Coeur de roses pour Soso
Saviez vous que les célèbres roses Centifolia cultivés à Grasse, et les fameuses roses de Taïf cultivés en Arabie, sont en réalité des roses Damascène qui ont pour origine la ville de Damas en Syrie ?
Rosier de la Bastide
On attribue au chevalier Robert de Brie le mérite d’avoir rapporté cette plante du moyent-orient en Europe à son retour de croisade vers 1254 à Provins, restée capitale de la rose d’où elle se répandit en Occident. Son nom se réfère à la ville de Damas, importante ville de la région et de nos jours ce rosier vit toujours de façon spontanée en Syrie et au Caucase.
Les rosiers de Damas sont réputés pour leur fragrance délicate. On les cultive pour la production commerciale d’essence de rose utilisée en parfumerie. L’industrie du parfum se réfère souvent à cette note comme « rose de Damas ». La rose de damas, ou encore rose Damascena, est exceptionnelle. Elle est la rose la plus utilisée en parfumerie et en cosmétiques, son parfum est pur, captivant et envoûtant.
Centifolia de la Bastide
En France, c’est à Grasse qu’elle atteins sa note parfumée la plus incroyable… A Grasse, dans les Alpes-Maritimes, c'est le temps de la cueillette des roses. La rosa centifolia, ou rose de mai, est actuellement cueillie tous les jours. Certaines productions sont ensuite destinées à de grands parfumeurs, d'autres sont distillées pour produire de l'eau de rose.
Rosier grimpant dans un Grenadier
Avec la rose de Damas, la rose Centifolia, ou rose de mai, est l’une des rares roses utilisées en parfumerie. Elle serait originaire du Caucase oriental et aurait transité par la Perse avant d’arriver en Europe à la fin du XVIe siècle. La récolte a lieu en mai et début juin. La rose de mai possède une odeur riche et sucrée, profondément rosée et très tenace. La note rosée est l’une des notes les plus utilisées en parfumerie.
Bienvenue à Grasse, la terre ancestrale des parfumeurs, dans l’arrière-pays niçois. C’est dans le petit village de Pegomas à 7 km de Grasse que la maison Chanel cultive le jasmin et la rose centifolia, deux ingrédients essentiels et emblématiques de l’iconique Chanel N°5. Ce sont exclusivement les champs de fleurs de la famille Mul qui travaille avec Chanel depuis 1987 et qui élabore tous les parfum de la célèbre marque..
les précieuses roses fleurissent entre trois et quatre semaines par an, en mai, le 5ème mois de l’année. Huit heures du matin sur les hauteurs de Grasse (Alpes-Maritimes). Une vingtaine de femmes et quelques hommes, chapeautés, la taille ceinturée par un grand tablier de lin, ramassent inlassablement des roses Centifolia.
Roses de Damas
Les premières à s’ouvrir tout début mai. Penchés sur des buissons au feuillage vert tendre et aux tiges épineuses, les cueilleurs, tous saisonniers, prennent la fleur ouverte entre le pouce et l’index, la coupent délicatement sous le calice, dans un petit bruit sec. En papotant, ils avancent en ligne dans les champs en leur ôtant, le temps d’une journée de cueillette, leur couleur rose éclatante.
Un « videur » costaud charge régulièrement sur un camion les énormes sacs en toile de jute remplis de fleurs pour les apporter dans la foulée à l’usine de distillation. La récolte de ces roses au parfum miellé et poivré se poursuit jusqu’à la fin du mois de Juin. Celle du jasmin, plus longue et délicate encore, démarrera pour cent jours, à partir de la fin juillet.
Il faut cueillir 350 fleurs pour obtenir 1 kilogramme de Rose de Mai. Chaque cueilleuse récolte en moyenne 5 kilogrammes de roses par heure. Il faut 400 kg de roses pour obtenir 1 kilogramme de « Concrète », une résine solide, de laquelle on obtient 600 grammes du précieux Absolu de Rose. Au final, une bouteille de 30 mL d’extrait de N°5 contient 12 Roses de Mai, cueillies à Grasse.
La région grassoise continue de cultivée des fleurs à parfum. Des roses Centifolia et du jasmin pour l’essentiel et, dans une moindre mesure, des fleurs d’iris, d’oranger, de tubéreuses ou de géranium. On traite aussi, à Grasse, de nombreuses plantes importées : racines d’iris de Toscane, feuilles de Patchouli de Malaisie, etc.
Grasse (Alpes-Maritimes) est un terroir à parfum depuis plus de 300 ans. La capitale mondiale du Parfum représente près de 15 % de la production mondiale. Le Pays de Grasse, situé à 30 km au nord-ouest de Nice, bénéficie d’une situation géographique privilégiée. Un microclimat entre la mer Méditerranée et les Alpes du Sud, qui fait subir aux plantes des situations extrêmes de froid, de chaud, de sec et d’humidité, a imposé des variétés adaptées à ce milieu.
Ce climat combiné à un terroir argilo-calcaire, ingrat à travailler, est propice à l’expression de senteurs très subtiles. Les « nez » des grands parfumeurs ne s’y trompent pas et savent reconnaître les essences issues de ce terroir où ils puisent l’inspiration de leur génie d’assembleur du sublime.
Dior, Givenchy, Chanel, achètent toute leur production à Grasse. Voici déjà plus d’un millénaire que la ville existe. On dit que l'origine de son nom viendrait de "podium grassum »* qui subsiste de nos jours dans le nom du "grand Puy", le rocher sur lequel la ville ancienne fut construite.
Cette possession qui appartenait au seigneur Rodoard, vers le Xe siècle, obtint son indépendance. Au début du XIIe siècle, elle devient une commune libre administrée par des consuls. L'évêque d'Antibes y fixe son évêché vers le XIIIe siècle. La ville de Grasse est alors très puissante et son importance lui permet de traiter d'égal à égal avec Gênes, alors un des ports les plus important de la Méditerranée, ce qui n'est pas rien.
La ville est située au carrefour des chemins des Alpes à la mer et de celui de l’Italie à la France, qui passe par Nice (Etat de Savoie). Son intérêt stratégique n'échappe pas au Comte de Provence qui s'empare de la ville, laissant leur liberté, leurs privilèges et une certaine autonomie à ses habitants.
Rosiers Centifolia dans la Bastide
Grasse devient alors le centre d'une vaste circonscription judiciaire et administrative. En 1388 son importance s'accroît encore lors de la dédition du comté de Nice à la Savoie. La ville devient une place forte frontalière à proximité du fleuve Var qui est une frontière naturelle avec ce comté de Nice.
La ville tire sa richesse de la culture des fleurs, fruits, huile d'olive et d’une importante industrie de tannerie et l’exploitation des peaux venant des Alpes facilitées par le torrent de la Foux, aujourd’hui recouvert et disparu (la Place aux Aires était alors traversée par un canal qui servait au lavage des peaux).
Sa position géographique et son micro climat favorisent particulièrement la cité. L’industrie du tannage des peaux décline, mais elle est compensé par la naissance de la parfumerie, importée par un florentin de la cour de Marie de Médicis : la mode étant alors à parfumer les gants de peau.
Le micro climat dont elle bénéficie, ses cultures de fleurs, donnent vite à la ville un nouvel essor et ce qui n’est alors que de l’artisanat se développe jusqu'à devenir une industrie très importante à la fin du XVIIIe siècle, et qui existe encore de nos jours ; Grasse est souvent surnommée la capitale mondiale du parfum.
*Bien que le bord de mer ait été colonisé dès 125 avant J-C., les romains ont longtemps ignoré l'arrière pays méditerranéen, peuplé de tribus ligures belliqueuses. Excédés par leurs escarmouches continuelles, les légionnaires conquièrent la montagne 16 ans avant l'ère chrétienne, y tracent des voies d'accès reliant les lieux d'habitations et les peuplent de « soldats laboureurs », comme dans les villages de Coursegoules ou du Montet au dessus de Grasse.
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