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Les cosplayeuses visitent aussi Vallauris
Vallauris-Golfe-Juan est l’une des communes gravement atteinte par les intempéries d’octobre 2015, avec malheureusement des victimes. C’est lors de ma visite au Festival Japan Aurea entre midi et deux, au moment ou les animations sont moindres, que j’entrepris de me promener dans le centre ville.
C’est par les journaux que j’appris plus tard que la rue des potiers fut dévastée par un torrent d’eau et de boue. A l’heure ou j’écrits ce texte, je ne connais pas encore les conséquences sur la survie des artisans de cette rue historique…
La légende voudrait qu’à Vallauris l’origine de la céramique remonte à la nuit des temps. C’est après les grandes épidémies de peste à l’époque de la repopulation de la ville par des familles italiennes de la région d’Imperia (Ligurie), qu’une importante activité céramique voit le jour jusqu’à devenir l’activité principale de la ville au XVII°s.
Les poteries fonctionnent alors sur le mode du petit artisanat familial. Il faudra attendre la fin du XIX°s et le début du XX°s pour que se développent des fabriques de grandes tailles et qu’une véritable organisation industrielle et commerciale voie le jour. Très tôt on a exporté à dos de mulet la céramique traditionnelle dite de « terraille » où les pignates constituent la production la plus courante.
Comme toutes les villes des Alpes Maritimes l'influence italienne est presente.
La fin du XIX°s correspond à l’essor de la céramique culinaire que l’on exporte de Golfe-Juan par terre et mer. Vallauris se spécialise dans les ustensiles de cuisson (marmite ronde, à queue, basse; casserole ronde…) simplement revêtus d’un vernis incolore.
On ne parle pas de Vallauris sans évoquer la poterie, grâce à son sous-sol riche en terre argileuse et au bois des forêts de pin d’Alep. Au XVIe siècle, l'installation de familles venues du Comté de Vintimille, les Figons, parmi lesquelles de nombreux potiers, font naturellement de la poterie la première activité artisanale et commerciale des habitants. La céramique d’art n’apparaîtra qu’à la fin du XlXe siècle.
L’installation de Picasso, en 1948 dans la cité des potiers, marque les «Arts du feu» d’une empreinte originale et contribue largement au renouveau de cette activité. C’est dans les années cinquante, grâce à l’influence de Picasso, que la céramique de Vallauris connaîtra son «âge d’or», et bénéficiera d’une audience mondiale. D’autres artistes dont Chagall, Capron, Derval, Collet, Portanier, Musarra, Picault, Valentin, Gerbino, Boncompain, Marais... s’installeront ou travailleront à Vallauris.
Aujourd’hui, la tradition céramique se perpétue et se renouvelle, artistes et artisans se côtoient pour offrir aux visiteurs une grande diversité allant de la pièce unique aux arts de la table.
Humble hameau de pêcheurs, Vallauris-Golfe-Juan est entrée dans l’histoire le 1er mars 1815, lorsque Napoléon, évadé de l’Ile d’Elbe y débarque pour reconquérir la France. Golfe-Juan marque le point de départ de la légendaire Route Napoléon, première route touristique à caractère historique : la RD6085 qui rallie Golfe-Juan à Grenoble.
La baie de Golfe-Juan, lovée entre le Cap d’Antibes et la Croisette à quelques encablures des Iles de Lérins a, de tout temps, été considérée comme une des plus sûres et des mieux abritées de tout le littoral méditerranéen. En arrivant à Vallauris de Golfe Juan, on peut apercevoir une sculpture au rond-point Picasso, placée discrètement sur la pelouse devant les buissons: une dame en béton gris. Sa stature est robuste, mais n'a pas de ventre.
Un peu plus loin, au deuxième rond-point, il y a encore une femme, bien plus robuste, décorée dans des couleurs vives allant du jaune au rouge. C’est « L’Odalisque" qui se prélasse sur son socle. On peut admirer une autre dame assez lascive « L’Allongée" nous accueille en noir, bleu et vert, avec une partie du visage noir, l'autre en or. Malgré ses formes massives, la sculpture possède une légèreté à cause de sa tenue. De plus, elle est un tantinet suspendue au dessus de son socle.
En se promenant dans Vallauris, ces trois femmes ne seront pas les seules à être rencontrées. Le centre ville est plus ou moins occupé par des dames en béton. Aussi devant le musée Château se trouve une Muse sensuelle, encore une Odalisque, cette fois décorée dans les tons marron. « Le jour et la nuit » est placée à droite de l'entrée de la Chapelle de la Miséricorde.
Deux Athénas angéliques nous sourient sur l'Avenue George Clémenceau, devant la Galerie Egee et la Galerie Sassi-Milici. Cependant, sur la Place Cavasse, en face de la Mairie, s'ébat toute une équipe de Belles graciles, qui ont l'air de faire un brin causette: les demoiselles Athénas sont groupés autour de la sculpture « Les Bas Bleus », accompagnées par des Volières.
Mais d'où viennent toutes ces dames ? Ce sont les « Statues monumentales de Roger Capron ». Roger Capron était un des grands céramistes de la ville de l'âge d'or, jusqu'a nos jours. Décédé en 2006, il avait consacré ses dernières années à la sculpture en ronde-bosse. Réalisées en céramique et décorées par son épouse Jacotte Capron, Roger Capron et son ami Reinhold Harsch ont eu l'idée de les agrandir en bétons colorés, pour les exposer dans des jardins, des parcs et dans l'espace public.
En 1948, Picasso s’installe à Vallauris où il demeure jusqu’en 1955 puis ensuite s’installera dans le village voisin de Mougins. Citoyen d’honneur de la ville, il a contribué de façon extraordinaire au renouveau de la céramique de Vallauris dans les années cinquante, ce mythique âge d’or, cette période où tout le monde était potier.
Beaucoup d’habitants évoquent encore sa présence et celle de ses proches (Françoise Gilot et ses enfants Claude et Paloma puis Jacqueline Roque, sa dernière compagne qu’il épouse dans le plus grand secret à la Mairie de Vallauris en 1961), les corridas, les expositions et la visite de personnalités de tous horizons.
Sur la Place du marché, on peut y voir la célèbre sculpture du Maitre: L'Homme au Mouton, Oeuvre de Picasso. La statue en bronze, réalisée en 1943 et offerte à la ville en 1949, se dresse place de l’église. Cette sculpture dont il existe deux autres exemplaires (Philadelphie aux Etats-Unis et le Musée Picasso à Paris) est une des rares statues de l’artiste sur une place publique. Picasso voulait que son œuvre puisse être escaladée par les enfants, son vœu est aujourd’hui exaucé.
C’est en 1973 que Jean Marais, qui habitait alors Cabris (village des environs de Grasse), vint à Vallauris pour acheter à l’Union-KPCL (usine de conditionnement d’argile) 200 kg de terre à la grande stupéfaction du marchand. Des heures durant, derrière son tour, Jean Marais découvre de nouveaux gestes. Son audace et son courage le conduisent bientôt à posséder son propre atelier et à ouvrir en 1975 une galerie à Vallauris.
Cet hôte de prestige, citoyen d’honneur de la ville depuis 1997, était un homme chaleureux qui fit bénéficier Vallauris de son enthousiasme et de son talent. Chaque année, depuis 1986, il participait à la Fête de la Poterie en créant notamment l’affiche de l’évènement.
Le 8 novembre 1998, Jean Marais s’éteignait; ses obsèques furent célébrées le 13 novembre; il repose au vieux cimetière de Vallauris. Jean Marais a laissé à Vallauris le souvenir éblouissant d'un homme d'une extraordinaire gentillesse.
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