Les Gorges du Fier sont classées parmi les plus grandes curiosités des Alpes. Il y a environ 20000 ans, le glacier qui deviendra le lac d’Annecy s’étendait sur 30 kilomètres. A la force des glaces le volume d’eau était considérable. Le niveau du lac était alors plus haut de 15 mètres.
Son écoulement se faisait au nord du château de Montrottier. Rencontrant des roches plus tendres le cours de la rivière se modifie. Ainsi pendant des milliers d’années, l’érosion accentuée par la formation de nombreuses Marmites de Géants allait creuser les Gorges du Fier.
Depuis 1869, les gorges sont accessibles au public par une passerelle longue de 300m, suspendue à 25m au-dessus de la rivière. On pénètre à l’intérieur d’un gigantesque défilé au fond duquel coule le Fier et où l’on peut admirer des amas de blocs de rochers aux formes les plus variées. Le long de la paroi rocheuse, des jeux d’ombres et de lumières naturelles laissent apparaître de superbes visages... A mi-parcours, contre la paroi rocheuse, une échelle de mesures indique les hauteurs atteintes par les eaux lors des grandes crues.
Après avoir laissé la moto sur un petit parking, nous empruntons le pont des liasses, accédant à la rive gauche du Fier. Du pont on remarque deux magnifiques Marmites de Géants, la visite est impressionnante dés le début du parcours.
Le sentier ombragé se poursuit par le « bois du poste » ou se trouve la cabane qui vend les billets d’entrée. Ensuite, cela devient hallucinant ! La passerelle est accrochée à l’immense paroi rocheuse. Apres quelques pas, on découvre une vue d’ensemble au dela de toute imagination sur le Saut du Fier, dont les eaux se précipitent dans un dédale de rochers polis et blanchis.
Deux gigantesques piliers calcaires forment le portail. On pénètre dans la faille étroite des gorges ou en cas de fortes pluies l’eau peut monter d’un coup en quelques heures. Après une grande cavité ovoïde, le défilé se resserre. Une voute de verdure atténuant la lumière, donne aux rochers des aspects imprévus.
Le Fier coule calme ou avec fracas à travers des amas de blocs de rochers aux formes les plus variées. Certains font songer à d’énormes ossements d’animaux, d’autres ressemblent à de superbes visages comme celui de Bouddha.
A gauche, contre la paroi, une échelle indique la hauteur atteinte par les eaux lors des grandes crues (30 Septembre 1960, la plus importante à 27.60m). Plus loin, on aperçoit l’arche d’un pont routier qui d’après la légende aurait été construit à l’endroit ou un seigneur aurait précipité un page.
A la sortie de la passerelle quelques marches mènent au sentier de la mer des rochers, un vaste lapiaz sorte de labyrinthe de blocs fissurés ou le Fier coule discrètement. On arrive au lieu de la principale légende qui raconte que l’énorme bloc appelé « Roche aux Fées » a été déposé la par des fées compatissantes.
Il marque la tombe du jeune page. La visite se termine par l’ilot des légendes, des récits légendaires inspirés par la magie du site. La légende du Petit Page et de Diane de Montrottier. Cela se passait il y a bien longtemps, à l'époque des rivalités entre seigneurs… et celle du dragon du Lapiaz...
Diane était jeune et belle et venait d’épouser le comte de Montrettier, riche, puissant et habile dans le maniement des armes. Celui ci fréquentait d’autres seigneurs et les beuveries se faisaient de plus en plus nombreuses délaissant la belle jeune femme qui se morfondait dans sa chambre.
Un jour pour rompre la solitude, elle décida d’aller se promener dans les bois, de l’autre coté des gorges; son jeune page, charmant jeune homme dévoué à son service l’accompagnait. Diane était si belle et sa silhouette si éthérée dans sa robe de voile vaporeuse et transparente fit parvenir un inavouable amour à notre page (pas besoin de vous faire un dessin). Mais le comte commença à avoir un doute et il raconta qu’il allait s’absenter plusieurs jours. Evidement Diane profita pour aller retrouver son amant qui n’en pouvait plus d’attendre. Mais, le comte à l’affut les surprendra et précipitera la page au font du gouffre.
On dit que douze fées attendries par cette tragédie d’amour, recueillirent son jeune corps et l’ensevelirent dans la Mer des Rochers » ou le courant l’avait déposé, sous son mausolée fait d’un énorme bloc posé sur trois pierres plus petites qu’on appelle encore aujourd’hui « la pierre des fées ».
Depuis ce temps la par de belles nuits d’été, on entend parfois du fond de la gorge monter des gémissements mêlés au tumulte des eaux, c’est la voix plaintive du petit page, resté inconsolable de son amour.
Le retour se fait en empruntant de nouveau les vertigineuses passerelles. Les personnes souffrant de vertiges s’abstenir bien sur ! A une centaine de mètres des gorges, se trouve le château de Montrettier (photos dans le diaporama) ou la fameuse Diane à écrit la légende. Les bâtiments de cette forteresse pentagonale, édifiés entre le XIIIe et le XVe siècle, s’ordonnent autour d’un donjon cylindrique à mâchicoulis.
Malgré de nombreux remaniements au XIXe et XXe siècles, le château conserve des éléments significatifs de l’architecture militaire médiévale. La Tour des Religieuses, du XIIIe siècle, isolée sur un piton rocheux et protégée au nord par l’ancien lit du Fier constitue la partie la plus ancienne du château; sa fonction était essentiellement défensive.
Les Logis des Chevaliers et des Comtes sont construits au XIVe siècle, tandis que le donjon, lui, date du XVe siècle. Au cours du temps, le château perd son rôle stratégique pour devenir un lieu de résidence. Plusieurs familles s’y succèdent. Le duc Amédée VIII de Savoie et la famille de Menthon bien sur !
Depuis la fondation de la dynastie de la maison de Savoie vers 1030, les Savoie s’affirment politiquement et territorialement, la Savoie est élevée au rang de duché en 1416. Les ducs de Savoie possèdent un territoire qui s’étend de la Suisse alémanique à Nice et des portes de Lyon à Turin.
Contrôlant les grands cols alpins, source de richesses, cela leur vaut le surnom de Portiers des Alpes. Les ducs de Savoie s’attachent à renforcer leur indépendance face aux autres puissances européennes. De la Révolution française à 1815, la Savoie est occupée par la France. Après la défaite de Waterloo, le Congrès de Vienne rend tous ses Etats à la monarchie sarde (Royaume de Piémont Sardaigne), jusqu’en 1860, date de l’annexion frauduleuse de la Savoie à la France.
Longtemps en position de frontière entre la France, l’Italie et la Suisse, la Savoie constitue aujourd’hui un véritable carrefour économique, social et touristique au cœur de l’Europe. En cas d’indépendance, ce pays souverain historiquement aurait un pib par habitant supérieur au Luxembourg qui est le meilleur exemple européen.
DIAPORAMA GORGES