact politique n’est plus le même. En 1870, la marine américaine réclame et obtient sans difficulté du gouvernement français la jouissance de l’ancien gymnase de la Darse comme dépôt de ses approvisionnements pour l’escadre de Méditerranée. Et l’habitude s’installe….
Pendant le début du XXème siècle, Villefranche va recevoir des visites régulières des bâtiments américains. Dans le cadre de déploiement américain en Europe après-guerre, Villefranche n’est pas une « base américaine » puisque l’US Navy ne bénéficie pas de l’extraterritorialité et, que chaque fois que le navire amiral de la VIème flotte vient faire escale à Villefranche, il doit en solliciter l’autorisation auprès de la IIIème région maritime de Toulon.
Mais néanmoins, la flotte américaine bénéficie sur place d’un privilège d’escale en vertu duquel elle dispose en permanence à terre d’un magasin d’approvisionnement, le PX (post exchange), une épicerie où l’on peut acheter les produits américains que l’on ne trouve pas en France et d’un bureau permanent « l’US Naval Support Activity » où on trouve tous les services administratifs nécessaires, ainsi qu'une école américaine pour les enfants des militaires.
Au total, c’est une colonie américaine de près de 230 familles qui séjournent en permanence à Villefranche, logées pour la plupart dans la ville. Conséquence inévitable de cette cohabitation intense : ce sont trente à quarante mariages entre des jeunes filles vilafranquiéses et des marins américains qui sont célébrés chaque année à Villefranche.
En 1967, les américains s’en vont ! Après la décision française de quitter l’OTAN, cette mesure s’inscrit dans le cadre du traité général des bases américaines en France. Une économie importante disparait à cause de l'incompétence habituelle du gouvernement français de l'époque.
DIAPORAMA