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C’est un peu l’histoire d’une résurrection : coincée au nord par les Pouilles, à l’ouest par la Campanie et au sud par la Calabre, la Basilicate ne retenait l’attention de personne, région pauvre et oubliée des pouvoirs publics italiens, du reste du pays et des touristes…
Matera, la lumière après la honte
Stigmatisée pourrait-on même dire, comme symbole de la pauvreté et de la misère de la Péninsule. Pourtant, cette région, qui se mérite plutôt qu’elle ne s’offre comme ses voisines plus cabotines, regorge de richesses insoupçonnées, de curiosités incroyables.
En haut église rupestre dans la falaise
Visiter Matera, c'est comme retourner dans un passé oublié. Lorsqu'on visite cette charmante petite ville de Basilicate, on a la sensation de mettre les pieds dans une Crèche vivante. Ce n'est pas un hasard si Matera est aussi appelée la "deuxième Bethlehem", elle a été le décor de films comme "La Passion du Christ" de Mel Gibson avec Monica Bellucci dans le rôle de Marie Madeleine et "L'Évangile selon saint Matthieu" de Pier Paolo Pasolini, la belle et le cavalier avec Sophia Loren et Omar Sharif et les trois frères avec Charles Vanel, Philippe Noiret et Andrea Ferreol.
Les Sassi, des bas fonds à l'Unesco ! De Mel Gibson à Philippe Noiret
Au mois de mars, de nombreux habitants de Matera ont vu déambuler dans leurs rues la grande silhouette de Morgan Freeman venu tourner le remake de Ben-Hur. La venue de cette superproduction a donné un coup de projecteur supplémentaire sur Matera et sa région, d’autant plus que l’acteur américain n’a pas été avare, dans la presse locale, de compliments pour cette Jérusalem perdue à l’extrême sud de l’Italie.
Non contente d’être classée au patrimoine de l’Unesco depuis 1993, elle sera capitale européenne de la culture en 2019. Voici l’histoire d’une ville qui était la honte de l’Italie communiste….
Dans les années cinquante, la population qui vivait dans les grottes creusées dans la montagne fut contrainte d'abandonner leurs maisons pour s'installer dans des quartiers modernes. Personne n'aurait pensé que ces grottes, les «Sassi» (habitats creusés dans le rocher), allaient devenir le symbole d'une ville en renaissance.
de partout des chapelles rupestres et troglodytes
En 1993, l'UNESCO a inscrit les "Sassi" de Matera sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Humanité, comme un système et un modèle de développement millénaires qui doit être préservé pour les générations à venir. Les "Sassi" sont reconnus comme un modèle de vie en parfaite harmonie avec l'environnement, s'intégrant dans celui-ci tout en exploitant ses ressources, sans l’altérer.
La roche environnante de Matera est appelée "calcarénite" par les géologues et tufo (tuf) par les gens communément. Les maîtres artisans de cette région ont appris à travailler avec elle depuis les temps anciens.
Il faudrait un mois pour découvrir tout les endroits secrets de Matera
Le matériau friable et adaptable est fournis en grande quantité par les montagnes surplombant la ville, et pour les gens de Matera cela semblait tout à fait normal d'aller en-haut de la montagne et de creuser directement dans la roche pour construire leur maison. Ce qui était extrait, était ensuite travaillé pour devenir la façade de l'habitation.
Une fois la première maison construite, se sont ajoutées d'autres, et d'autres, pour devenir finalement une série d'habitations, de galléries et de ruelles qui passent les unes sur les autres, et se transforment en cette magie appelée Sassi, une gigantesque sculpture, un miracle de l'urbanisme, finalement reconnu patrimoine mondial de l'humanité.
L’Osteria Belvedere Arrosto Alla Brace
A partir de ce moment, d'importants travaux de rénovation et de restauration ont été réalisés, et aujourd'hui, une visite dans les Sassi, est synonyme de véritable voyage dans le temps, dans le passé de ce peuple.
Quartier du Sasso Barisano
Matera représente en quelque sorte, le symbole de la culture rurale qui parvient encore à maintenir ses propres traditions. La plus haute expression de l'art rupestre qui s'est développée dans la région de Matera est dans les nombreuses églises creusées dans le tufo, disséminées sur le haut plateau ou incorporées dans le tissu urbain des Sassi de Matera.
Au bas du canyon coule la Gravina, un torrent qui a l’air plutôt paisible en cette saison automnale. En été par contre la chaleur est pesante et la température peut friser les 40 degrés pendant les mois d’été, il vaut donc mieux visiter le site en Octobre comme nous l'avons fait et déambuler dans les ruelles de la ville sera moins fatiguante et plus apaisante.
« Déambuler » n’est peut-être pas le mot exact : crapahuter serait plus approprié. Dans les Sassi, on monte, on descend, et on traverse les rues et les dix mille ans d’histoire qui ont façonné la ville. On dit qu’elle serait l’une des plus vieilles cités, après Alep en Syrie et Jéricho en Cisjordanie.
Il n'est pas grave de se perdre..bien au contraire ! on a juste un plan...
Au gré d’une balade dans cet univers de pierre tout hérissé de cactus, on marche sur le toit d’une maison, d’une église, d’un palais. On peine à deviner les trésors cachés sous nos pieds. On recense 150 églises rupestres dans les environs mais, en vérité, on ne sait pas vraiment combien elles sont.
Avant la Seconde Guerre mondiale, 15 000 personnes habitent dans les Sassi, ces caves typiques de Matera. Mais la roche, sédimentaire, qui s’effrite comme du sable au point qu’il est possible d’y creuser à mains nues, mène la vie dure aux habitants. Ils se chauffent au fumier, cohabitent avec leurs animaux domestiques, poules, mulets, cochons, et conservent l’eau de pluie grâce à une immense citerne.
Le site appartient toujours à l'état et pour y habiter les gens signent un bail de 99 ans dont les 30 premiers sont gratuits..
Située sous l’habitation, celle-ci rend l’air terriblement humide. Et dans le ravin qui enserre la ville, la malaria, le typhus et la tuberculose rôdent parmi les déchets. A Matera, la mortalité infantile atteint alors les 50%.
Il n'y a pas ou très peu de boutiques touristiques...
Dans les années 50, le président du Conseil italien d’alors, Alcide De Gasperi, revient choqué de ce qu’il surnomme la «honte de l’Italie». Une loi d’évacuation des Sassi s’ensuit. Sur les hauteurs de la ville, sur ces «Sassi de la honte», sont alors bâties des HLM colorées pour reloger les gens.
églises rupestres en face du canyon
La nouvelle Matera est née. Il y a une école, un cinéma, du confort, de la modernité. En contrebas, l’ancien quartier est vidé et devient un secteur à éviter, squatté et mal famé. Mais quelques années plus tard une vingtaine d’étudiants de Matera décidèrent de se battre contre la réputation de la ville.
Ils se posent une question simple : qui sommes-nous ? déclare un des meneurs du mouvement . Les enfants de la misère et de la pauvreté, comme nous l’affirmait le gouvernement, ou les héritiers d’une longue et fière histoire ? ». Matera est réhabilitée ……
A voir dans le Sassi Barisano la creche d’Eustachio Rizzi (3 ans de travail) fait complètement à la main. Exceptionnel !
http://www.materasassiinminiatura.it/# (photos exceptionnelle de Mr Rizzi au travail)
DIAPORAMA MATERA