La « carretto ramado » (charrette fleurie)
Vence est situé sur un plateau rocheux du jurassique moyen abrité des Baous. Elle est née d’un oppidum ligure qui daterait de 2 000 ans avant notre ère. Le nom de Vence signifie d’ailleurs oppidum sur une montagne, en y ajoutant un t, on retrouve le nom latin de Vintium.
Fondée par les Ligures, peuples qui s’étend de l’actuelle région de Ligurie en Italie jusqu’aux limites du département des Alpes Maritimes, La civitas Ventium devient au IVe siècle une importante ville épiscopale, Siège de 80 évêques.
Pour cette festivité de Pâques, la ville de Vence avait invité la ville piémontaise de Cuneo pour un marché franco-italien (rencontre avec des artisans et des producteurs de Cuneo et Vence). Il faut dire que les relations niçoises avec Cuneo (Couni en nissart et piémontais) chef-lieu de la province du même nom sont historiques car Couni est la première ville étape piémontaise importante sur la route du sel lorsqu’on a quitté les limites du Comté.
Les immigrants piémontais qui renforcèrent la population niçoise à la fin du XVI siècle venaient souvent de cette province. Par ailleurs, à « Couni » il y a énormément de gens qui parlent bien le français. Pour ces deux raisons auxquelles s’ajoute le fait que le dialecte piémontais est très proche du nissart, « Couni » est une ville sympathique où le Niçois se sent un peu chez lui.
Par ailleurs, c’est l’une des premières villes jumelées avec Nice parmi les villes qui ont fait l’objet du jumelage. Le terroir de cette province est exceptionnel, le plus riches du Piémont : le PIB par habitant est de presque 30.000€, alors que dans le Piémont il est de 27.500€. Dans le département de Cuneo sont recensées 74.109 entreprises, c’est à dire une entreprise tous les 8 habitants.
Il s’agit pour la plupart de PME et TPE, qui passent souvent de père en fils et qui représentent le véritable moteur de l’économie locale. Sur le marché vençois, on trouve du miel, de la polenta, du salame de Cuneo, des cuneesi au rhum, des fromages de montagne, de la truffe, du risotto etc….
Mais le centre d’intérêt de la fête est le corso du Lundi après midi. Les chars de fleurs ont envahi la Place du grand Jardin pour le corso fleuri et la bataille de fleurs qui s'ensuit, point d'orgue des fêtes de Pâques. Car s’il y a bien une culture qui perdure dans la région, c’est le fameux oeillet de Nice.
Dès le dix-huitième siècle le climat méditerranéen permet une culture originale et inattendue qui connaîtra un essor à Nice. L’Anglais Smolett indique en 1764 :" que les roses et les oeillets sont expédiés à Turin, Paris et même Londres. On les emballe dans une boite de bois, pressés les uns contre les autres, sans leur faire subir aucune préparation.
La personne qui les reçoit coupe le bout des tiges et les plonge pendant deux heures dans de l’eau vinaigrée, ce qui leur conserve leur fraîcheur et leur beauté." En s’installant vers 1787 dans le nouveau faubourg de Nice, loin de la "Vieille Ville", dans le quartier de la Croix de marbre, les Anglais construisent en bordure du front de mer, des villas entourées de vastes jardins exigeant une production importante d’arbres, d’arbustes et de plantes d’ornement.
C’est donc pour un débouché local que la Côte d’Azur a constitué son premier patrimoine horticole. Les moines du monastère de Saint-Pons à Nice cultivent, dès 1870, 4000 plants d’œillets pour alimenter le marché niçois.
L’œillet crevard, cultivé alors, doit son origine à un oeillet importé d’Italie peut être dès la fin du Moyen Age. Après la deuxième guerre mondiale, la Côte d’Azur abandonne la recherche de nouvelles variétés pour se lancer dans la culture massive d’un oeillet d’origine ligure, dont le chef de file est l’Anita résistant aux parasites.
Sa culture en plein air nécessite l’installation de tuteurs et de fils de coton. Parfois un abri sommaire de paillasson de canisses protége des températures basses de la nuit hivernale. Des hybrideurs ont su, après plusieurs générations, créer ces variétés d’oeillets dit "Niçois" qui ont fait le renom de la production azuréenne appréciée par la clientèle.
Puis arrive l’œillet Américain, une nouvelle spéculation horticole sur la Riviera. Sa culture ne remonte guère qu’aux années cinquante mais elle a pris depuis une très grande importance. Elle possède un gros avantage économique du fait que la production est totalement effectuée sous serre.
Le terroir horticole azuréen, juxtapose les deux types d’horticulture les plus caractéristiques de la Côte d’Azur : à flanc de coteau des cultures en plein air et, sur les dernières pentes adoucies, ainsi que dans une étroite zone de plaine, une production intensive sous serre et plus rarement en plein air.
Trois âges, trois étapes d’une évolution se trouvent encore représentés à Nice et ses environs, d’abord l’horticulture de plein air et la culture des plantes à parfum, relayée ensuite par l’horticulture plus spécialisée et plus intensive et très souvent sous serre.
Le grand avantage du climat niçois consiste en ce qu'il n'y a presque pas de jour en hiver pendant lequel on ne puisse sortir et respirer un air pur et salubre pendant 3 ou 4 heures de la journée ... on n'y éprouve pas de chaleurs excessives… elles sont tempérées par la brise de mer qui se fait sentir pendant la nuit, le matin et le soir et souvent à midi.
Nice est la capitale internationale de la fleur. Pline l’Ancien (23-79) dans son Histoire naturelle consacre un livre entier aux fleurs et à leurs usages culinaires, médicinaux et décoratifs dans le « Pays de Nice ». Au XVIe siècle, l’érudit italien Girolamo Muzio, qui a séjourné à Nice pendant le Carnaval, témoigne de l'omniprésence des fleurs dans la ville : œillets, violettes et rameaux fleuris de pommiers et d’autres arbres fruitiers …
Cette tradition aurait été ressuscitée par Alphonse Karr venu s’installer à Nice au milieu du XIXe siècle. Alphonse Karr développe la culture florale hors serre et l’expédition de ses produits à travers toute l’Europe : roses, œillets, héliotropes, résédas et anémones, mais aussi renoncules, cyclamens, violettes, iris et fleurs d’orangers.
Il est aussi le premier à avoir ouvert un commerce de fleurs en centre-ville pour le plus grand plaisir des hivernants. L’essor de la floriculture niçoise a ensuite été soutenu par deux innovations techniques : l’arrivée du chemin de fer à Nice en 1863 et l’adduction d’eau de la Vésubie en 1885. Ces innovations ont permis d’exporter la production locale dans toute l’Europe, ce qui plaçait Nice au premier rang mondial des villes productrices de fleurs.
des bouquets d'oiseau de paradis (strelitzia)
Un autre témoignage de l’importance des fleurs sur la Riviera est la tradition des batailles de fleurs. A cette occasion des festivités de Pâques, 14 chars furent décorés par les associations culturelles et sportives locales. Les Vençois et les touristes sont ensuite repartis les bras chargés de gerberas, de strelitzias et d’œillets.
Vença la Bella regina di li flou..on offre les bouquets
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