Ce carnaval a pour théâtre, le circuit traditionnel: Masséna, Verdun, Prom', Phocéens. Avec plusieurs chars. Six, sont déjà autofinancés par différents hôtels, commerces, bars… Six équipages de 6 m sur 2,30 et 4 de hauteur, construits sur le thème de la musique, par des carnavaliers niçois. Ils sont d'inspiration associative via le char de Moya dans l'esprit de la brebis Dolly, représentant la LGBT, le char de la communauté des filles, un autre pour les trans.»
Les chars du roi et de la reine ouvrent le feu des réjouissances. Un cortège nourri de troupes issues d'associations, de commerces… Tout ce joli monde perruqué, pailleté, couvert de plumes, maquillé à outrance met une drôle d’ambiance! Plus qu'un corso. Un événement: «C’est le premier carnaval au monde, conçu et réalisé dans l'esprit d'une manifestation faite par des carnavaliers»
Le Roi et la Reine, symboles du carnaval, entraînent plusieurs chars étonnants, conçus par des carnavaliers dans la grande tradition du carnaval niçois, ainsi que troupes de danseurs, créatures queer, folles icônes et artistes hauts en couleurs le temps d’une soirée dans un défilé délirant de lumières, de surprises et de musique !
Proposé par la communauté LGBTQI niçoise, Lou Queernaval est un évènement populaire, ouvert à toutes et tous, à même d’émerveiller aussi bien les petits que les grands. Entre plumes, paillettes et maquillages extravagants, tout un programme de fêtes et d’animations aussi folles les unes que les autres créent l’événement partout dans la ville et dans les établissements LGBTQI niçois, pour prolonger la magie et la fièvre de carnaval tout au long du week-end.
Contrairement à une gay pride, cette parade est placée sous le signe de la fête et non celui de la manifestation: les participants sont présents en tant qu’individus et pas en tant que partisans ou porteurs d’une quelconque opinion. “nous sommes niçois avant d’être rebelles”.
Dans la capitale méditerranéenne de la fête, le vivre ensemble est apparu fondamental. A l’instar de Sydney ou Rio de Janeiro, la capitale azuréenne s’assure une attractivité majeure et continue de cultiver son potentiel festif. Généralement, il est de bon ton de s’émerveiller à l’annonce de ce type d’évènement, censé être une marque d’ouverture, de tolérance et d’amitié.
Un peu d’histoire ne fait pas de mal. À l’origine étaient les marches de la fierté, les fameuses « Gay Pride » qui ont tant défrayé la chronique. Celles-ci sont nées à New York en 1969 lors des émeutes de Christopher Street, suite aux descentes opérées par la police new-yorkaise dans les bars gays de Greenwich Village. La première manifestation homosexuelle française et officielle sera ainsi organisée à Paris le 25 juin 1977.
Il s’agissait d’une manifestation quasi-confidentielle ayant comme objectif un « coming out collectif » mettant en cause le statut de minoritaire dans lequel les hétérosexuels enfermeraient les gays, les lesbiennes, les trans- ou les bisexuel(le)s. En France, le défilé s’ouvrait sur des slogans comme « nationalisation des usines à paillettes », « l’important, c’est le maquillage », ou encore « CRS, desserrez les fesses ».
De manifestations confidentielles, elles sont devenues manifestations urbaines de masse au point que cet événement s’est totalement banalisé pour deux raisons. D’une part, la gay-pride n’a plus rien de subversif. Tous les hommes politiques s’y pressent et plus personne n’ose critiquer un tel événement, encore moins l’homosexualité. De facto, elle admise ou subie par tous.
D’autre part et surtout, la logique aveugle de l’égalité pour tous et à n’importe quel prix est devenue la règle. Les homosexuels peuvent donc se marier et pourront bientôt louer le ventre d’une femme pour avoir des enfants. En somme, la « communauté gay » n’a plus de droits à conquérir et l’on peut même affirmer qu’elle se complait dans un conformisme confondant. Alors pourquoi faire un queernaval ?
La première réponse se trouve dans l’article paru le 28 novembre dans Metronews : « La capitale azuréenne travaille son image « Tolerance» . L’idée a germé il y a trois ans dans le cerveau de Jean-Louis Longo, l’un des organisateurs de la Pink Parade qui a lieu chaque année en juillet à Nice. « La ville nous avait donné son accord dès l’an dernier, mais comme on était en période électorale, ça aurait pu être interprété comme un avantage donné à une communauté… »
La seconde réponse s’inscrit dans le mouvement de détournement et de destruction de tout ce qui se rattache à une tradition et à une appartenance. Le carnaval est sans doute l’une des plus anciennes traditions de Nice et de son comté. Elle remonte a minima à la création de Nikaia par les Grecs.
La semaine de Carnaval (Apôkria) était étroitement liée à la fin de l’hiver et au début du printemps. Il était coutume de célébrer la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps par une fête consacrée à Dyonisos, qui était le dieu de la fertilité et de la fête. On y retrouve déjà à cette époque une parade avec un char suivi de danseurs et de chanteurs déguisés et masqués qui chantaient des chansons satyriques.
Carnaval, du latin carnelevare (carne « viande » et levare « enlever ») signifie littéralement « entrée en carême », fête dont la durée de 40 jours est hautement symbolique. De la même façon, la tradition du déguisement nous vient de Rome où le carnaval était une manifestation d’inversion des rôles (maitre /esclave, homme/femme), voire des pôles.
Comme l’indique Raïs dou Païs Nissart, « c’était l’occasion de régler des contentieux collectifs, des conflits sociaux, des luttes politiques. Une période où l’on est tiraillé entre l’hiver et le printemps, le gras et le maigre, le riche et le pauvre ».
DIAPORAMA DU QUEERNAVAL