l’œillet s’inscrit aussi dans notre mémoire collective et... olfactive ! Évocation nostalgique des baisers parfumés de nos grands-mères ou d’un coin de jardin de notre enfance... Toutes ces effluves épicées de girofle poivrée, aux notes d’une délicieuse sensualité ont conservé, à travers les siècles, leur entier pouvoir de séduction.
CLIQUEZ SUR LES PHOTOS POUR LES AGRANDIR
La palette des œillets ressemble à un nuancier qui rassemblerait toutes les combinaisons possibles entre les différents coloris. Grâce à la douceur du climat, l’œillet de Nice était cultivé depuis longtemps à Nissa la Bella. Du temps des Etats de Savoie et du Royaume de Sardaigne.
On s'installe pour accueillir les participants
Le grand avantage de ce climat consiste en ce qu'il n'y a presque pas de jour en hiver pendant lequel on ne puisse sortir et respirer un air pur et salubre pendant 4 ou 5 heures de la journée ... on n'y éprouve pas de chaleurs excessives … elles sont tempérées par la brise de mer qui se fait sentir pendant la nuit, le matin et le soir et souvent à midi.
Chaque année, dans le petit village de Falicon (Falcone en nissart), perché dans les collines niçoises, une équipe de bénévoles s’affaire pendant une semaine pour redonner vie à l’œillet, une fleur qu’eux n’ont pas oubliée. Dès le dix-huitième siècle le climat méditerranéen permet une culture originale et inattendue qui connaîtra un essor à Nice et ses collines environnantes.
L’Ecossais Smolett indique en 1764 : " que les roses et les oeillets sont expédiés à Turin, Paris et même Londres. On les emballe dans une boite de bois, pressés les uns contre les autres, sans leur faire subir aucune préparation. La personne qui les reçoit coupe le bout des tiges et les plonge pendant deux heures dans de l’eau vinaigrée, ce qui leur conserve leur fraîcheur et leur beauté."
En s’installant vers 1787 dans le nouveau faubourg de Nice, loin de la "Vieille Ville", dans le quartier de la Croix de marbre, les Anglais construisent en bordure du front de mer, des villas entourées de vastes jardins exigeant une production importante d’arbres, d’arbustes et de plantes d’ornement. C’est donc pour un débouché local que la Côte a constitué son premier patrimoine horticole.
Une rue d'un village de Toscane ? Non, celle d'un village du Comté de Nice
Les moines du monastère de Saint-Pons à Nice cultivent, dès 1870, 4000 plants d’œillets pour alimenter le marché niçois. L’œillet crevard, cultivé alors, doit son origine à un oeillet importé d’Italie peut être dès la fin du Moyen Age. Après la deuxième guerre mondiale, la Côte d’Azur abandonne la recherche de nouvelles variétés pour se lancer dans la culture massive d’un oeillet d’origine ligure, dont le chef de file est l’Anita résistant aux parasites.
Sa culture en plein air nécessite l’installation de tuteurs et de fils de coton. Parfois un abri sommaire de paillasson de canisses protège des températures basses de la nuit hivernale. Des hybrideurs ont su, après plusieurs générations, créer ces variétés d’oeillets dit "Niçois" qui ont fait le renom de la production azuréenne appréciée par la clientèle de toute l’Europe avant que n’arrive l’oeillet americain.
L’œillet Américain est une nouvelle spéculation horticole sur la côte. Sa culture ne remonte guère qu’aux années cinquante mais elle a pris depuis une très grande importance. Elle possède un gros avantage économique du fait que la production est totalement effectuée sous serre.
Le terroir horticole niçois, juxtapose les deux types d’horticulture les plus caractéristiques de la Côte d’Azur : à flanc de coteau des cultures en plein air et, sur les dernières pentes adoucies, ainsi que dans une étroite zone de plaine, une production intensive sous serre et plus rarement en plein air.
Une église de Toscane ? Non, une église du Comté de Nice
Trois âges, trois étapes d’une évolution se trouvent encore représentés dans le Pays Niçois, d’abord l’horticulture de plein air et la culture des plantes à parfum, relayée ensuite par l’horticulture plus spécialisée et plus intensive et très souvent sous serre.
C’est sur une proposition de Pierre Botticelli, chef de « La petite forêt » à Nice, membre de l’Ordre International des Disciples d’Auguste Escoffier (le roi des cuisiniers, le cuisiniers des rois), que le Comité International d'Organisation des Fêtes du Bicentenaire de la Naissance de Garibaldi (rappelons que le héros des deux mondes a vu le jour à Nice le 4 juillet 1807), demanda à Ferrante Lanari de créer un oeillet Jóusé Garibaldi.
trompe-l’œil, comme les moulures et fenêtres décorant les façades italiennes de la Ligurie
Considéré comme un sorcier dans l’art difficile d’obtenir une fleur, dont la couleur doit rester stable et dans ce cas retrouver la couleur des chemises qui habillaient les partisans du "héros des deux mondes" depuis Montevideo, l'alchimiste de l'œillet Ferrante Lanari, qui œuvre à Cagnes-sur-Mer, au-dessus du domaine des Collettes du peintre Renoir, se mit au travail.
Il sélectionne 10 000 à 18 000 graines par an et met au jour, par pollinisation, environ 100 nouvelles fleurs chaque année (il en a créé 2 000 durant sa carrière). L’un d’entre-eux a déjà fait le tour du monde sous le sympathique nom de Vittorio Gassman ! Ferrante Lanari a pris la suite de l’entreprise de ses parents et depuis les années 50, sa quête du Graal à lui, c’est une fleur mythique.
Volet à persienne niçoise
Un oeillet si mystérieux qu’il lui a demandé des années de recherches, d’élaborations étranges, seules comprises par les initiés du bouturage et de la pollinisation façon « mariage » entre Madame et Monsieur Oeillet ! Cela demande beaucoup de doigté et de patience car les « futurs » sont parfois capricieux ! La sélection ultime sera rude et les déceptions nombreuses, quand on est en quête de perfection comme Ferrante Lanari.
Un oeillet : un beau, un original, un qui va laisser une empreinte dans l’histoire des oeillets, cela est plus que rare ! L’oeillet Jousè Garibaldi fait partie de ceux-là. L’oeillet de Nice, dianthus caryophyllus, emblème de notre Ville, est exporté dans le monde entier, acheté à brassées, adulé ! Dianthus, la fleur des dieux, à laquelle La Quintinie, en charge du potager du Roi Soleil Louis XIV à Versailles, avait consacré 71 pages de son fameux catalogue, recensant 225 variétés.
Il existe un véritable culte de l’oeillet et sa culture est tout un art, car il y a autant d’oeillets dans la nature qu’il existe de couleurs sur la palette d’un peintre. Et ce n’est sans doute pas un hasard si le domaine de Ferrante Lanari est perché au-dessus du domaine des Collettes du peintre Renoir à Cagnes-sur-Mer.
DIAPORAMA DE L'OEILLET A FALICON