Le rond point le plus chic de la planete
Il y a cent cinquante ans, ce n'était qu'un village de bord de mer. Puis le jeu, la chance et l'effet de mode sont arrivés. Monaco est devenu le fief du luxe et des paillettes, un monde à part et hors du temps.
La scène se joue quotidiennement autour du rond-point le plus chic de la planète. Une Lamborghini ou une Ferrari métallisée se gare entre une Rolls-Royce et un coupé Aston Martin (et pourquoi pas une Harley Davidson ?). Aussitôt, une quinzaine de touristes mitraillent le bolide. Son conducteur abandonne les clefs au voiturier puis gravit les marches du casino. Alors, chaque visiteur se fait prendre en photo, à son tour, à côté des voitures de prestige.
D'autres filment la façade Belle Epoque de l'hôtel de Paris, le palace 5 étoiles distant d'à peine quelques pas, guettant la possible apparition d'une célébrité. La place du Casino de Monte Carlo réserve aussi parfois de véritables surprises. Par exemple, lorsque le PDG d'une société d'aéronautique obtient, pour son anniversaire, que l'un de ses hélicoptères soit exposé près de la fontaine centrale.
Ou lorsqu'un éléphant harnaché d'un brocart doré escorte les 600 invités, en tenue traditionnelle, du mariage de deux riches héritiers indiens. Une dynastie princière amie des stars, le frisson du jeu, le goût du luxe et la présence de jolies femmes, le tout sur fond de décor bleu Méditerranée: depuis cent cinquante ans, la légende de Monaco est inoxydable.
Cette cité-Etat de 2 kilomètres carrés enclavés dans le comté de Nice est aujourd'hui l'une des villes les plus chères du monde. Des familles très aisées y séjournent l'été, des milliardaires y possèdent des villas insensées, quand le prix du mètre carré peut atteindre 100 000 euros (la Tour Odéon). Si la jet-set mondialisée se retrouve alternativement à Nassau ou Saint-Barthélemy, la principauté reste une destination à part.
Le Rocher associe fastes monarchiques et glamour, poids de l'Histoire et dolce vita. On y cultive un entre-soi très sélect, sur fond de fêtes somptuaires, parfois débridées. Luxe, strass et volupté. Ici, les gens fortunés peuvent dépenser leur argent sans se cacher, les femmes arborent leurs bijoux en toute insouciance. Monaco est synonyme de sécurité pour ceux qui veulent afficher tous les signes extérieurs de richesse.
Monaco en hiver est une destination idéale
Certains vieux Monégasques regrettent cet étalage clinquant et affirment ne plus reconnaître leur "pays". En longeant l'avenue Princesse-Grace, bordés de gratte-ciel ultrachics, il est aujourd'hui quasi impossible d'imaginer le paysage qu'offraient naguère les mêmes lieux.
Monaco affiche la plus forte densité de population du monde, 16 200 habitants par kilomètre carré, presque le double de Singapour. Qui se souvient qu'il y a un siècle et demi la principauté était un village de 1150 âmes accroché à son rocher et vivant essentiellement de l'exportation de citrons et d'huile d’olive ?
Le Hall d'entrée marbre de carrare et cristal granit
En 1860, pendant que le comté de Nice est annexé frauduleusement à la France, la principauté trouve la solution pour se développer. C'est la princesse Caroline, mère du futur souverain, Charles III (1856-1889), qui relance une idée jamais concrétisée: pourquoi ne pas ouvrir un casino, afin d'attirer la clientèle fortunée qui fréquente la Riviera ?
Décorations aux couleurs monégasques pour la Fête Nationale du 19 Novembre qui restent jusqu'a Noel
Pendant que le Comté de Nice décline à cause de la France de Napoleon III puis d'Adolphe Thiers, la principauté fait fortune et se modernise. Dès 1866, de gros joueurs y prennent leurs habitudes, à l'image du duc de Hamilton ou de Mustapha Pacha, frère du vice-roi d'Egypte, qui perd 100 000 francs or cette année-là: une somme vertigineuse. Pour François Blanc et Charles III, c'est le jackpot.
A un point tel que, devant cet afflux massif d'argent, le prince décide, dès 1869, d'exonérer d'impôts ses sujets (Dans le comté niçois, la république rackette d’impôts et 150 ans plus tard avec Macron, c'est toujours la meme chose) ! Durant le dernier quart du XIXe siècle, tout le gotha vient "s'encanailler" à Monte-Carlo. La noblesse russe, le grand duc Nicolas, le prince Dimitroff, notamment mise des fortunes à la roulette ou au baccara.
La salle du bar le coeur du Casino
Le prince de Galles, futur roi d'Angleterre Edouard VII*, y mène une double vie sous le pseudonyme de "Captain White". Même après son couronnement, en 1901, il continuera de fréquenter le Rocher incognito. L'histoire du casino de Monte-Carlo regorge d'anecdotes incroyables. Chaque soir, certains remettent en jeu leur fortune, voire leur vie. Par appât du gain, par ennui parfois, plus souvent pour épater la galerie ou pour les beaux yeux d'une femme.
A la Belle Epoque, des courtisanes, comme la Belle Otero, font tourner les têtes. Les soupirants de ces femmes fatales épongent des dettes abyssales; certains se suicident, après avoir été ruinés ou éconduits.
L'actrice Sarah Bernhardt n'est pas loin de connaître la même fin. Un soir, elle entre au casino avec 100 000 francs or dans son sac. C'est tout ce qui lui reste. Trois heures plus tard, elle n'a plus rien. Sarah Bernhardt retourne à l'hôtel de Paris et prend une forte dose de somnifères. Elle est heureusement découverte et sauvée.
Le 6 octobre 1950, de 20 heures à 1 heure du matin, le roi Farouk d'Egypte se met à parier systématiquement sur les mêmes combinaisons. Quand, à partir de 22 heures, les mises ne sont plus plafonnées, il joue sans compter. Ce soir-là, Farouk perd 6 millions de francs.
Dans cette galerie de personnages hauts en couleur, la palme de l'élégance revient à lord Winston Churchill. Un soir de janvier 1939, l'homme politique britannique perd une grosse somme à la table de jeu. Il promet toutefois de revenir rapidement.
Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale le propulse au poste de Premier ministre et l'empêche d'honorer sa promesse. En octobre 1945, le "vieux lion", encore auréolé de la victoire alliée, est de retour au casino. Il lance aux croupiers: "Messieurs, reprenons la partie là où nous l'avions laissée ! Ce soir-là, il perd 1,3 million de francs.
Des mannequins qui attendent pour le tournage d'une pub Chanel
On y voit régulièrement les stars d'outre-Atlantique, qui prennent leurs habitudes à Monte-Carlo. Orson Welles fumer son éternel cigare tout en sirotant un cocktail au bar américain de l'hôtel de Paris. John Wayne tente sa chance au black jack. Frank Sinatra et Sammy Davis Jr., eux, font entendre leurs voix de crooner lors de récitals ultrachics.
On y aperçoit Audrey Hepburn, Ava Gardner, Elizabeth Taylor... Les "belles Italiennes" ne sont pas en reste: Sophia Loren, Claudia Cardinale ou Gina Lollobrigida viennent régulièrement agrémenter de leur présence des galas de bienfaisance. La comtesse Rizzoli, débarquait pieds nus, en paréo, avec Brigitte Bardot. Les joueurs de roulette en perdaient la boule, elles riaient comme des folles.
Restaurant le Train Bleu
En 1974, c'est Joséphine Baker, grande amie de Grace, qui inaugure le Sporting Club, la nouvelle salle de spectacles. Son triomphe est tel que les artistes programmés les jours suivants acceptent de reporter leur date pour lui laisser la vedette plusieurs soirs durant.
Restaurant le Salon Rose
Cette salle exceptionnelle, dont le toit ouvrant permet de contempler les étoiles, voit ensuite défiler la crème du show-business: Liza Minnelli, Diana Ross, Gloria Gaynor, les Who, Michael Jackson, Leonard Cohen, parmi beaucoup d'autres.
Le 25 mai dernier, les invités du gala de l'Automobile Club, après le Grand Prix, ont englouti 900 bouteilles de champagne en quelques heures...
*On attribue la paternité de la crêpe suzette au grand cuisinier niçois Auguste Escoffier (le roi des cuisiniers, le cuisinier des rois). Il semblerait que la légende ai une autre version avec le prince de Galles, fils de la reine Victoria: En 1895 le futur roi d'Angleterre Edouard VII se trouve au Casino et demande des crêpes au serveur Henri Charpentier qui en faisait quelques une devant un réchaud. Les crêpes par hasard ont pris feu. Il gouta et ce fut le mélange le plus délicieux de saveurs sucrées. Il servit Edouard VII et celui ci demanda le nom de cette préparation. Il lui répondit qu'elle n'en avait pas et proposa "Crêpes princesse". Alors Edouard VII déclara: vous appellerez ce dessert "Crêpes Suzette"... du nom de la jeune fille qui accompagnait le prince.(Texte repris sur le livre: le mythe de la Cote d'Azur)
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DIAPORAMA CASINO ROYALE
