Corricela, des airs d'ile grecque !
C’est l’emblème de Procida. Corricella, un village extrêmement pittoresque situé de l’autre côté de la Marina. Avec ses maisons colorés, le linge qui sèche aux fenêtres et quelques habitants qui vaquent à leurs occupations, c’est un point de départ idéal pour la visite de l’île.
Dans le village de Marina di Corricella, on se croirait au bord de la mer Égée. L’architecture y est pour beaucoup : les maisons, qui ont toutes une entrée voûtée sur leur façade colorée, sont pratiquement collées les unes aux autres.
Des escaliers et des échelles..et toujours du linge partout !
Les petites terrasses, les escaliers extérieurs, les arcs reliant les bâtisses par-dessus une ruelle apportent leur touche typique à cette sorte de mini-labyrinthe dans lequel on flâne avec bonheur. En croisant, au fil des rues, un enfant qui joue ou un chat assoupi…
Des façades safran, framboise et vert d’eau, d’autres décrépies par le temps, des balconnets ouvragés et puis une odeur de jasmin frais qui nous chatouille le nez, des trattoria et des osteria authentiques et pas un seul supermarché.
On a mangé chez Graziella, le resto ou il y a les barnums ouverts
Des icônes de la Madone suspendues ça et là comme on suspend le linge aux fenêtres, quelques plages de sable noir, des orangers et des citronniers chargés de fruits ensoleillés, des vespas, des petits triporteurs, et des Fiat 500 partant de la Marina Grande, une rue ondule à travers le centre historique et escalade les pentes de Procida.
Figuiers, cactus et agaves..un balcon magique sur la marina
Au bout de 15 minutes de marche où le regard pénètre à gauche chez un brocante de radio vintage d’une autre époque, à droite dans un jardin secret que l’on aimerait percer son mystère, la vicolo (ruelle) débouche sur une esplanade avec une vue superbe dominant la mer d’où l’on aperçoit les deux cotés maritimes de Procida.
Ca tchache à droite, ça tchache à gauche, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Une vieille a dressé une table habillée d’une nappe à carreaux sur laquelle elle a installé des antipasti qu’elle propose aux passants à côté de quelques autres délices procidaniens. À partir de là, on entame une descente de quelques minutes dans une rue imprégnée d’iode.
Les maisons accrochées à la falaise y sont biscornues, comme les rues. On est monté pour mieux redescendre et atterrir près de la mer, sur la face opposé de l’île : benvenuto dans le piccolo porto de la Corricella.
Ici, c’est le coeur battant et originel de Procida : quelques tables pour dîner au bord de l’eau, des petites embarcations de pêche dansantes qui témoignent d’une économie maritime importante, subsistance première de l’île, des amas de filets tout le long du quai, de bouts, de bouées, un pêcheur le regard perdu dans l’eau et la clope au bec, des façades colorées fonçant sous le jour eclatant, un clocher couleur paille à l’allure fière…
On aimerait tant que le temps se suspende là, maintenant assis contemplant infiniment cette atmosphère reposante. Mais on se motive pour repartir et ne pas en perdre une miette. Falaises à pic et murailles de la citadelle bien costauds forment un bouclier qui semble imprenable.
Assiette de fruit de mer et de friture...les fameux zerri ?
Avec toutes les violations barbares (toujours les mêmes) subies par l’île dans son histoire, pas étonnant que Procida se soit pourvue de protections architecturales et religieuses. Différents points de vue s’offrent à nos yeux ébahis et révèlent les contours de l’île, une vision pétillante de la Corricella, une clarté de l’eau délicieuse.
Tant de charme n’a pas échappé au septième art : Procida a vu de nombreux tournages prendre plateau dans ses ruelles avec les plus grands réalisateurs de films en tout genre.
Les baskets aux couleurs du Napoli....O Surdato'nnammurato un hymne !
Parmi les plus célèbres d’entre-eux, c’est dans ce décor exceptionnel qu’a été tourné Le Facteur (postier ?) de Michael Radford, avec Massimo Troisi et Philippe Noiret qui retrace l’amitié entre un facteur et le poète Pablo Neruda, ou encore Le talentueux Mr Ripley signé Anthony Minghella avec Matt Damon.
D’ailleurs tout le long de notre visite, on voit des panneaux retraçant l’histoire du cinema à Procida. Procida inspira aussi un roman fougueux à Alphonse de Lamartine (qui narre l’histoire d’amour entre un noble français et une jeune fille italienne), baptisé du nom de sa belle et jeune amoureuse, Graziella avec qui il vécut passionnément son histoire dans le décor romantique de l’île.
C’est dans le restaurant de Graziella que nous avons déjeuner. Le patron qui a joué avec Philippe Noiret en faisant le rôle du maire nous déclare ces quelques vers de Lamartine. Je vous traduis tout directement:
"La poussière rose couvrait ses mains et volait quelquefois jusqu’à son visage, saupoudrait ses joues et ses lèvres d’un léger fard, qui faisait paraître ses yeux plus bleus et plus resplendissants".
"Puis elle s’essuya en riant et secoua ses cheveux noirs dont la poussière me couvrit à mon tour. Avant que sa belle ne vienne brutalement à disparaitre : "Le docteur dit que je mourrai avant trois jours. Je veux te dire adieu avant de perdre mes forces..."
L’expression connue encense la beauté de Naples au travers de ces quelques mots forts "Voir Naples et mourir" mais finalement, la capitale de région n’aurait-elle pu laisser ce privilège populaire à la moins célèbre de ses îles, et pourtant la plus captivante ?…
Depuis le port de Procida: Le Vesuve
Pour nous, c’est tout tranché et comme Graziella, notre dernier souffle sera pour Procida le temps d’un ultime message à vous délivrer : "Voir Procida et mourir"… Puis non en fait... j'ai encore tellement de lieux à découvrir dans ce pays éternel !
Le Vesuve dans la Baie de Naples
Elsa Morante a eu un véritable coup de foudre pour l’île. Morante s’est inspirée de Procida pour L’île d’Arturo, « aux petites rues solitaires enfermées entre des murs antiques, au-delà desquels s’étendent des vergers et des vignes qui semblent des jardins impériaux. »
Coucher de soleil sur Procida la bella
La Corricella a conservé tout son charme méditerranéen, c’est pour moi le coup de coeur du voyage plus fort que les trulli d’Alberobello et les Sassi de Matera. Ciao bella ! Più bella cosa non c'è di te … Grazie di esistere...
Le Vesuve dans la baie de Napoli
DIAPORAMA CORRICELA